Burkina-Faso: Journée «nationale du pardon» mise sur pied par le pouvoir

Les évêques émettent des réserves

Ouagadougou, 29 mars (APIC) Les évêques du Burkina-Faso ont plaidé pour une « dépolitisation » de la Journée Nationale du Pardon (JNP) qui sera célébrée vendredi 30 mars dans tout le pays, à l’initiative du président Blaise Comparoré, dans le souci de réconcilier les citoyens. Cette manifestation qui vise à faire baisser la tension socio-politique dans le pays depuis deux ans, est cependant loin de faire l’unanimité.

Dans une déclaration publiée par le quotidien gouvernemental Sidwaya, les évêques soulignent que « le pardon est le fruit d’un dialogue entre personnes qui se sont écoutées d’abord. Le pardon doit être garanti par une volonté clairement exprimée de réparation et de justice », ajoutent-ils, relevant que « sans ces conditions, le peuple pourrait s’engager dans une procédure qui risque de conduire à la désacralisation du pardon et à une imposture collective ».

Les réserves émises par les prélats sont liées aux nombreuses actes demeurés impunies dans le pays. Selon les résultats de l’enquête d’une commission nationale de réconciliation nationale, maître d’oeuvre de la JNP, 176 crimes politiques non punis ont été commis au Burkina-Faso depuis son indépendance en 1960. La goutte d’eau a été l’assassinat, en décembre 1998, d’un journaliste d’investigation, Norbert Zongo. Il a été retrouvé mort dans son véhicule, alors qu’il enquêtait sur le meurtre d’un chauffeur du frère du président Compaoré.

Trois anciens chefs d’Etat au pouvoir entre 1964 et 1987 ont apporté leur soutien au président Compaoré pour l’organisation de la JNP. Mariam Sankara veuve du capitaine Thomas Sankara, tué lors de la prise du pouvoir du président actuel en octobre 1987 a dénoncé la journée qu’elle qualifie de « parodie ». (apic/ibc/pr)

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