Grèce: Repentance de Jean Paul II chez l’archevêque orthodoxe Christodoulos
De notre envoyée spéciale à Athènes Sophie de Ravinel
Athènes, 4 mai 2001 (APIC) Trois heures après une arrivée dans le calme sur le sol grec, Jean Paul II s’est repenti devant l’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, Christodoulos, « pour toutes les occasions présentes et passées, où les fils et les filles de l’Eglise catholique ont pêché par action et par omission contre leurs frères et soeurs orthodoxes ». Avant d’affirmer clairement sa volonté de marcher sur le chemin de l’unité.
« Nous portons le fardeau de controverses passées et présentes et d’incompréhensions persistantes » et pour cette raison, a ainsi affirmé le pape, « on a clairement besoin d’un processus libérateur de purification de la mémoire ». Jean Paul II a poursuivi en faisant allusion à « certains souvenirs particulièrement douloureux et qui ont laissé de profondes blessures », comme « le sac dramatique de la ville impériale de Constantinople ». « Il est tragique, a-t-il précisé, que les assaillants qui étaient partis assurer le libre accès des chrétiens à la Terre Sainte se soient retournés contre leurs frères dans la foi ». Pour le pape, « le fait que des chrétiens latins y participaient, remplit les catholiques d’un profond regret ».
« Il faut travailler à cette guérison si l’Europe désire être vraie avec son identité, qui est inséparable de l’humanisme chrétien partagé par l’Orient et par l’Occident », a ensuite affirmé Jean-Paul II en rendant hommage à l’Eglise orthodoxe de Grèce. Elle est pour lui, « une riche source à laquelle à laquelle l’Eglise d’Occident a puisé sa liturgie, sa spiritualité et son droit ». Le pape a ainsi souligné « l’oecuménisme de sainteté » qui conduira vers la pleine communion, « qui n’est ni une absorption, ni une fusion, mais une rencontre dans la vérité et dans l’amour ».
La division, un péché aux yeux de Dieu
Le pape a enfin exprimé, à l’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, son espoir d’unité car la division est, a-t-il affirmé, « un péché aux yeux de Dieu et un scandale aux yeux du monde ». Jean Paul II a ainsi appelé à un renouveau des rencontres organisées et pour cela, être « plus ouvert et attentifs à ce que l’Esprit dit maintenant aux Eglises ».
Pour sa part, Sa Béatitude Christodoulos a prononcé de belles paroles d’accueil à Jean Paul II, tout en affirmant que « le peuple grec et orthodoxe a dû souffrir beaucoup du fait de l’Ouest » et qu’il « reste encore chez le peuple grec des blessures très profondes ». Il a abordé le thème de « l’uniatisme », en souhaitant que ce thème soit « discuté », car « c’est ce problème qui a bloqué le dialogue entre les deux Eglises ». Mais il a tenu à souligner l’apport des sept premiers conciles communs à tous, qui « continuent d’illuminer toute l’Eglise ».
Retrouver l’identité spirituelle de l’Europe
Même s’il a encore regretté que le Saint-Siège, « ne manifeste pas d’expression de sympathie face au peuple grec qui souffre sur l’île de Chypre », Sa Béatitude Christodoulos a tenu a remercier le pape qui fait si souvent référence aux saints Cyril et Méthode – évangélisateurs de l’Eglise d’Orient lorsqu’il fait allusion à l’Europe. Une Europe qui doit, pour Sa Béatitude Christodoulos, « retrouver une véritable identité spirituelle chrétienne ».
A la fin de l’entretien et après que les évêques du Saint-Synode orthodoxe, tous vêtus de leurs grands habits noirs, aient salué Jean Paul II l’un après l’autre, l’archevêque d’Athènes lui a offert une icône de Marie. « Vous pourrez prier devant elle pour l’unité de nos Eglises », a-t-il affirmé en la remettant. Il lui a aussi offert une couronne de laurier en argent avec, sur chaque feuille de laurier, une représentation symbolique des lieux foulés par saint Paul. (apic/imed/bb)
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