Déclaration « inopportune et scandaleuse »
Dakar, 20 août (APIC) Opposé à l’indemnisation des victimes de l’esclavage, le président sénégalais Abdoulaye Wade a été désavoué par le Comité de pilotage africain de la Conférence mondiale contre le racisme. Sa prise de position a été qualifiée par le Comité d’ »inopportune et scandaleuse ».
La Conférence mondiale de l’ONU contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée (CMCR), se tiendra du 31 août au 7 septembre prochain au Centre international des conventions à Durban, en Afrique du Sud. L’indemnisation de l’Afrique, qui a terriblement souffert des rafles des esclavagistes, suscite la controverse, les Etats-Unis en particulier, mais aussi l’Europe, étant opposés à toute réparation.
La récente déclaration du président Abdoulaye Wade contre tout dédommagement financier des Africains pour cause d’esclavage a provoqué un tollé au Sénégal même. Alioune Tine, membre du Comité de pilotage, a été aussitôt convoqué à la police pour ces critiques.
Un coup de poignard dans le dos des Africains
Secrétaire exécutif de la RADDHO (Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme), il a déclaré que « dans le contexte des négociations actuelles et au regard des enjeux qu’elles représentent pour l’Afrique et les populations africaines de la diaspora, cette déclaration (du président Wade) est inopportune et scandaleuse ».
« Au moment où les négociations sont tendues, où les représentants africains subissent, mais résistent aux pressions européennes et américaines, nous ne devons pas avoir l’impression d’être le ventre mou de l’Afrique », a-t-il poursuivi lors d’une conférence de presse. Selon lui, M Abdoulaye Wade est un chef d’Etat et sa sortie « déstabilise l’unité africaine ». « Nous sommes maintenant interpellés et en pleines négociations par nos interlocuteurs sur la déclaration de M. Wade », faisant remarquer que du côté du groupe africain, « il ne saurait être question de céder sur la reconnaissance de la traite transatlantique, l’esclavage et la colonisation comme crime contre l’humanité et les mesures compensatoires ». Les propositions américain et européenne consistant à n’exprimer que de profonds regrets pour la traite négrière et leur refus systématique de dire pardon aux Africains, ne peuvent être acceptés, a estimé Alioune Tine.
Intimidation de la police
En début de semaine dernière, le président Abdoulaye Wade avait dit aux correspondants étrangers à Dakar être « opposé à toute demande de réparation financière à l’Afrique » pour l’esclavage pratiqué dans le continent. C’est un tort qui ne peut être évalué en termes pécuniaires et en milliards de dollars, avait-il notamment souligné. Dans sa conférence de presse, le secrétaire exécutif de la RADDHO a estimé que les propos du chef de l’Etat sénégalais revient à vouloir faire capituler le groupe africain en tentant de le déstabiliser. « Si vraiment c’est pour tenir de tels propos que le président envisage d’aller à Durban, autant qu’il reste à Dakar », a-t-il conclu. Samedi, A. Tine a été convoqué par la police pour être entendu sur sa déclaration devant les journaliste. Les partis politiques de l’opposition, regroupés au sein d’un collectif ont immédiatement condamné cette convocation qu’ils ont qualifié « d’intimidation ». (apic/ibc/be)
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