Le « Laskar Jihad » déclare la « guerre sainte » contre les chrétiens
Jakarta, 30 mai 2000 (APIC) Plus de 50 habitants chrétiens des îles Moluques, en Indonésie, ont trouvé la mort après l’attaque de leurs villages par un millier de fondamentalistes islamiques armés de fusils et de couteau. L’attaque des militants islamistes s’est produite lundi à l’aube.
Le gouvernement de Jakarta a dépêché des troupes supplémentaires pour empêcher d’autres massacres, car jusqu’à présent la police et l’armée se sont montrées incapables d’empêcher la violence intercommunautaire qui ensanglante les Moluques, où les extrémistes du « Laskar Jihad » ont décrété la « guerre sainte » contre les chrétiens.
Des assaillants venus par mer et par la montagne
Le vice-président Synode des Eglises, basé à Galela, le Révérend Biso, a confirmé qu’au moins 50 personnes ont péri et plus d’une centaine ont été blessés lundi lors de l’attaque des villages de Makete et de Duma, sur l’île de Halmahera, dans le nord des Moluques.
Les agresseurs, venus en bateau par mer et par les montagnes, seraient des membres du « Laskar Jihad », une sorte d’Armée de la Guerre Sainte musulmane qui compte plusieurs milliers de membres. Beaucoup de villageois ont été surpris dans leur sommeil et tués par des éclats de grenades et des tirs ou brûlés vifs dans leurs maisons incendiées.
Mardi, un porte-parole de l’armée indonésienne, le brigadier général Max Tamaela, a chiffré le nombre de morts à 44. Il a révélé que les forces de sécurité enquêtaient sur l’implication éventuelle du groupe extrémiste « Laskar Jihad ». Selon la presse locale, ces dernières semaines, plus de 2’000 militants de ce groupe radical islamiste ont débarqué dans les Moluques en provenance de Java. Quelque 3’000 personnes sont déjà mortes dans les violences intercommunautaires qui ont éclaté depuis janvier de l’année dernière dans les îles Moluques, notamment à Halmahera, la grande île du nord de « l’archipel aux épices ».
2’000 militants infiltrés clandestinement de Java
Le « Laskar Jihad » a déjà fait parler de lui quand des centaines de ses membres ayant reçu un entraînement de type militaire aux environs de Jakarta, ont récemment paradé en armes dans les rues de la capitale indonésienne. Malgré les mesures gouvernementales, nombre d’entre eux se sont infiltrés dans les Moluques et ont reçu des armes dans le port d’Ambon. La tension dans les Moluques a commencé à se faire sentir dans les années 90, jusqu’à atteindre son apogée en 1999.
A noter que dans le passé, les Moluques – où chrétiens, catholiques et protestants sont légèrement majoritaires – passaient pour un modèle de coexistence entre chrétiens et musulmans, avant que la transmigration de colons musulmans ne déstabilise la situation. « Je suis certain que les extrémistes islamistes ont l’intention de ratisser les Moluques », déclarait la semaine dernière à l’agence missionnaire MISNA un membre d’une organisation humanitaire, après les affrontements de jeudi dernier entre chrétiens et musulmans au nord de l’île de Halmahera, qui avaient déjà fait plusieurs dizaines de morts dans les centres de Galela et de Tobelo. De nombreux habitants, pris de panique, ont abandonné leurs maisons. « Le centre le plus à risques est Tobelo, qui est presque totalement protestant ». (apic/bbc/misna/kna/be)
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