Ukraine: Le pape Jean Paul II à Lviv, fief des grecs-catholiques de Galicie

94ème voyage du pape hors d’Italie

Deux millions de fidèles attendus aux confins de la Pologne

De notre envoyée spéciale, Sophie de Ravinel

Lviv, 26 juin 2001 (APIC) La foule était au rendez-vous, lundi soir à Lviv pour accueillir le pape Jean Paul II, au troisième jour de sa délicate visite pastorale en Ukraine, pays où le problème « uniate » est le plus chaud. L’existence d’une Eglise de rite byzantin unie à Rome – dont Lviv, ville de Galicie de 800’00 habitants en majorité grecs-catholiques, est le fief – irrite au plus haut point le patriarcat orthodoxe de Moscou.

La population de la métropole de l’Ukraine occidentale a en effet réservé un accueil chaleureux au pape polonais, contrairement à la réserve manifestée par le foule de Kiev, la capitale du pays étant traditionnellement orthodoxe. Des milliers d’Ukrainiens agitant des drapeaux aux couleurs ukrainiennes bleu et jaune – l’on est ici dans le berceau du nationalisme ukrainien – et des jeunes filles en costume national multicolore se pressaient sur la route conduisant de l’aéroport à la ville, malgré une pluie fine. La foule s’était massée tout au long du trajet qui sépare l’aéroport de la cathédrale Saint-Georges et du palais de l’archevêché grec-catholique, où Jean Paul II a passé la nuit.

L’Ukraine occidentale, proche de la Pologne, est l’endroit où les grecs-catholiques sont les plus nombreux: près de 5 millions. Sortant il y a dix ans à peine des catacombes où la persécution du régime communiste les avait confinés, les uniates n’ont pas encore récupéré toutes les églises qui leur avaient été confisquées lors de leur dissolution par Staline, en 1946, et leur intégration forcée à l’Eglise orthodoxe russe du Patriarcat de Moscou.

Plus jamais d’autres Babi Yar

Quelques heures auparavant, à Kiev, le pape rendait un hommage aux victimes de l’holocauste en Ukraine, vivement apprécié par la communauté juive locale. Après avoir récité une prière pour les morts devant l’imposant monument de Babi Yar, dans la banlieue de la capitale ukrainienne, construit en mémoire des victimes juives du nazisme.

Dans ce lieu de pèlerinage des juifs du monde entier, Jean Paul II a été accueilli par le jeune rabbin de Kiev, Jacob Dov Bleich, habillé de noir et portant un chapeau de même couleur, qui lui a adressé un message chaleureux, rendant hommage au pape, « qui par l’œuvre qu’il accomplit dans le monde, permet d’espérer qu’il n’y ait plus jamais d’autres Babi Yar ». En effet, c’est dans ce lieu que les nazis ont tué plus de 100’000 personnes, dont 33’771 juifs en moins de deux jours, les 29 et 30 septembre 1941. Jean Paul II a ensuite récité le « De profundis » ­ la prière des morts ­ et des fleurs jaunes et blanches ont été déposées devant le monument. « Que Dieu vous bénisse », a affirmé enfin Jean Paul II au rabbin, en guise d’adieu.

Le pape a quitté la capitale ukrainienne à 18h pour rejoindre Lviv où se trouve le plus grand nombre de catholiques du pays. L’ambiance de l’accueil a, en effet, été très différente de celle de Kiev car des milliers de personnes se sont réparties sur le trajet de la papamobile et ont crié des slogans en ukrainiens et en polonais pour manifester leur joie. Le pape a d’abord effectué deux rapides visites privées à la cathédrale latine, où célèbrent les membres de la communauté de rite latin, en principe d’origine polonaise, puis à la cathédrale grecque-catholique de Saint-Georges, dans le centre de Lviv, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Jean Paul II s’est ensuite rendu au palais épiscopal adjacent où il a passé la nuit.

Mardi matin, le pape s’est rendu à l’hippodrome de Lviv pour une célébration en rite latin durant laquelle il béatifie deux figures de l’Eglise latine ukrainienne, Joseph Bilczewski et Zigmund Horazdowski. On attend jusqu’à deux millions de pèlerins à Lviv, dont de nombreux Polonais – la frontière n’est pas loin – selon les estimations officielles, pour assister à deux messes que le pape célèbre mardi et mercredi à l’hippodrome de la ville. Mercredi, le pape béatifie également 28 martyrs et religieux grecs-catholiques. (apic/sdr/imedia/bbc/be)

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