Cameroun: Des prêtres «exorcistes» promettent guérison contre espèces sonnantes

Mise en garde de l’Eglise contre les faux prêtres

Douala, 18 mai 2001 (APIC) Depuis plusieurs mois, des faux prêtres sillonnent les grandes villes du Cameroun, extorquant les citoyens en leur promettant guérison et bénédiction. Malgré la mise en garde du cardinal Tumi, archevêque de Douala, contre ces escrocs organisés en réseau, et l’arrestation d’un parmi eux en avril, les pigeons continuent à se faire plumer.

Un dénommé Séverin Billong a été appréhendé par la police de Douala, la capitale économique du Cameroun, alors qu’il s’apprêtait à arnaquer une chrétienne. L’infortuné, qui se faisait appeler tour-à-tour abbé Séverin, pasteur ou grand séminariste, a été cueilli dans le cabinet d’une avocate.

Le 18 avril, le soit-disant prêtre catholique se présente comme exorciste et vicaire à la paroisse de St-Victor de Bamyagam dans le diocèse de Ngaoundéré au sud du pays. Il déclare être envoyé par le mouvement Justice et Paix de Douala et demande à l’avocate d’en devenir bienfaitrice. N’obtenant pas son numéro de compte, il tente de gagner sa confiance en affirmant voir des esprits maléfiques aussi bien dans le bureau de l’avocate qu’à son domicile. Pour exorciser ces démons, il lui propose de l’eau du fleuve Jourdain. Il revient le lendemain pour recueillir les « fruits » de son action. Entre temps, l’avocate s’était renseignée sur l’identité du « prêtre » auprès d’un exorciste de Douala et avait ainsi découvert le pot aux roses.

Sévérin Billong qui ne se doute de rien apporte sa fameuse eau du Jourdain, un drôle de pot contenant une eau suspecte à l’intérieur de laquelle on a introduit un crucifix. Pendant ce temps, un collaborateur de l’avocate prévenir le vicaire de la cathédrale de Douala qui accourt aussitôt. Son arrivée fait paniquer le faux prêtre qui, acculé par des questions, avoue enfin être un pasteur de la mission apostolique du Christ à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Il se trouve maintenant dans la prison centrale de Douala.

Un réseau d’escrocs, chapelets et crucifix à la main

Séverin Billong n’est en réalité qu’un membre d’un vaste réseau de faux prêtres qui sillonnent les villes camerounaises afin d’escroquer les chrétiens. Ils se rencontrent le plus souvent dans les taxis, au marché et dans les quartiers, chapelets et crucifix à la main, proposant de chasser les démons dans les habitations, célébrant des messes et bénissant à tour de bras.

Le cardinal Tumi, archevêque de Douala avait pourtant déjà prévenu les chrétiens il y a quelques mois en les mettant en garde contre les « faux prêtres et les fausses églises » qui abusent de leur crédulité et se présentent comme prêtres de l’Eglise catholique. « Restez donc attachés à vos paroisses et vigilants en communion avec vos prêtres. Chaque fois que vous doutez de l’identification de quelqu’un qui se présente à vous comme prêtre de l’Eglise catholique romaine, recourez à votre curé. C’est le moyen le plus sûr de ne pas vous égarer », avait affirmé le prélat dans un communiqué.

Malgré toutes ces recommandations, de nombreux chrétiens continuent de tomber dans le piège. (apic/mbt/bb)

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