Afghanistan: Les Talibans ne reculent pas devant la barbarie culturelle, l’UNESCO alertée
Kaboul, 27 février 2001 (APIC) Les Talibans, fondamentalistes islamiques au pouvoir en Afghanistan, ne reculent pas devant la barbarie culturelle au nom de la pureté de l’islam. Les responsables des Talibans ont en effet donné l’ordre de détruire toutes les statues du pays, dont de précieux trésors pré-islamiques, au grand dam de l’UNESCO, l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
Des statues géantes de Bouddha creusées dans le roc, qui comptent parmi les chefs-d’œuvre de l’art bouddhique en Afghanistan, sont visées par le Mollah Mohammed Omar, le chef des Talibans à Kaboul, ainsi que des mausolées hindous dans la province de Bakhtiar.
Dans une « fatwa », un édit religieux publié par l’agence de presse Bakhtar, contrôlée par les Talibans, le Mollah Omar affirme que les statues en question « insultent l’islam » et devraient être détruites afin qu’elles ne puissent plus jamais servir à la prière. « Certains croient en ces statues et leur offrent des prières », affirme le Mollah, mais le pouvoir en place à Kaboul ne permet de telles croyances.
Seulement « casser des pierres »
Pour le chef des Talibans, il ne s’agit que « de casser des pierres ». Mohammed Omar estime que détruire ces statues est une « injonction de l’islam (…), la seule loi que j’accepte ».
Avant l’arrivée de l’islam, l’Afghanistan fut un grand centre bouddhiste. Le pays compte de nombreux chefs-d’œuvre de l’art bouddhique. Dans les hautes falaises de la petite ville de Bamyan, à l’Ouest de Kaboul, on peut admirer des centaines de cellules de moines bouddhistes et due gigantesques statues de Bouddhas, hautes de 53m et 35 m, datant des Ve et VIe siècle de notre ère.
L’annonce de la destruction possible de chefs-d’œuvre de l’humanité par les Talibans a suscité une vive réaction au niveau international. La perte de monuments de grande valeur et d’œuvre d’art, détruits par les « étudiants en religion », a incité l’UNESCO a intervenir. Une délégation de diplomates occidentaux se trouve actuellement dans la capitale, Kaboul, pour tenter d’attirer l’attention des responsables afghans sur leur devoir de préserver le riche héritage culturel de l’Afghanistan.
Musée National: œuvres visées par les iconoclastes
Le décret ordonnant la destruction des statues a été pris au moment où la délégation demandait des explications sur la destruction supposée d’une douzaine d’œuvres d’art du Musée National de Kaboul. Parmi les œuvres visées par les iconoclastes, un Bouddha assis datant de près de 2’000 ans. Les Talibans ont nié avoir procédé à ces destructions. Pour les Talibans, qui ont une vision extrémiste de l’islam, les photos d’êtres vivants, les films, la télévision et la musique sont interdits, car considérés comme « blasphématoires ».
Dans une interview avec le service en langue pachtoune de la BBC, le Mollah Abdul Hai Motmain, un porte-parole des Talibans, a déclaré que l’on priait ces statues, ce qui est interdit par le Coran. Selon lui, c’est la politique du Prophète et des saints hommes musulmans, remontant à des temps immémoriaux, de détruire les faux dieux. L’islam, a-t-il déclaré, a vaincu et aboli toutes les autres religions. Mollah Abdul Hai Motmain refuse d’accepter que l’islam appelait au respect des autres croyances. Ceux qui vénèrent les statues sont les ennemis des Talibans, a-t-il ajouté. (apic/bbc/be)
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