Les victimes de l’époque attendent encore les excuses de l’Eglise
Montréal, 10 juillet 2001 (APIC) Le Québec règle l’affaire des « orphelins de Duplessis ». Il aura fallu plus de 50 ans pour parvenir à un arrangement, même si l’accord trouvé ne refermera de loin pas les plaies. Le Comité des orphelins a finalement accepté le programme d’indemnisation du gouvernement d’un montant de 31 millions d’euros (près de 50 millions de francs suisses).
Entre 1940 et 1950, des orphelins québécois avaient été déclarés « fous » pour une sordide affaire de subventions. Les survivants des quelque 3’000 enfants victimes de communautés religieuses seront indemnisés. Le président de la Conférence des évêques du Québec se réjouit de l’accord. Mais il ne se prononce pas sur une éventuelle demande de pardon de l’Eglise ou d’une compensation financière. Une attitude que critique Bruno Roy, porte- parole des orphelins. « Une telle participation constituerait une réponse sans équivoque à l’appel pressant du premier ministre à une réconciliation nationale », confie-t-il au quotidien catholique français « La Croix ».
En espérant que l’Eglise ajoutera aussi une compensation financière, le comité des orphelins a donc finalement accepté le programme d’indemnisation du gouvernement. Cet accord prévoit le versement à chacune de plus d’un millier des victimes encore en vie, une indemnité moyenne de 19’500 euros (près de 30’000 frs). Une telle acceptation de la proposition du gouvernement québécois interdit en principe toute demande additionnelle ou poursuite contre les congrégations religieuses.
Scandale
L’origine du scandale est purement financière. A l’époque les communautés religieuses dirigeaient les réseaux de la santé et d’éducation du Québec. En manque de fonds, celles ayant en charge les orphelins firent appel au Premier ministre de la Belle Province d’alors, Maurice Duplessis.
Les caisses du Québec étant vides, le chef du gouvernement avait proposé à l’archevêque de Montréal de l’époque de transformer ces établissements en hôpitaux psychiatriques, car le régime de prise en charge par Ottawa accordait une subvention quotidienne de 70 cents pour les orphelins, contre 2,50 dollars pour un interné psychiatrique.
Près de 3’000 enfants ont ainsi été déclarés fous et parqués avec de vrais malades mentaux. La camisole de force fut passée à ceux qui osèrent protester. Electrochocs et lobotomies furent également scandaleusement pratiqués. Certains ont été brutalisés ou agressés sexuellement.
La satisfaction des orphelins de Duplessis n’est cependant pas totale, notamment en raison de l’attitude de l’Eglise catholique, dont ils attendent au moins des excuses. Choses que l’Eglise n’envisage pas de faire pour l’heure, au vu du silence du président de la Conférence des évêques du Québec, Mgr Pierre Morissette qui, selon « La Croix », est demeuré muet sur la question. (apic/cx/sk/pr)
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