Béatification des voyants de Fatima par Jean Paul II
De l’envoyée spéciale de l’APIC à Fatima, Caroline Boüan
Fatima, 14 mai 2000 Déjà heureux de la béatification des petits bergers portugais François et Jacinthe Marto, les pèlerins attentifs au message de Fatima transmis par les enfants ont été comblés, le 13 mai 2000, lorsque le cardinal Angelo Sodano a annoncé au nom du pape, à l’issue de la célébration, l’essentiel de ce qui jusqu’à présent n’en avait pas été publié. De retour à Rome, le pape a ordonné dimanche Place Saint-Pierre 26 prêtres du diocèse de Rome.
Tandis que le Secrétaire du Saint-Siège expliquait en effet que les nouveaux bienheureux avaient su par la Vierge, dès 1917 et de manière symbolique, qu’un « évêque vêtu de blanc » aurait beaucoup à souffrir et devrait même « tomber à terre comme mort sous les coups d’une arme à feu », Jean Paul II pour sa part, a davantage voulu attirer l’attention, au cours de la cérémonie, sur les vertus des deux enfants. « Le message de Fatima est un appel à la conversion », a-t-il déclaré. « Dans sa sollicitude maternelle, la Sainte Vierge est venue ici, à Fatima, pour demander aux hommes de ne plus offenser Dieu. C’est la douleur d’une mère qui l’obligeait à parler. Le sort de ses enfants était en jeu. C’est pourquoi elle a demandé aux deux petits bergers: ’priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs: tant d’âmes finissent en enfer, parce que personne ne prie et ne se sacrifie pour eux’ ».
La foule était encore plus nombreuse pour cette cérémonie que pour la veillée de prière, vendredi soir et dans la nuit, les chiffres officiels parlant de 600’000 personnes , un peu moins de ce qui avait précédemment été annoncé, un million. Beaucoup de pèlerins ont du reste dormi sur place malgré la fraîcheur de la température, enroulés dans de simples couvertures par terre sur le ciment, ou sous des tentes plantées dans l’herbe un peu plus loin.
Présence de représentants des populations portugaise dans le monde
Avec les évêques portugais se trouvaient là un certain nombre d’évêques étrangers, notamment l’archevêque brésilien de Rio de Janeiro, le cardinal Eugenio Sales de Araujo, celui de Luanda en Angola, le cardinal Alexandre do Nascimento, celui de Maputo au Mozambique, le cardinal Alexandre José Maria dos Santos, et Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, administrateur apostolique de Dili au Timor oriental. Jean Paul II les a salués en évoquant les populations de langue portugaise qu’ils représentaient, mentionnant les inondations du Mozambique, la réconciliation du peuple angolais, tandis qu’il citait le Timor-oriental, la Guinée-Bissau, Cap Vert, les îles de Sao Tomé e Principe et le Brésil.
C’est la date du 20 février, en souvenir du jour de la mort de Jacinthe Marto en 1920, que Jean Paul II a annoncée comme jour de la fête des nouveaux bienheureux. Au même moment, les deux drapeaux du Portugal et du Vatican ornant la façade de la basilique étaient retirés pour laisser place à deux grandes photos en noir et blanc de François et Jacinthe Marto, sous la tour centrale haute de 65 mètres de l’édifice, coiffée d’une couronne dorée semblable à celle de la statue de la Vierge.
Décrivant la « vie spirituelle intense » de François, et sa prière « assidue et fervente » malgré son jeune âge, Jean Paul II a parlé d’une « véritable union mystique avec le Seigneur » du petit garçon, en saluant chez lui « le grand désir de réparer les offenses des pécheurs, en offrant dans ce but l’effort d’être bon, les sacrifices et la prière ». Evoquant ensuite la « douleur de mère » dont les enfants avaient été témoins lors des apparitions de la Vierge, le pape a décrit Jacinthe comme ayant « partagé et vécu cette affliction de la Vierge, en s’offrant héroïquement comme victime pour les pécheurs ».
