Suisse: Harri Wettstein, animateur de sessions du jeûne chrétien
Lausanne, 1er mars 2001 (APIC) A 50 ans, Harri Wettstein a une mine rayonnante et une silhouette de jeune homme. Le lui fait-on remarquer, il esquisse un fin sourire et laisse entendre que sa pratique du jeûne alimentaire de longue durée y est pour quelque chose. Et quelle pratique: 17 jeûnes! Membre de l’Eglise réformée du canton de Vaud et habitant à Morges, l’homme anime depuis plusieurs années des sessions de jeûne d’une durée de 7 jours (dont un jour de réalimentation) en Suisse, dans les centres de retraite du Crêt-Bérard, du Louverain et de Sornetan.
Les jeûnes animés par Harri Wettstein sont inspirés de la méthode du docteur Büchinger. Ils se vivent avec absorption de boisson uniquement : infusions, thés légers, jus de fruit et jus de légumes en quantité limitée. Soit moins de 500 calories par jour. Au programme de ces sessions : randonnées pédestres, avec notamment un pèlerinage à pied le 5e jour; séances matinales de gymnastique douce; chant; méditations bibliques et spirituelles; temps de partage en groupe; offices quotidiens, etc.
Harri Wettstein organise par ailleurs des « jeunes à domicile » en paroisse. Le principe est simple: des personnes décident de jeûner pendant 7 jours dans leur cadre de vie habituel et se retrouvent chaque soir pour évoquer ce qu’elles ressentent, s’encourager à persévérer et vivre un partage d’Evangile. Cette expérience œcuménique est d’ores et déjà menée avec succès depuis deux ans dans les paroisses de Cully et de Morges, dans le canton de Vaud, au moment de carême. L’homme rêve que chaque paroisse de Suisse romande propose aux fidèles de vivre cette « aventure du jeûne de longue durée ».
Bienfait physique, psychologique et spirituel
C’est qu’il est intimement convaincu de ses bienfaits « tant au plan physique que psychologique et spirituel » Pourquoi ? « Le corps se décrasse, il élimine les toxines. L’esprit est plus léger, la pensée stimulée. C’est ainsi que lors de mon premier jeûne, dans la communauté du Chemin neuf, en France, j’ai travaillé avec une efficacité et une ardeur insoupçonnée à la rédaction de ma thèse de doctorat en psychologie. Enfin, le jeûne creuse en nous un plus grand désir de Dieu, une plus grande soif de prière. »
Profitable au plan individuel, le jeûne a en outre une portée sociale : « Si la population jeûnait, ne serait-ce qu’une fois par an, comme c’était et c’est encore le cas dans de nombreuses sociétés, l’impact positif sur la santé publique en serait considérable, j’en suis convaincu. Seulement on se heurte à toutes sortes de résistances, notamment aux lobbies pharmaceutiques qui n’ont pas intérêt à ce qu’une politique médicale préventive et de bon sens ait de nouveau droit de citer », souligne Wettstein. Autre dimension contestataire du jeûne : « la redécouverte des vertus du dépouillement, de la simplicité ainsi que la prise de conscience aiguë que pour être heureux il ne faut pas rechercher l’accumulation des biens matériels mais un surcroît d’être – être plus vrai, plus fraternel, plus intérieur -, tout cela remet en cause notre attitude consumériste, et, par delà, la société de consommation. »
Pénétrer les milieux économiques
Cet intellectuel, titulaire d’un MBA en sciences économiques et d’un doctorat en philosophie et en psychologie, a été employé dans les assurances, professeur, puis infirmier en soins palliatifs. Persuadé que « le jeûne peut transformer le monde de l’intérieur », il a découvert là sa grande affaire.
Non content d’avoir publié « Le jeûne pour la vie : un guide spirituel pour le jeûne chrétien de longue durée » (1) et d’animer des sessions, il cherche à pénétrer les milieux économiques. On s’étonne: n’est-ce pas peine perdue ? Sa réponse, déconcertante, ne manque pas de force: »Imaginez un conflit dur dans une entreprise. La direction brandit la menace des licenciements, les syndicats se raidissent. Chacun est amené à diaboliser l’autre. Je propose que responsables syndicaux et décideurs de l’entreprise se retrouvent dans un lieu neutre pour jeûner quelques jours et mettre à plat, calmement, le dossier qui les préoccupe. Assurément les décisions qui seront prises ensuite auront un tout autre poids et emporteront bien mieux l’adhésion ». Utopique? A voir. (apic/jcn/bb)
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