Argentine: Soeur Alice, victime du capitaine Astiz, crève l’écran

Buenos Aires, 5 juillet 2001 (APIC) Au moment où l’on reparle du capitaine Alfredo Astiz – actuellement détnu et dont la France et l’Italie réclament l’extradition -, l’un des tortionnaires les plus féroces de la dictature militaire en Argentine, un film consacré à l’une de ses victimes, la religieuse française Alice Domon, remporte un grand succès à Buenos Aires.

Deux religieuses françaises figurent parmi les victimes du capitaine Alfredo Astiz, condamné à la prison à vie en 1990 par un tribunal français. Les autorités italiennes le réclament pour la disparition de trois citoyens italiens.

Entre-temps, la projection du film « Yo sor Alice » (Moi, soeur Alice) dans une salle de Buenos Aires continue d’avoir un grand succès depuis deux mois. Il s’agit d’un documentaire qui, à travers la correspondance de cette religieuse, reconstruit les années obscures de la dictature militaire.

Alice Domon, arrivée en Argentine en 1967, a été une religieuse toujours proche des pauvres. En 1976, s’étant rangée du côté des mères qui réclamaient des nouvelles concernant leurs fils disparus, elle fut séquestrée avec sa consoeur française Léonie Duquet, ainsi qu’un groupe de laïcs qui se réunissaient pour prier dans l’église de Santa Cruz. Le capitaine Alfredo Astiz était parvenu à s’infiltrer parmi eux. Accusées de « subversion communiste, les deux religieuses françaises furent torturées et violées avant d’être assassinées en décembre 1977. En Argentine, le souvenir du bien réalisé par ces religieuses est aussi vivant que celui de la cruauté et du mépris de la vie humaine d’Alfredo Astiz.

Alice Domont et Léonie Duquet, assassinées en décembre 1977, étaient toutes deux originaires du diocèse de Besançon et appartenaient à l’Institut des Missions Etrangères de Notre-Dame de la Motte, fondé par une Argentine dans le diocèse de Toulouse. Léonie Duquet était arrivée dans le pays en 1949 et Alice Domon en 1967. La justice française, après avoir réclamé en vain l’extradition d’Alfredo Astiz, responsable de l’enlèvement des deux religieuses, a condamné celui-ci par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité en 1990.

Astiz est actuellement emprisonné à Buenos Aires. Il s’est lui même livré aux autorités il y a quelques jours, après avoir appris que la magistrature italienne avait à son tour émis un mandat d’arrêt international contre lui.

Impunité assurée

Même s’il est tristement célèbre pour son passé d’auteur de tortures, l’ancien militaire est convaincu qu’il échappera à la justice étrangère. Il vient d’être rassuré par la déclaration que le ministre de la Défense argentin Horacio Jaunarena a formulée ce mardi, en confirmant la position, bien connue, du gouvernement de Buenos Aires sur la question: « Tout crime commis sur le territoire argentin doit être jugé par un tribunal argentin ». D’autant plus rassuré qu’il ne sera pas non plus jugé dans son pays, en vertu des lois du « point final » et de « l’obéissance due » approuvées pour réguler le passage du pouvoir militaire à la démocratie.

Ces lois prévoient en effet l’impunité même pour les membres les plus sanguinaires de l’ancien régime. Le Tribunal pénal international de La Haye est décidément bien loin de l’Amérique latine. (apic/sk)

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