Hébron: Les extrémistes juifs dansent devant la tombe du terroriste Baruch Goldstein
Hébron/Jérusalem, 22 mars 2000 (APIC) Alors que le pape arrivait mardi en Israël, un groupe d’extrémistes juifs dansaient et chantaient devant la tombe du terroriste Baruch Goldstein. Militant anti-arabe, Goldstein est l’auteur de la tuerie dans la mosquée d’Hébron, au tombeau des patriarches, qui avait fait 29 morts à la grotte de Machpela, durant les fêtes de Pourim, en février 1994.
La presse israélienne rapporte mercredi que des militants d’extrême-droite se sont rassemblés aux portes de la colonie juive de Kyriat Arba, près d’Hébron, pour fêter le sixième anniversaire de la mort de Baruch Goldstein. Ils en ont profité pour lancer des insultes et proférer des menaces contre le Premier ministre Ehoud Barak, le Ministre de l’Education Yossi Sarid et le Ministre du Commerce et de l’Industrie Ran Cohen.
Rassemblés pour célébrer Pourim au Parc Kahane, en face de la tombe de Goldstein, à l’invitation de l’activiste d’extrême-droite Michael Ben-Horin, à l’instar d’autres colons juifs, ils considèrent Goldstein, un immigrant de New York établi comme médecin dans la colonie de Kiryat Arba, comme un « martyr » et un « héros ». Les colons de Kiryat Arba, pourtant situés à droite de l’échiquier politique, ont condamné la provocation des extrémistes, à l’instar du Conseil des Communautés juives en Judée, Samarie et Gaza, même s’ils partagent les sévères critiques contre l’actuel gouvernement d’Ehoud Barak.
Le gouvernement dans le collimateur des ultras
Rappelons qu’en juin 1998, la Knesset a voté une loi à la demande du député Cohen qui interdit l’érection de stèles sur les tombes des terroristes. Les extrémistes présents autour de la tombe de Goldstein s’étaient déguisés comme le tueur de la mosquée, portant des uniformes de l’armée, des blouses de docteurs et de fausses barbes. Ils portaient des armes semi-automatiques, qu’ils balançaient en l’air tout en dansant et lisant des prières.
« Nous avons décidé de faire une grande fête le jour où il a été assassiné par les Arabes, » a déclaré Baruch Marzel, l’un des 40 célébrants. Après avoir mitraillé les fidèles musulmans en prière, Baruch Goldstein avait été lynché par la foule en colère. La tombe du terroriste continue d’attirer les plus extrémistes des Israéliens qui viennent régulièrement lui rendre hommage. On peut lire en cet endroit sur une plaque de marbre: « Au saint Baruch Goldstein, qui a donné sa vie pour le peuple juif, la Torah et la nation d’Israël. » Selon Baruch Marzel, près de 10’000 personnes sont déjà venues rendre hommage à ce « saint » depuis le massacre.
Critique du rabbin réformiste Uri Regev
Dans une interview à l’agence vaticane FIDES, le rabbin réformiste Uri Regev, âgé de 50 ans, n’est pas satisfait de la situation du judaïsme en Israël, car « ici, dans cette Terre Sainte, la politique est trop liée à la religion. Les groupes religieux ultra-orthodoxes influencent les décisions du gouvernement par le biais des partis qu’ils contrôlent, menaçant sans cesse de le faire tomber ». Ces partis profitent de leurs positions-clefs pour favoriser les écoles rabbiniques et disposent d’importants fonds qui échappent à tout contrôle. Grâce à leur emprise sur le gouvernement, ils influencent sur les décisions de justice, refusent de reconnaître les mariages célébrés par les rabbins réformistes, « tout cela produisant un certain abandon de la foi de la part de nombreuses personnes ».
« Dans ce pays, souligne le rabbin qui ne pourra être présent à la rencontre inter-religieuse qui se tiendra à Notre Dame de Jérusalem, jeudi 23 mars, seuls 17 à 20 des gens se déclarent juifs pratiquants, tandis que le 35% se disent non pratiquants, mais suivre les traditions juives, contre 45% qui s’affichent ’laïcs’, ce qui ne signifie pas athée, mais bien un refus de la pratique religieuse. Cet important pourcentage est dû justement à la mauvaise image du judaïsme donné par les ultra-orthodoxes. Les jeunes surtout le considèrent comme repoussant et le rejettent ».
Une mauvaise image de marque du judaïsme
Pour le rabbin Uri Regev, qui milite pour les droits de l’homme, cette mauvaise image de marque affectent également les deux Grands Rabbins, l’ashkénaze Ysrael Lau et le séfarade Eliahu Bakshi-Doron que le pape doit rencontrer. Et de souligner que tous deux sont choisis à ce poste par les groupes politiques et ne sont pas élus par le peuple. « Personne ne les considère comme les plus hautes autorités en matière de foi. »
Le rabbin Uri Regev estime que ces deux hauts responsables du judaïsme font partie « des personnalités les moins tolérantes dans le rapport avec les autres fois religieuses; ils ont ainsi poussé pour faire adopter des lois pour mettre hors la loi les missionnaires. Il y a quelques années, le Grand Rabbin Lau a boycotté une rencontre inter-religieuse internationale qui se tenait à Jérusalem. En fait, ce sont les moins préparés au dialogue. Ils travaillent pour un Etat « hébraïque » dont le concept n’est pas très clair. » Pour le rabbin adepte du mouvement de la réforme, le judaïsme orthodoxe vit un rapport trop fort entre Etat et religion, qui ne permet pas, dans l’absolu, le dialogue et la rencontre œcuménique. Ils n’ont pas grande considération envers les autres fois religieuses. »
L’absence des ministres religieux du Shass et des Grands Rabbins remarquée
La presse israélienne de mercredi s’est d’ailleurs demandé pourquoi – alors que presque tous les ministres du Cabinet israélien étaient présents mardi soir pour accueillir le pape Jean Paul II à son arrivée de Jordanie – les ministres du parti orthodoxe Shass (juif séfarade) et les Grands Rabbins étaient absents. Le ministre Michael Melchior, du parti « Israël Uni » a déploré leur absence de la cérémonie de bienvenue. Selon des responsables du Shass, les ministres en question étaient à la synagogue en train de lire le Livre d’Esther étant donné que la veille de la fête juive de Pourim coïncidait avec l’arrivée du pape. Les Grands Rabbins, selon la radio israélienne, n’avaient pas à venir saluer le pape à l’aéroport étant donné qu’il doit les visiter jeudi au siège du Grand Rabbinat à Jérusalem. (apic/fides/jpost/bbc/be)
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