« Le message de Fatima est un appel à la conversion, a par ailleurs insisté Jean Paul II, en faisant allusion aux souffrances vécues au XXème siècle. « En mettant Dieu de côté, a-t-il ajouté, l’homme ne peut pas atteindre le bonheur ; au contraire, il finit par se détruire lui-même ». « Combien de victimes au cours du dernier siècle du second millénaire ! s’est exclamé le pape. La pensée va aux horreurs des deux grandes guerres, et à celles des autres guerres dans de nombreuses parties du monde, aux camps de concentration et d’extermination, aux goulags, aux purifications ethniques et aux persécutions, au terrorisme, aux enlèvements de personnes, à la drogue, aux attentats contre la vie à naître et à la famille ».
Jean Paul II a rappelé également la « commémoration des témoins de la foi » célébrée le 7 mai dernier au Colisée à Rome. « Une nuée innombrable de courageux témoins de la foi nous a laissé une précieuse hérédité, qui devra rester vivante au cours du troisième millénaire, a-t-il dit Ici à Fatima, là où ont été annoncés ces temps de tribulations, et là où la Vierge a demandé prière et pénitence pour les abréger, je veux rendre grâce au Ciel pour la force du témoignage qui s’est manifesté dans toutes ces vies. Et je désire une fois de plus célébrer la bonté du Seigneur envers moi, quand, durement frappé ce 13 mai 1981, je fus sauvé de la mort. J’exprime ma reconnaissance aussi à la bienheureuse Jacinthe, pour les prières et les sacrifices faits pour le Saint-Père qu’elle avait vu tant souffrir ».
A l’école de la Vierge
A la fin de son homélie, Jean Paul II s’est adressé spécialement aux enfants, avec une voix très expressive. « La Vierge a besoin de vous tous pour consoler Jésus, attristé par les torts qu’on lui fait, leur a-t-il dit. Il a besoin de vos prières et de vos sacrifices pour les pécheurs. Demandez à vos parents et à vos maîtres de vous inscrire à l’école de la Vierge ».
Soeur Lucie, cousine des deux enfants aujourd’hui âgée de 93 ans, assistait à la messe du pape avec la supérieure du Carmel portugais de Coimbra où elle est aujourd’hui religieuse. Avant le début de la messe, elle s’était entretenue en privé pendant une dizaine de minutes avec Jean Paul II, dans la sacristie de la basilique, et devait communier de sa main au cours de la cérémonie. Après la messe par ailleurs, le pape est allé se recueillir sur les tombes des nouveaux bienheureux, placées dans des chapelles séparées à l’intérieur de la basilique. Dans la chapelle où se trouve celle de Jacinthe – et où une tombe a déjà été placée pour Lucie -, Jean Paul II a rencontré la Portugaise pour laquelle a été reconnu un miracle dû à l’intercession des deux enfants. Guérie de paralysie en 1989, Maria Emilia dos Santos a embrassé le pape dans son émotion.
Les écrits de Sœur Lucie
Enfin, au cours de la cérémonie célébrée par le pape le matin du 13 mai, les acclamations de remerciement n’ont pas manqué, de la part de la foule, pour l’anneau offert la veille par Jean Paul II en hommage à la Vierge, qu’il a déposé au pied de sa statue dans un écrin rouge. D’après le porte-parole du Saint-Siège, le pape a expliqué, dans une lettre adressée à l’évêque de Leira-Fatima, Mgr Serafim de Sousa Ferreira e Silva, qu’il a choisi « un objet particulièrement précieux à ses yeux » pour honorer la Vierge à l’occasion de sa venue à Fatima. « La lettre du pape ne contenait aucune annonce de démission prochaine, s’est exclamé en riant Joachim Navarro-Valls, en répondant aux questions de quelques journalistes à ce sujet. En 17 ans passés à travailler auprès du pape, a-t-il ajouté, je n’ai jamais entendu de sa part la moindre allusion à ce sujet ».
De retour au Vatican le matin du 14 mai, Jean Paul II a ordonné 26 prêtres du diocèse de Rome lors d’une messe célébrée sur la Place Saint-Pierre. (apic/imed/cb/pr)
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