Un nouveau cardinal pour l’Afrique, Mgr Bernard Agré, archevêque d’Abidjan

De Rome Antoine Soubrier, pour l’agence APIC

Ma nomination, un signal très fort pour le continent africain

Rome, 20 février 2001 (APIC) Parmi les 44 évêques qui seront créés cardinaux le 21 février 2001, l’Afrique noire en comptera deux nouveaux: Mgr Wilfrid Fox Napier, archevêque de Durban, en Afrique du Sud, et Mgr Bernard Agré, archevêque d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Au niveau du continent, il faut encore ajouter l’Egyptien Stéphanos Ghattas, patriarche d’Alexandrie des coptes, déjà âgé de plus de 80 ans.

Mgr Bernard Agré, âgé de 75 ans, a été ordonné prêtre il y a 48 ans, en juillet 1953. Dès 1957, il est envoyé à Rome pour un doctorat en droit canonique. C’est en 1968 qu’il est nommé évêque avec pour mission de fonder le nouveau diocèse de Man, au nord-ouest du pays, où il passera 24 ans. Il est ensuite chargé de fonder le diocèse de Yamoussoukro où il restera deux ans et demi. Mgr Agré est archevêque d’Abidjan depuis le 19 décembre 1994. Ce mercredi, 200 Ivoiriens seront présents à Rome pour saluer la promotion de Mgr Agré. Parmi eux, de nombreux fidèles d’autres religions: musulmans, protestants et animistes membres des religions traditionnelles d’Afrique.

Annoncer la parole de Dieu pour faire face au désespoir ambiant

Le programme de Mgr Agré est très clair: « Annoncer la parole de Dieu qui doit nous faire entrer dans le 3ème millénaire. C’est seulement cette parole qui pourra nous aider à faire face au désespoir ambiant. » Grâce à sa nomination, Mgr Agré relève que l’Afrique sera un peu mieux représentée au sein du Collège des cardinaux. « Je pense que ma nomination est un signal très fort pour que le continent africain continue d’avancer sur le chemin de l’unité. Je vais essayer de faire de mon mieux pour participer à cet effort, notamment dans la reconstruction de la Côte d’Ivoire et dans le dialogue avec les autres religions. En tout cas, mon pays a été très sensible à cette attention du pape ! » D’autant plus que Mgr Agré et les Ivoiriens ne s’y attendaient pas du tout.

L’Eglise de Côte d’Ivoire est, pour l’archevêque d’Abidjan, tout simplement « passionnante ». « Même si chez nous, les catholiques ne représentent que 15% de la population, ils sont très vivants et forment une communauté fervente et ouverte aux autres chrétiens. » Les rapports sont également bons avec les musulmans, nombreux à avoir fui leur pays en guerre.

Le principal souci de l’archevêque d’Abidjan est de former de futurs prêtres. « Je suis plein d’espoir quand je vois les 135 séminaristes qui remplissent les séminaires de Côte d’Ivoire, et les nombreuses vocations qui naissent, mais il faut que la formation suive. Pour cela, je suis en train de former de solides agents pastoraux parmi le clergé, les religieux et les laïcs. » L’archevêque d’Abidjan s’est encore fixé un autre objectif, l’annonce de la parole de Dieu, notamment par la catéchèse, en constituant et en formant des communautés solides.

Pour réussir son pari, l’Eglise ivoirienne tente de mettre en place une liturgie très inculturée pour permettre à un maximum de fidèles de s’engager dans l’Eglise. « On prend ainsi le temps de célébrer la messe, comme nous l’enseigne la tradition africaine, avec parfois des cérémonies qui peuvent durer jusqu’à 3 heures. A mon avis, cette unité entre la culture et un certain ’appétit’ de la prière sont très importants pour faire grandir l’Eglise. »

Apprendre aux chrétiens à aimer la politique, pour lutter contre la corruption

L’Eglise joue un rôle important dans la société ivoirienne. Elle a publié récemment un livre intitulé « Le chrétien face à la politique », dans lequel les évêques expliquent aux fidèles comment les hommes politiques doivent se comporter. « Il nous faut le faire souvent fortement et parfois même avec menace, ce qui demande beaucoup d’humilité. Mais nous ne pouvons pas ne pas dénoncer ! C’est notre unique moyen de réagir face à la corruption et aux dérives politiques que notre pays rencontre. Il faut que les chrétiens apprennent à aimer la politique. Et pour cela, nous devons former les laïcs professionnellement pour les rendre capables de travailler pour la justice et la paix dans la société africaine. Dans cet objectif, nous sommes actuellement sur un projet de création d’une Université catholique à Abidjan. (apic/as/imedia/be)

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