Italie: L’archevêque de Milan n’exclut pas un nouveau Concile. Et même œcuménique

Le cardinal Martini pour d’ »autres formes » de collégialité

Milan, 17 janvier 2001 (APIC) Le cardinal Carlo Maria Martini insiste sur la nécessité d’ »autres formes concrètes » de collégialité dans l’Eglise, et n’ »exclut » pas la possibilité d’un nouveau Concile. Interrogé par le quotidien italien « Corriere della Sera » sur la lettre « Au début du troisième millénaire » publiée par Jean Paul II pour la clôture du jubilé le 6 janvier 2001, l’archevêque de Milan insiste sur l’invitation du pape à plus de « communion » dans l’Eglise. « Il ne s’agit pas seulement d’adapter les structures extérieures de la participation et de la collégialité », précise-t-il, mais de favoriser « une croissance de tous dans l’esprit de communion ».

L’archevêque de Milan soulève la possibilité d’ »un Concile oecuménique pour le troisième millénaire ». Il rappelle à ce sujet son intervention faite le 7 octobre 1999 lors du Synode pour l’Europe au Vatican. Il avait alors demandé, en présence de Jean Paul II, « de nouvelles et plus larges expériences de collégialité » pour les évêques, voire la création d’un « instrument plus universel » qui ait « plus de poids » qu’un Synode, pour pouvoir « délier les noeuds disciplinaires et doctrinaux qui réapparaissent périodiquement dans l¹Eglise ».

Ces propos avaient été alors interprétés par beaucoup comme une invitation lancée au pape à convoquer un nouveau Concile. « Je n’avais pas du tout exclu un nouveau Concile », affirme l’archevêque de Milan le 17 janvier. « Mais je considère que la formule qui a été utilisée parfois pour interpréter ma pensée, comme s’il s’agissait d’attendre un Concile Vatican III, était impropre et prêtait à confusion ». Pour le cardinal Martini, « il y a eu Vatican II qui a été un Concile traitant de tous les sujets, et un tel Concile ne peut évidemment pas se répéter facilement dans l’histoire de l’Eglise ».

« Je n’exclus pas qu’’il puisse y avoir un Concile oecuménique pour le troisième millénaire, quand ce sera le moment et quand le pape voudra le convoquer », répète toutefois le cardinal Martini, pour qui « il serait bon de s’écouter dans des contextes collégiaux qui soient les plus larges possibles » sur les « problèmes émergents » de l’Eglise.

Les formes possibles

Le cardinal Martini souligne ainsi que l’on ne peut pas exclure la possibilité d’un nouveau Concile uniquement à cause de la difficulté de son organisation matérielle. Le Concile est « prévu par le droit canon comme une possibilité permanente pour la vie de l’Eglise », fait-il remarquer. Les difficultés d’organisation peuvent aujourd’hui être résolues plus facilement grâce aux moyens de transports et de communication, et grâce à des « formules nouvelles ». L’archevêque suggère par exemple que la « convocation plénière » des évêques soit précédée par des « convocations régionales ». Il signale également l’importance ­ et la complexité – de la participation des orthodoxes et des proestants, d’une manière ou d’une autre, à un tel Concile. « Un Concile oecuménique est une hypothèse certainement ardue, conclut-il, mais non pas impensable ». En attendant, il invite d’ores et déjà à utiliser « les nombreuses autres formes concrètes de collégialité » qui existent dans l’Eglise, et qui pourraient être davantage « développées ».

Jérusalem: le feu couvait

Le cardinal Martini invite également à un « effort de communication » des chrétiens sur les questions actuelles liées à la vie et à la biotechnologie. Il leur faut présenter les options de l’Eglise sur ces sujets « avec des arguments rationnels et convainquants », sans « se limiter à dire que telle est la doctrine de l’Eglise », insiste-t-il. Dans ce domaine, la seule condamnation n’est pas suffisante, et peut même produire l’effet contraire, ajoute-t-il. Il faut au contraire rendre les positions de l’Eglise autant que possible accessibles et acceptables, pour aider la compréhension de ceux qui pensent différemment, sans qu’ils se sentent condamnés. Un tel effort d’explication sera plus efficace, estime l’archevêque de Milan, et empêchera tout « soupçon » de volonté de « domination » de l’Eglise.

Enfin, le cardinal Martini évoque dans cet entretien la question de Jérusalem. « Le feu couvait toujours sous la cendre, et l’on ne doit donc pas s’étonner que la flamme ne soit ravivée », estime-t-il. (apic/imed/pr)

webmaster@kath.ch

Portail catholique suisse

https://www.cath.ch/newsf/italie-l-archeveque-de-milan-n-exclut-pas-un-nouveau-concile-et-meme-oecumenique/