APIC – Dossier
Survol d’une riche histoire faite de traditions
Rome, 15 mars 2000 (APIC) Les Eglises chaldéenne et syro-malabare vivront leurs Journées jubilaires les 18 et 19 mars. Des représentants de ces Eglises feront le déplacement, avec, notamment, la présence de pèlerins irakiens emmenés par le patriarche de Babylone des Chaldéens, Raphaël 1er Bidawid. L’Eglise chaldééenne plonge ses racines, dans l’empire sassanide. Elle a connu un rapprochement avec Rome au XVI siècle, mais aussi deux siècles de disputes. Notre dossier.
La tradition rituelle de l’Eglise chaldéenne plonge ses racines dans l’Antique Empire de Perse des Sassanides (226-651 ap. J.-C.). L’appellation de « chaldéen » commença à prévaloir dans la Rome du XVII siècle, en opposition avec celle de « syro-orientale », appellation traditionnellement utilisée dans les régions habitées par les Chaldéens. Certains missionnaires de Mésopotamie ont apporté ce patrimoine rituel en Asie centrale, en Chine, et en Inde.
Dans la liturgie, on a seulement conservé l’usage du syriaque, écrit et prononcé différemment en Syrie. L’habitude de lire des périscopes de l’Ecriture et quelques autres formules en arabe s’est développée surtout en Mésopotamie. La branche plus nombreuse du rite d’origine syro-oriental est représentée par celui de l’Eglise syro-malabare qui, selon la tradition, remonte à l’évangélisation de l’Apôtre saint Thoas. La langue liturgique de cette Eglise étant le malayalam, langue du Kerala.
Rapprochement avec Rome
Les origines de l’Eglise catholique de Chaldée remontent au XII siècle, à l’époque de l’arrivée de missionnaires catholiques, des dominicains et des franciscains surtout, qui s’engagèrent au service des fidèles de l’Eglise orientale d’Assyrie.
L’Eglise Assyrienne a été caractérisée, à partir du XVe siècle par une tradition de succession patriarcale héréditaire d’oncle en neveu. Ce fut le refus de l’un de ces patriarches, en 1552, qui poussa un groupe d’évêques assyriens à chercher l’union avec Rome. L’abbé Yuhannan Sulaka sera alors nommé patriarche, avec le devoir de promouvoir ce désir d’union à l’Eglise catholique. Le rapprochement porta ses fruits en 1553, lorsque le pape Jules III le proclama patriarche avec le nom de Simon VIII « des Chaldéens » et l’ordonna évêque en la basilique Saint-Pierre, le 9 avril de cette année-là.
Deux siècles de disputes
De retour chez lui, Simon VIII n’aura cependant pas la vie facile. Contré qu’il a été par son rival assyrien qui ne tarda pas à le faire arrêter, torturer et condamner à mort en janvier 1555. Cette controverse entre les Chaldéens favorables ou opposés au catholicisme se prolongea pendant environ deux siècles.
Ce n’est qu’en 1830, en effet, que la situation se stabilisera, à la suite de la confirmation, par le pape Pio VIII, du métropolite Jean Hormisdas en tant que chef de tous les Chaldéens, avec le titre de patriarche de Babylone des Chaldéens, avec siège à Mossoul (Irak actuel). Lourdement décimés au cours de la première guerre mondiale, les catholiques chaldéens ont été contraints à déplacer continuellement leur siège jusqu’en 1950. Cette année-là, le patriarcat s’établit à Bagdad, son siège actuel.
La géographie en quelques chiffres
Les catholiques de rite chaldéen se trouvent principalement en Irak (10 diocèses), Iran (3 diocèses), Syrie (1 diocèse), Liban (1 diocèse), Turquie (1 diocèse), Israël (1 territoire patriarcal propre), Egypte (1 diocèse), Etats-Unis (1 diocèse).
Le chef de cette Eglise est le patriarche Raphaël I Bidawid, élu en 1989. Il assume le titre de patriarche de Bagdad des Chaldéens, avec résidence à Bagdad, en Irak. Les fidèles sont environ 500’000.
Syro-malabare: Jean Paul II recevra les « chrétiens de saint Thomas »
Jubilé pour l’Eglise chaldéenne… Journée jubilaire pour l’Eglise syro-malabare, en d’autres termes, pour les « chrétiens de saint Thomas. Qui seront eux aussi reçus par le pape, le 18 mars.
