« Que cessent les persécutions contre les orthodoxes d’Ukraine »
Rome/Moscou, 3 juillet 2000 (APIC) Le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe, Alexis II, a réitéré ses deux conditions pour une visite du pape en Russie: l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine (uniate) doit cesser « de persécuter les chrétiens orthodoxes d’Ukraine » et l’Eglise catholique doit mettre fin au prosélytisme déployé auprès de la population orthodoxe en Russie.
« Lorsque ces obstacles auront été éliminés, on pourra alors parler de visites », a déclaré jeudi Alexis II dans une entrevue accordée au quotidien italien le « Corrierre della sera ». Les accusations formulées par la patriarche russe ne sont pas nouvelles. Elles empoissonnent depuis longtemps les relations bilatérales entre catholiques et orthodoxes. La question uniate est également à l’origine du fiasco enregistré mi-juillet aux Etats-Unis, entre des représentants des deux parties.
Le patriarche, qui considère que le dialogue avec l’Eglise catholique « est possible et extrêmement nécessaire », assure qu’un voyage du pape en Russie dépend de la solution apportée à ces deux problèmes qui sont autant de « blessures encore ouvertes dans nos relations ».
Le chef de l’Eglise orthodoxe russe affirme que « les persécutions des chrétiens orthodoxes de la part des gréco-catholiques en Ukraine et le prosélytisme déployé par la hiérarchie catholique auprès de la population russe orthodoxe » sont les principaux obstacles qui se dressent entre les deux Eglises. Aux yeux du patriarche lorsque des réponses satisfaisantes auront été apportées à ces deux problèmes « ouverts et douloureux », notre rencontre prendra alors « un véritable sens ».
Le pape Jean Paul II souhaite depuis longtemps se rendre à Moscou. Mais il se heurte invariablement à la farouche opposition du patriarche Alexis II. Une rencontre entre le pape et Alexis II avait été prévue à Vienne en 1997. Le leader orthodoxe y avait finalement renoncé.
En juin, le président russe Vladimir Poutine avait été reçu au Vatican par Jean Paul II. Face aux pressions orthodoxes, Poutine n’avait pu inviter le pape ainsi qu’il le désirait. Peu avant le voyage du président russe en Italie, Alexis II avait menacé d’organiser des manifestations de rue et évoqué un possible « scandale international ».
Dégradation des relations
La dégradation des relations entre les deux Eglises est encore soulignée par un prêtre russe orthodoxe chargé des relations avec les Eglises non orthodoxes auprès du patriarcat de Moscou. Selon lui, l’éventualité d’une rencontre entre le pape Jean Paul II et Alexis II semble écartée, après l’échec des entretiens de haut niveau entre les deux Eglises à Baltimore (Etats-Unis).
Immédiatement après la visite du président Poutine au pape, des représentants du patriarcat de Moscou avaient pourtant évoqué certaines améliorations dans les relations entre les deux Eglises. Même si une discussion concernant une visite papale en Russie semblait prématurée, avaient-ils dit, une rencontre pourrait être envisagée dans un troisième pays « neutre », comme l’Autriche ou la Suisse.
Aujourd’hui le prêtre Hilarion Alfeyev, en charge des relations avec les Eglises non orthodoxes, relève que l’échec des entretiens théologiques de Emmitsburg, prés de Baltimore, le mois dernier, rendait hautement improbable une rencontre entre le patriarche Alexis II et Jean Paul II.
Le prêtre Alfeyev, qui représentait l’Eglise orthodoxe russe à la huitième session plénière de la Commission internationale mixte pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe, a rappelé que les deux parties n’avaient pu résoudre leurs divergences sur la question « épineuse » du rôle des Eglises gréco-catholiques ou catholiques orientales (uniates) fidèles à Rome mais pratiquent la liturgie byzantine.
A l’issue des entretiens, les participants, admettant qu’aucun accord n’ayant été pris sur « le concept théologique fondamental de l’uniatisme », avaient décidé de ne pas faire de déclaration commune sur la question.
Selon le prêtre Alfeyev, théologien, la délégation catholique a adopté une attitude plus dure que lors des précédents entretiens. Les aspects pratiques de la vie de l’Eglise en Ukraine occidentale – où le conflit entre Eglises orthodoxe et gréco-catholique est le plus fort – n’ont pas été abordés, a précisé le prêtre, en faisant remarquer qu’un consensus théologique sur la question aurait permis de déboucher sur un règlement concernant les relations entre les Eglises de la région.
Personne ne veut céder
Le dialogue entre orthodoxes et catholiques est aujourd’hui dans l’impasse, admet le prêtre orthodoxe. Selon lui, de nouvelles initiatives de la part des Eglises sont nécessaires pour le raviver. « Les membres de la Commission ont conclu que les forces de celle-ci sont insuffisantes aujourd’hui pour réaliser une percée. Soit le dialogue doit prendre une nouvelle forme, soit il faut chercher d’autres moyens de résoudre ce problème. A mes yeux, il est clair que les catholiques ne veulent pas abandonner leur position dure sur ce point. Les orthodoxes non plus. Les orthodoxes ne discuteront pas d’autres sujets tant que nous ne mettrons pas les points sur les `i’ a` ce propos ». (apic/ef/eni/pr)
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