Suisse: Le photographe Voirol pose son regard sur les mennonites de Tramelan
Tramelan 7 janvier 2000 (APIC) Qui sont les mennonites de Tramelan? Comment vivent-ils ? Quelle histoire et quel avenir pour cette communauté implantée dans les hauteurs Jurassiennes? A travers un livre de 80 pages, « Sonnenberg – Une communauté mennonite des hauteurs jurassiennes », le photographe jurassien Xavier Voirol pose son regard. Pour nous faire découvrir cette communauté avec la complicité d’une trentaine de photos qui retracent le quotidien de ses membres. Dans leurs loisirs ou leurs prières.
La communauté – secte diront les uns, Eglises préciseront les autres – de Sonnenberg (Mont-Soleil), composée de quelque 550 membres, vit au-dessus de Tramelan, dans le Jura demeuré bernois. Le nom de « Sonnenberg » a donné naissance à une Eglise mennonite en Ohio – toujours en activité – fondée par des émigrants partis de la région du Mont-Soleil au début du XIXe siècle. Etablis en Suisse depuis 1527, les mennonites suisses vont connaître des fortunes diverses. Ceux établis à Berne, seront notamment persécutés par le régime bernois aux 17e et 18e siècles.
Nombre d’entre eux trouveront refuge dans le Jura sud, du côté de Tramelan, précisément. En 1767, le Prince-évêque de Bâle, dont dépendent les Jurassiens d’alors, accordera aux mennonites le droit de demeurer sur les terres de son territoire. Etrangement, les mennonites, pourchassés et tués par les Bernois, feront néanmoins preuve d’allégeance au canton de Berne, lors du fameux plébiscite jurassien sur la création d’un canton du Jura, le 23 juin 1974.
Xavier Voirol, le saisisseur d’images a dû d’abord gagner la confiance des membres de la communauté du Sonnenberg pour réaliser ce travail. Il ouvre un débat sur une série de questions liées notamment au défi d’ouverture vers d’autres communautés religieuses, défi au dialogue oecuménique face à la tradition de retrait de la communauté mennonite. L’autre défi est en rapport la conception de la communauté en rapport avec les affaires publiques, l’attitude de repli prônée par la tradition mennonite comme le refus de porter des armes ou de prêter serment et plus globalement dans le refus d’assumer de fonctions publiques. La communauté mennonite semble donc enquête d’une redéfinition de son identité et d’expression de cette identité de manière renouvelée.
En deux parties
L’ouvrage de Xavier Voirol s’articule en deux parties, l’une, rédactionnelle de quelque 37 pages, l’autre, de photos-témoignages sur la vie des mennonites, une communauté également connues sous le nom d’anabaptiste. 38 photos en noir et blanc font voyager le lecteur dans ce monde mennonite où se côtoient tradition et modernité. Interrogation quant à l’avenir, mais aussi regard sur le passé.
Xavier Voirol donne ensuite la parole à trois spécialistes issus de la communauté du Sonnenberg. Ces derniers se penchent sur les origines mennonites, leur situation actuelle ou encore sur l’avenir de cette communauté.
Les mennonites sont l’héritage de l’anabaptisme, mouvement protestant issu de la Réforme né au XVIe siècle en Suisse, dans le sud de l’Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas. Il se comprend comme une radicalisation de la théologie des Réformateurs. Ils refusent notamment le baptême des enfants et prônent le baptême à l’âge adulte. C’est pourquoi leurs adversaires les appelleront « anabaptistes » ou « rebaptiseurs ». La communauté anabaptiste se comprend comme une Eglise de professants, sans lien institutionnel avec l’Etat. Ils refusent le port des armes et le service militaire. Comme ils refusent de prêter serment, les anabaptistes refusent également d’exercer une fonction publique.
Les persécutions
Au début du XVIe siècle, le mouvement s’étend en Suisse, notamment dans les terres bernoises. En Allemagne, les anabaptistes connaîtront également les persécutions. Celles-ci s’accentueront du reste après la tragédie de Münster (1534-1535) où des anabaptistes fanatiques instaurent une théocratie violente visant à rétablir le Royaume de Dieu ici-bas. La répression conduira au bain de sang.
Pour échapper aux persécutions, beaucoup de mennonites vont émigrer vers l’Est de l’Europe (Russie et Ukraine) et surtout en Amérique du Nord. Les Amish d’Amérique du Nord font partie des descendants du mouvement anabaptiste ; ils s’inspirent d’un anabaptiste bernois du XVIe siècle appelé Jakob Ammann
L’appellation « mennonites » souvent privilégiée aujourd’hui leur vient du théologien néerlandais du nom de Menno Simons (1495-1561), qui organisa les communautés anabaptistes du Nord de l’Allemagne et de la Hollande après les persécutions.
Les mennonites comptent plus d’un million de membres de par le monde dont une grande partie se trouve aux Etats Unis (400’000). En Suisse, on dénombre 2500 mennonites dont 550 dans la seule communauté de Sonnenberg. (apic/mk/pr)
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