Auparavant, les fidèles de rite syro-malabare (Inde) se seront préparés par une rencontre de prière, de méditation et d’adoration, le 16 mars, en la basilique Saint-Pierre, organisée par la communauté indienne de Rome. Les « chrétiens de saint Thomas » se réclament de la paternité spirituelle de l’apôtre qui a porté la bonne nouvelle en Inde.
Le lendemain, dimanche 19 mars, aura lieu la première célébration dans ce rite, à la basilique de Sainte-Marie-des-Anges, à deux pas de la gare Termini.
Les portugais et les chrétiens de saint Thomas
Les membres de cette Eglise sont des descendants directs des chrétiens de saint Thomas que les Portugais ont rencontrés en 1498, lors de leur exploration des côtes indiennes du Malabar. Bien qu’en pleine communion avec l’Eglise assyrienne de Perse, les syro-malabares accueillirent les Portugais comme les représentants de l’Eglise de Rome.
Pourtant, les Portugais n’acceptèrent pas la légitimité des traditions malabares et tentèrent d’imposer les usages latins. Un tel processus a provoqué un grand malaise qui a fini par amener la rupture entre Rome et les chrétiens de saint Thomas. Pour répondre à cette situation, le pape Alexandre VII a envoyé des Pères Carmes au Malabar. Et déjà, vers 1662, la majorité des dissidents était revenue à la communion avec l’Eglise catholique.
Retour à la liturgie orientale
En 1896, le Saint-Siège établira trois vicariats apostoliques pour les chrétiens de saint Thomas, sous la conduite d’évêques indigènes syro-malabares. En 1923, le pape Pio XI fondera une hiérarchie proprement syro-malabare.
C’est encore Pio XI qui, en 1934, lancera un processus de réforme liturgique ayant pour but de restaurer la nature orientale du rite syro-malabare, fortement latinisé. Et c’est ainsi qu’une liturgie eucharistique renouvelée a été approuvée par Pio XII en 1957 et réintroduite en 1962.
En 1996 enfin, Jean Paul II a présidé l’inauguration d’un synode spécial des évêques de l’Eglise syro-malabare, institué de façon à trouver des solutions aux disputes relatives aux réformes liturgiques.
Géographie
La communauté chrétienne fidèle à ce rite est relativement nombreuse. Ils étaient environ 200’000 en 1876. Leur nombre a plus que doublé en 50 ans: 500’000 en 1930, un 1,5 million en 1960. Aujourd’hui, ils sont 3,3 millions, répartis sur 14 diocèses du Kerala et 10 diocèses en dehors du Kerala. En-dehors de cet Etat, on trouve aussi en Inde des « noyaux » regroupant quelque 150’000 chrétiens de rite syro-malabare. La diaspora européenne (Italie, Autriche et Allemagne) compte environ 10’000 fidèles, aux Etats-Unis et au Canada, environ 60’000, quelque 25’000 en Arabie Saoudite et dans les Etats du Golfe persique, et 1’000 en Afrique du Sud.
Vitalité des vocations
Les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse fleurissent dans les communautés syro-malabares. En novembre 1999, on comptait 28’348 religieux, dont 2’336 prêtres, 573 « frères », et 25’439 religieuses. Ils appartiennent à 16 congrégations religieuses féminines et 8 masculines, sans compter les 20’022 religieuses et religieux appartenant à l’Eglise de rite latin. Leurs séminaristes sont regroupés dans 5 grands séminaires.
Depuis 1977, l’Eglise syro-malabare est aussi engagée dans les missions en Inde, grâce à 9 « diocèses missionnaires » syro-malabares (en dehors du Kerala), et un diocèse ayant son siège à Kalyan, près de Bombay. En décembre 1992, Jean Paul II a déclaré l’Eglise syro-malabare « siège épiscopal majeur » et a nommé Mgr Anthony Padiyara d’Ernakulam-Angamaly, premier archevêque majeur. Celui-ci a pris sa retraite en 1996 et a été remplacé la même année par Mgr Varkey Vithayathil, nommé administrateur apostolique d’Ernakulam-Angamaly. Il est devenu archevêque majeur en 1999. (apic/zn/bbm/pr)
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