Université de Fribourg: Le dominicain français Jean-Pierre Torrell a reçu la Légion d’honneur
Fribourg, 9 février 2000 (APIC) Evénement peu banal, mercredi à l’Université de Fribourg. L’un des siens, le Père Jean-Pierre Eugène Torrell, a reçu l’ordre national français le plus important: la Légion d’honneur. Les insignes de Chevalier lui ont été remis au cours d’une cérémonie solennelle dans le hall d’honneur de Miséricorde par le général Jean-Philippe Douin, Grand chancelier de la Légion d’honneur.
Spécialiste des sciences médiévales, le Père Torrell est reconnu au niveau international comme un grand connaisseur de saint Thomas d’Aquin. Le dominicain français, âgé aujourd’hui de 72 ans, est arrivé à Fribourg en 1981, en provenance de l’Université Grégorienne de Rome. A Fribourg, il a enseigné la théologie dogmatique jusqu’en 1997, date de son départ à la retraite. Le professeur dominicain a contribué à la relance de la pensée thomiste tant à Fribourg qu’au niveau international, une pensée qu’il a toujours considérée comme féconde et créatrice. Alors que pour beaucoup, le « néo-thomisme » enseigné ici et ailleurs (notamment à Rome) était encore déclaré « cliniquement mort » il y a une quinzaine d’années, car considéré comme « un thomisme répétitif et qui n’a pas le sens de l’histoire ».
Faire découvrir le vrai saint Thomas
Le Père Torrell a fait du retour aux sources son leitmotiv, lui qui a décortiqué saint Thomas dans le texte durant ses études au sein de l’Ordre dominicain, entre 1952 et 1961. « La Somme théologique était notre livre de base, c’est pourquoi je n’ai jamais su ce qu’était le ’néo-thomismé dont on dit tant de mal. Il ne faut pas identifier saint Thomas à ce thomisme vulgarisé après les commentateurs des XVIe et XVIIe siècles, qui était très loin des sources. Moi-même, ainsi que les gens qui ont travaillé à mon école, nous nous sommes donné pour tâche de faire découvrir le vrai saint Thomas… ».
Il semble d’ailleurs que la pensée thomiste suscite un intérêt renouvelé, ce que confirme la progression des ventes d’ouvrages sur le sujet. Le Père Torrell en veut pour preuve qu’il n’a jamais dû avancer un sou pour publier ses livres: « Les éditeurs ne le feraient pas s’ils ne s’y retrouvaient pas! »
Entouré de membres de sa famille et du corps professoral – en particulier de la Faculté de théologie et des enseignants français de l’alma mater friburgensis -, et en présence des représentants des autorités universitaires, cantonales et communales et de l’ambassadeur de France à Berne Gaston Gadaud, le Père Torrell a reçu cette haute distinction sans fausse modestie et avec un certain sentiment de fierté. Mais avec humour aussi: « La Légion d’honneur est certes réservée à un petit groupe de gens, mais cela fait tout de même 125’000 personnes, ce qui ramène l’événement à ses justes proportions! », a-t-il confié à l’APIC.
Le dominicain a également souligné qu’il y avait certainement nombre d’autres personnes aussi méritantes que lui qui auraient pu être distinguées. Il est à noter que dans le décret sur sa nomination paru dans le Journal Officiel du 1er janvier, la présidence de la République mentionne « le révérend Père Torrell, religieux dominicain, professeur émérite de théologie dogmatique; 46 ans d’activités sacerdotales et d’enseignement. » Un bel hommage de la part de la République française, Etat laïc s’il en est! (apic/be)
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