Nigeria: Réduction de peine pour une jeune condamnée au fouet et au bâton

100 coups « seulement » au lieu de 180: la charia est passée par là

Zamfara, 18 janvier 2001 (APIC) 100 coups de bâton au lieu 100. Merci la charia. Les autorités de l’Etat de Zamfara (nord-ouest du Nigeria) ont réduit la peine infligée en septembre dernier à Bariya, jeune fille de 17 ans – et sans doute bien moins -, coupable d’avoir enfreint la charia, la loi islamique, et d’avoir mis au monde un enfant sans être mariée: au lieu de 180 coups de fouet, elle n’en recevra « que » 100. Une punition « douce », version loi islamique, aux dire du tribunal.

La jeune Bariya Ibrahim Magazu, la victime, avait désigné trois agriculteurs de son village comme étant les pères potentiels. Le tribunal, islamique, n’a pas jugé bon de la croire. La sentence a été suspendue jusqu’à la naissance de l’enfant, à la mi-décembre, puis la condamnée a bénéficié de 45 jours pour tenter de faire réviser la peine.

L’attention internationale s’est portée sur l’affaire, choquée et scandalisée. Amnesty International en a fait un symbole de sa bataille pour la défense des droits de l’Homme.

Le Zamfara est le premier Etat nigérian où la charia a été introduite, l’an passé. Celle-ci prévoit entre autres de fortes limitations à la liberté d’expression et de religion, l’amputation pour punir le vol et les délits mineurs, la lapidation pour punir l’adultère, la flagellation pour punir la consommation d’alcool et la stricte séparation entre hommes et femmes

Le tribunal a « reconnu que la sentence prononcée en vertu de la loi islamique (charia) à l’égard de Bariya Ibrahim Magazu en septembre dernier était trop sévère », a indiqué le greffier en chef Mohammed Tukur Anka. La jeune maman célibataire, dont l’âge est sans doute bien plus jeune que celui avancé par les autorités – entre 14 et 15 ans – et qui a accouché en décembre, attend maintenant de subir son sort, fixé dans un premier temps par le tribunal à 100 coups de bâton pour « zina » (relations sexuelles hors mariage) et à 80 coups pour « qadhf » (accusations mensongères).

« Il y a eu malentendu dès le début. La jeune fille n’est coupable que d’un crime et non de deux. En conséquence de quoi sa peine a été réduite à seulement 100 coups de badine », a précisé le greffier en chef.

La « douceur », version charia de recevoir des coups de bâton

L’adolescente devait originellement recevoir sa punition le 27 janvier, 40 jours après son accouchement. Cette date a été différée, en attendant un avis médical. « Si la jeune fille n’est pas en assez bonne santé pour le subir, le châtiment ne sera pas appliqué », indique encore Anka. Le sort de Bariya Ibrahim Magazu a ému le mois dernier le gouvernement canadien ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme. L’attention internationale est choquée et scandalisée. Un appel d’Amnesty International a de plus été déposé auprès du président nigérian Olusegun Obasanjo, un chrétien, pour que l’adolescente soit épargnée.

Selon les militants des droits de l’Homme, la peine encourue pourrait être fatale à la jeune fille. Anka a estimé que ces militants faisaient montre dans cette affaire de leur ignorance en matière de droit islamique. « Selon la loi islamique sacrée, l’homme qui donne le fouet doit avoir une copie du Coran sacré sous le bras: il ne peut ainsi lever le bras bien haut. C’est une punition très douce (sic). Elle ne devrait laisser aucune trace sur son corps (resic), a-t-il expliqué. (apic/avec les agences/pr)

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