Co-organisatrice: l’association suisse « Vérité et Justice »
Beyrouth/Paris, 16 mars 2001 (APIC) Quatorze intellectuels arabes de renom, dont le poète national palestinien Mahmoud Darwich, et d’autres personnalités palestiniennes comme Edward Saïd, Khalida Saïd et Elias Sanbar, ont demandé l’interdiction d’une conférence révisionniste qui doit se tenir fin mars au Liban. Co-organisatrice de cet événement qui sent le souffre: « Vérité et Justice », une association révisionniste suisse qui dispose d’une adresse postale à Châtel-Saint-Denis, dans le sud du canton de Fribourg.
L’appel de quatorze intellectuels arabes contre une conférence négationniste a été publié en fin de semaine dans Le Monde. Le quotidien français précise que la conférence intitulée « Révisionnisme et sionisme » prévue du 31 mars au 3 avril à Beyrouth est mise sur pied par « deux organisations négationnistes néonazies, la suisse Vérité et Justice et l’américaine Institute for Historical Review (IHR) ». Les organisations juives dans le monde ont vivement dénoncé cette conférence.
Des chercheurs et activistes révisionnistes – qui nient le génocide nazi contre les juifs – de divers pays du monde sont attendus dans la capitale libanaise, dans le but de mettre toujours davantage en réseau les groupes d’extrême-droite négationnistes et révisionnistes qui se recrutent notamment par le biais des sites internet comme celui de l’IHR, hébergés aux Etats-Unis. Directeur de « Vérité et Justice », le Bâlois Jürgen Graf, condamné en Suisse pour négationnisme à 15 mois de prison en juillet 1998, serait actuellement l’hôte de professeurs en Iran, après avoir quitté son domicile bâlois. Un autre responsable de « Vérité et Justice », le Fribourgeois René-Louis Berclaz, avait également été condamné en 1998 pour discrimination raciale pour avoir diffusé des publications antisémites niant l’existence des chambres à gaz.
Fortes pressions sur les autorités libanaises
Depuis des mois, les autorités libanaises sont soumises à de fortes pressions, notamment en provenance des Etats-Unis, pour interdire cette conférence. Face aux risques de dérapages – l’amalgame plus que probable entre une soi-disant solidarité avec la cause palestinienne et des déclarations antisémites – des intellectuels arabes s’insurgent. « Au nom des victimes palestiniennes et arabes, cette conférence prendra la défense du bourreau nazi et de son crime contre les juifs », déplorait récemment dans le quotidien saoudien El Hayat l’éditorialiste libanais Joseph Samaha. Qui refusait que la cause palestinienne serve de « faux témoin » à une tentative de réécriture négationniste de l’histoire européenne par des « falsificateurs de l’histoire ». Joseph Samaha n’a pas hésité à écrire que la tenue d’un tel forum « déshonore le Liban ».
Jeudi, quatorze intellectuels arabes de renom ont demandé aux autorités libanaises d’interdire la tenue de la conférence négationniste. « Nous, intellectuels arabes, sommes indignés par cette entreprise antisémite. Nous alertons à ce sujet les opinions publiques libanaise et arabe et appelons les autorités compétentes du Liban à interdire à la tenue à Beyrouth de cette manifestation inadmissible », indique le texte signé par le poète libanais Adonis et ses compatriotes Dominique Eddé, Elias Khoury, Gérard Khoury et Salah Stétié, les Palestiniens Mahmoud Darwich, Edward Saïd, Khalida Saïd et Elias Sanbar, l’historien algérien Mohammed Harbi, les écrivains Jamaleddine ben Cheikh (Algérie), Mohammed Berada (Maroc), Fayez Mallas et Farouk Mardam-Bey (Syrie). (apic/orj/lm/be)
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