Neuchâtel: Unique en Suisse, la Communauté Don Camillo est une sorte de cloître familial
Neuchâtel, 18 avril 2000 (APIC) La Communauté Don Camillo regroupe une dizaine de familles, dont une trentaine d’enfants, à Montmirail au pied du Chasseral. Rattachée à l’Eglise réformée neuchâteloise, elle accueille des hôtes, organise des séminaires, des retraites et des camps de catéchumènes. A l’origine, six amis bâlois désireux de vivre et de prier ensemble.
La Communauté occupe les bâtisses de Montmirail, ancienne propriété de l’Eglise morave construite au 18e siècle, qui a longtemps hébergé un Institut de jeunes filles avant d’être investie par la communauté Don Camillo.
Après avoir franchi le portail imposant, on tombe sur un enclos à vaches, une ferme et une chapelle, et sur une vaste cour envahie par un chantier. Des échafaudages masquent l’impressionnante rangée de fenêtres du bâtiment principal, qui sert d’habitude de maison d’accueil. Les bâtiments, classés, sont en pleine rénovation. Presque tous les hommes de la communauté, aidés d’apprentis extérieurs et de bénévoles, mettent la main à la pâte. Tout sera terminé pour assurer l’accueil d’hôtes dès Pâques 2001.
Georg Schubert, responsable de la Communauté Don Camillo, est à l’origine du projet un peu fou, né dans la tête de six copains bâlois, profondément marqués par une retraite dans une communauté évangélique luthérienne allemande, les « Christusträger ».
Séduits par une vie monastique
« Nous étions trois garçons et trois filles qui cherchions à vivre en accord avec notre engagement spirituel », se souvient Georg Schubert. « Nous étions persuadés que Jésus allait revenir bientôt. Nous étions séduits par la vie monastique, sans pour autant vouloir en adopter toutes les règles et la hiérarchie fortement marquée. Nous avons mis en commun nos revenus, rythmé nos journées par la prière et choisi de remplir une mission d’accueil. Nous nous sommes assurés un accompagnement spirituel pour nous appuyer et ne pas partir dans des dérives sectaires ».
« Don Camillo », une touche d’humour à l’engagement
En choisissant le nom de Don Camillo, clin d’œil au célèbre personnage interprété par Fernandel, la jeune communauté d’origine réformée glisse une touche d’humour à son engagement chrétien et affiche sa volonté d’être proche des gens. Elle rêve de chanter des psaumes grégoriens en allemand et demande à un Père bénédictin de l’initier. La communauté actuelle continue de chanter le répertoire du plain-chant à ses offices dans la chapelle éclairée de vitraux réalisés pour la Communauté par le peintre fribourgeois Yoki. Chacun vit sa foi à sa manière et y puise une base de réflexion et une éthique de vie. « Nous sommes ce que nous pourrions appeler des charismatiques modérés », précise Georg Schubert.
La communauté se met au vert
Très vite, la communauté bâloise s’agrandit, regroupe une dizaine de familles, dont une trentaine d’enfants de tous âges et quelques célibataires. Elle cherche à se mettre au vert. Le domaine de Montmirail sur la commune de Thielle est déniché, un droit de superficie accordé par les propriétaires pour une longue période. Tout le monde s’installe dans la maison de maître flanquée d’une tourelle, les bâtiments adjacents et dans la maison du jardinier. Un couple remet la ferme en exploitation. La communauté essaie de vivre en harmonie avec ses principes écologiques.
Quelques-uns gardent leur profession, d’autres s’occupent des travaux d’entretien, travaillent à l’accueil des hôtes, les services religieux rythment les journées. Chaque famille reçoit une somme modeste, fixée en fonction du nombre de ses membres. Toute dépense importante est discutée en assemblée.
Des crises qui forgent le caractère
Les enfants vont à l’école du village, rêvent d’avoir un plus grand nombre de chaînes de télévision que celles à disposition à Montmirail, se baignent l’été dans la piscine, jouent à la poupée Barbie, invitent leurs copains à jouer au hockey ou à se joindre à de grands pique-nique avec toute la communauté. « Nous essayons de résister à la société de consommation. Nous n’avons que peu d’argent à disposition. Mais nous avons ici ce qui me paraît un vrai luxe, l’espace, le silence, la nature et ce précieux sentiment d’être accepté, intégré, aimé » explique Barbara Schubert, mère de quatre enfants. La vie communautaire ne va pas sans crises ni départs ce qui forge le caractère et force à l’ouverture d’esprit, ajoute-t-elle. « Sans nos convictions chrétiennes nourries par les Ecritures et un esprit de partage, nous n’aurions pas pu vivre longtemps ensemble. Nous ne nous sommes pas choisis, c’est Dieu qui nous a mis ensemble. Nous avons donc dû apprendre à gérer les conflits. Nous sommes devenus un véritable laboratoire de relations humaines. »(apic/protestinfo/nm/mk)
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