Visite du pape en Terre Sainte
Chrétiens et juifs appelés à dépasser toutes formes de préjugés
De notre envoyée spéciale Caroline Boüan
Tel Aviv, 21 mars 2000 (APIC) Dès son arrivée sur sol israélien, mardi après-midi, le pape Jean Paul II a appelé chrétiens et juifs à accomplir des efforts courageux pour supprimer toutes les formes de préjugés. « Nous devons lutter pour présenter toujours et partout le véritable visage des juifs et du judaïsme, comme aussi celui des chrétiens et du christianisme, et cela à tout niveau de mentalité, d’enseignement et de communication », a-t-il déclaré à l’aéroport de Tel Aviv dans l’après-midi du 21 mars, alors qu’il venait d’arriver en Israël sous la pluie, après une demi-heure d’avion en provenance de la Jordanie.
En présence du président Ezer Weizman, et du premier ministre israélien Ehoud Barak qui s’était annoncé au dernier moment, le pape a pu, dèès son premier discours, évoquer les différents objectifs de sa visite en Israël. « Chers frères israéliens », a-t-il lancé, « c’est avec une profonde émotion que je foule le sol de la terre sur laquelle Dieu a choisi de ’planter sa tente’, permettant ainsi à l’homme de le rencontrer de manière plus directe ».
Pèlerinage personnel et voyage spirituel aux origines d’une foi commune
Témoignant de son « fort désir » de venir en Terre Sainte à l’occasion du 2000ème anniversaire de la naissance du Christ, Jean Paul II a donc d’abord présenté sa venue comme un « pèlerinage personnel », et comme un « voyage spirituel de l’évêque de Rome aux origines de notre foi dans le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ».
Jean Paul II a par ailleurs rendu hommage à Ezer Weizman comme à un « artisan de paix ». « Nous savons tous combien la nécessité de la paix et de la justice est urgente, non seulement pour Israël mais aussi pour toute la région », a-t-il insisté. « L’opinion mondiale suit avec beaucoup d’attention le processusde paix qui implique tous les peuples de la région, dans la recherche difficile d’une paix durable, dans la justice pour tous ».
Immenses progrès dans les relations entre juifs et catholiques depuis la visite de Paul VI
Le pape n’a pas manqué également d’aborder la question des relations entre l’Eglise catholiques et les juifs, en soulignant combien celles-ci ont progressé depuis la visite de Paul VI en Terre Sainte en janvier 1964. Jean Paul II a ainsi affirmé que l’établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et Israël en juin 1994 a « scellé les efforts accomplis pour ouvrir une nouvelle ère de dialogue sur des questions d’intérêts communs comme la liberté religieuse, les relations entre l’Eglise et l’Etat, et de manière plus générale, entre les chrétiens et les juifs ».
« Avec la nouvelle ouverture réciproque, a-t-il affirmé, les chrétiens et les juifs doivent accomplir des efforts courageux pour supprimer toutes les formes de préjugés ». « Nous devons lutter pour présenter toujours et partout le véritable visage des juifs et du judaïsme, comme aussi celui des chrétiens et du christianisme, et cela à tout niveau de mentalité, d’enseignement et de communication ». Jean-Paul II reprenait là des paroles qu’il avait déjà prononcées lors de sa visite à la synagogue de Rome le 13 avril 1986.
Hommage aux trois traditions religieuses de Terre Sainte
Enfin, le pape a également présenté son voyage comme « un hommage aux trois traditions religieuses qui coexistent sur cette terre ». « Je prie pour que ma visite contribue à accroître le dialogue interreligieux qui portera les juifs, les chrétiens et les musulmans à chercher, dans leurs croyances respectives et dans la fraternité universelle qui unit tous les membres de la famille humaine, la motivation et la persévérance pour oeuvrer en faveur de cette paix et de cette justice que tous les peuples de la Terre Sainte ne possèdent pas encore, et à laquelle ils aspirent profondément ».
Aux côtés des autorités israéliennes, Jean Paul II a été accueilli à Tel Aviv par une partie de la hiérarchie catholique de Terre Sainte, et notamment par Mgr Boutros Mouallem, qui est depuis 1998 archevêque palestinien melkite catholique d’Akka, soit celui de « Saint-Jean d’Acre, Haïfa, Nazareth et toute la Galilée ». Mgr Mouallem avait suscité en 1998 des commentaires peu favorables de la part du Premier ministre israélien de l’époque, Benyamin Netanyahu, peu satisfait du choix d’un Palestinien pour un évêché dont le territoire se trouve sous la domination israélienne.
Vice-président de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte, dont le président est le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Mouallem représentait ainsi, à l’arrivée du pape, la partie de l’Eglise catholique – la communauté melkite – qui est la plus importante en Terre Sainte, et notamment en Galilée. (apic/imed/be)
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