Liechtenstein: Mgr Wolfgang Haas coupe les ponts avec l’Action de Carême
Vaduz,
(APIC) L’archevêque du Liechstein, Mgr Wolfgang Haas a coupé les ponts avec l’Action de Carême (AdC) des catholiques suisses. Le prélat a écrit une lettre à la cure de Vaduz où il annonce son intention de mettre fin à toute collaboration avec l’œuvre d’entraide helvétique. D’anciens responsables de l’AdC du décanat de Vaduz sont décidés à lancer une action de carême alternative sous le slogan « Nous partageons ». Une initiative que le porte-parole de l’AdC à Lucerne voit d’un bon œil, regrettant que le climat dans l’Eglise de la Principauté se polarise une nouvelle fois.
Mgr Haas ravive les tensions au sein des catholiques du Liechtenstein, en empêchant les paroisses de soutenir des projets de l’AdC suisse. Le courrier des lecteurs des deux organes de presse locaux est bombardé de lettre de lecteurs. En décembre dernier déjà, Mgr Wolfgang Haas a créé la fondation ecclésiale de l’Action de Carême catholique du Liechtenstein. Selon la mention inscrite au registre du commerce, le but de la fondation est d’apporter « un soutien conceptuel, matériel et financier aux projets caritatifs et missionnaires de l’Eglise catholique, à l’intérieur et à l’extérieur du Liechtenstein ». En voyant le jour, la fondation a dissout de fait l’AdC du décanat du Liechtenstein, qui menait la collecte de carême de dons en étroite collaboration avec l’AdC suisse. Mgr Haas interdit ainsi aux paroisses de la Principauté de cibler leur campagne de carême sur des projets de l’œuvre d’entraide helvétique.
Interrogé lundi 12 mars par l’APIC, l’ancien président de l’AdC, Robert Allgäuer, qui a conduit l’AdC du décanat du Liechtenstein pendant une quinzaine d’années et jusqu’en 1986 a dit regretté que Mgr Haas soit le seul à avoir le droit à la parole dans la nouvelle fondation de l’archevêque. Il a même annoncé qu’il allait mettre sur les rails dans quelques jours une action alternative sous le nom de « Nous partageons ». Sept anciens membres de la commission de la l’AdC sont prêts à souscrire à cette initiative.
« On frôle l’absurde »
L’archevêque Wolfgang Haas s’est ouvert sur ses intentions, samedi dans la presse de locale. On frôle l’absurde en interprétant le partage chrétien comme un facteur de séparation. « Il s’agit d’une spiritualité et d’une solidarité vécues à travers les relations concrètes de notre action de carême, qui relie le Liechtenstein au monde en venant en aide à la détresse sous ses multiples formes. »
« Il existe une tendance manifestement intéressée à transformer l’action de carême en un champ de bataille de la politique ecclésiale », poursuit l’archevêque. Et ceux qui pâtissent de cette situation ne sont ni l’archevêché, ni l’archevêque, mais ceux « pour lesquelles l’action de carême récolte des fonds, c’est-à-dire, très concrètement, les missionnaires du Liechtenstein que les habitants de la Principauté soutiennent ». L’action de carême du Liechtenstein aide cette année des religieux missionnaires dont les Adoratrices du Sang du Christ, religieuses de Schaan, petit village au Nord de Vaduz, l’archidiocèse de Shkodrë, en Albanie et les diocèses Mbujimayi au Congo, le séminaire de prêtres de Douala au Cameroun et l’aide au quart-monde de la ville de Rio de Janeiro.
L’AdC n’entretient aucune relation avec Mgr Haas
Répondant mardi 13 mars à Lucerne aux questions d’APIC, le porte-parole de l’Action de Carême (AdC), Matthias Dörnenburg qualifie de positive l’initiative des anciens responsables du Liechtenstein de l’AdC et est prêt à engager le dialogue avec « Wir teilen ». Le chef du secteur « communication et formation » de l’œuvre d’entraide catholique souligne qu’il n’existe en revanche aucune relation entre Mgr Wolgang Haas et l’AdC et que l’archevêque n’a pas informé l’œuvre d’entraide sise à Lucerne de sa décision de se créer une œuvre autonome. « Si un évêque a le droit de créer une fondation, la situation devient difficile à accepter lorsque ce même évêque en dirige toutes les instances ou presque », commente le porte-parole en mettant en évidence le climat de confrontation qui existe entre l’archevêque et certains laïcs engagés dans l’Eglise du Liechtenstein.
Sur le plan légal, l’appellation « Fastenopfer – Action de Carême » est protégée et l’action de carême du Liechtenstein n’est pas comparable à l’AdC, organisation professionnelle disposant de lignes directrices très claires concernant notamment les critères de choix des projets. En dernier ressort, les communes ecclésiastiques du Liechtenstein restent libres de soutenir des projets de l’AdC suisse, le mot d’ordre de l’archevêque n’ayant aux yeux du porte-parole de l’AdC, qu’une valeur de recommandation. Cela même s’il se justifie que les paroisses unissent leurs efforts pour apporter un soutien efficace à des projets.
Violation de territoire
Mgr Haas semble décidé à ne financer que des projets missionnaires de l’Eglise catholique. Sa conception paraît ainsi fortement diverger de celle de l’AdC, qui privilégie à la fois développement et pastorale, considérant que ces deux aspects se fécondent mutuellement. Fait unique en Europe, l’AdC se caractérise par une collaboration extrêmement étroite avec les autres Eglises chrétiennes locales. Pour Matthias Dörnenburg, l’action exclusivement catholique de Mgr Haas n’est pas une critique de l’œcuménisme mais se rapproche de ce que l’on connaît dans les autres pays européens.
L’AdC compte de nombreux donateurs au Liechtenstein. Si des paroisses se tournent vers la fondation de Mgr Haas, d’autres vont poursuivre leur soutien à l’AdC, prévoit son porte-parole. Il estime en revanche peu vraisemblable que des paroisses helvétiques choisissent de soutenir l’action de carême du Liechtenstein de Mgr Haas. Matthias Dörnenburg ressentirait en revanche comme une violation de territoire que l’action de carême de l’archevêque viennent faire campagne dans les paroisses du diocèse de Coire, où Mgr Haas compte un certain nombre d’inconditionnels. (apic/wm/gs/mjp)
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