La police militaire empêche la marche pacifique des Indiens
Santa Cruz de Cabralia, 25 avril 2000 (APIC) Un climat de terreur et de violence a régné samedi sur les commémorations du 500e anniversaire de la « découverte » du Brésil par les Portugais. La police militaire a attaqué sans ménagement les manifestants qui se rendaient pacifiquement à Porto Seguro , dans le sud de l’Etat de Bahia,
A quatre km. du village Coroa Vermelha, la Police militaire de Bahia a empêché par la force les 3000 Indiens, Noirs et membres de mouvements populaires d’arriver à Porto Seguro, lieu des fêtes officielles de l’anniversaire. Résultat: 50 manifestants blessés et 140 autres arrêtés. Parmi ces derniers, 30 membres du Conseil indigéniste missionnaire (CIMI), dont son président Mgr Gianfranco Masserdotti, évêque de Balsas, dans l’Etat du Maranhao.
Le commandant de l’opération, le colonel Wellington Miller, a déclaré que les membres du CIMI ont été détenus pour « avoir incité » les Indiens à la violence. Ils ont été finalement été relâchés après de nombreuses heures de négociation.
La marche pacifique sur Porto Seguro a réuni plus de 3’000 personnes. La majorité d’entre eux étaient des Indiens. Ces derniers ont organisé, du 17 au 21 avril, plusieurs réunions avec les délégués de 140 peuples indiens du Brésil. Des représentants de la « Résistance indienne, noire et populaire » se sont joints à eux. Des personnalités, comme Mgr Tomas Balduino, ancien évêque de Goias Velho et président de la Commission pastorale de la terre (CPT) était également présent.
Les policiers, certains montés sur des chevaux, ont lancé des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc contre les marcheurs. Des soldats placés dans des hélicoptères lancèrent aussi des projectiles pour faire peur à la foule.
Dans une déclaration faite aux journalistes venus de tout le Brésil et de l’étranger, le président de la République, Fernando Henrique Cardoso, a regretté la violence survenue à Porto Seguro. Il a même tenté d’argumenter dans le sens des manifestants, en déclarant notamment que « les protestations des Indiens, des Noirs et des paysans sans terre, sont un écho du passé esclavagiste, oligarchique et patriarcal qui pèse encore aujourd’hui sur la société brésilienne »: Le président Cardoso, un moment hésitant, est finalement venu à Porto Seguro. En compagnie du président du Portugal, Jorge Sampaio, et 300 invités.
Le général Alberto Cardoso, ministre du Gabinet militaire de la sécurité présidentielle, a par contre couvert l’action de la police militaire. En déclarant « qu’elle avait fait un excellent travail contre les manifestants: L’énergie manifestée par les policiers a été proportionnelle à la situation à laquelle ils étaient confrontés ».
Quant à Carlos Frederico Marés, président de la Fondation gouvernementale en défense des Indiens (FUNAI), il a donné sa démission: « Je ne peux pas rester dans un gouvernement qui organise une agression physique contre un mouvement d’Indiens organisé » .
Le président du CIMI, Mgr Gianfranco Masserdotti, n’est pas tendre non plus: « L’action militaire et policière à Porto Seguro nous rappelle la répression pratiquée par la dictature militaire dans les années 70 ». (apic/plp/ba)
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