Pour le général Aoun, c’est grâce à l’intervention du pape

Liban: Libération 75 militants chrétiens anti-syriens

Beyrouth, 21 août 2001 (APIC) 75 militants chrétiens, responsables, cadres et partisans des Forces libanaises et du courant « aouniste », arrêtés le 7 août par les Services de Renseignements de l’armée libanaise (SR), ont été libérés au terme de deux semaines de détention préventive. Le général Michel Aoun, depuis son exil de Paris, a déclaré estimé que le message du pape dimanche, condamnant les rafles menées de ces dernières semaines au Liban, avait joué un rôle certain pour ces libérations.

Dimanche, après la traditionnelle prière de l’angélus, le pape avait vivement critiqué la vague d’arrestations frappant les milieux d’opposition au Liban et lancé un appel en faveur d’un Liban « pluraliste et libre ». Le dimanche précédant, depuis sa résidence d’été de Dimane, le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, avait dénoncé le « comportement honteux » des SR et relevé le peu de crédibilité de la thèse du « complot israélien » de partition du Liban mené en collusion avec les éléments anti-syriens.

Atteinte aux relations avec un pays frère

Parmi les personnes relâchées par le pouvoir figurent notamment le coordinateur du Courant patriotique libre (CPL), le général Nadim Lteif, chef des partisans du général Michel Aoun en exil à Paris. Ils étaient accusés « d’atteinte aux relations avec un pays frère », sous-entendu la Syrie, et « d’insultes au chef de l’Etat », le président Emile Lahoud. Parmi les autres raisons évoquées par le général Aoun, la crainte des effets probables de ces arrestations sur le prochain sommet de la francophonie à Beyrouth.

L’opposant en exil a également indiqué qu’il émettait des réserves concernant les accusations portées contre les membres des Forces libanaises (FL) Toufic Hindi, ex-conseiller politique des FL, Elie Keyrouz, Selmane Samaha et contre les journalistes Habib Younès, secrétaire de rédaction du bureau de Beyrouth pour le quotidien arabe Al-Hayat édité à Londres, et Antoine Bassil, de la télévision MBC. Les SR libanais font état d’un « complot israélien » pour justifier les arrestations. Et le général Aoun d’affirmer qu’ »Israël est devenu pour ce régime et ses amis la source de la vie. Ils le combattent en apparence, coopèrent avec lui secrètement, et c’est nous qui en sommes les victimes. »

Le Comité islamo-chrétien dénonce les atteintes aux libertés

Le Comité de dialogue islamo-chrétien au Liban a également dénoncé dans un communiqué les atteintes aux libertés perpétrés ces derniers temps au Liban. « Les libertés constituent l’une des valeurs sur lesquelles repose ce pays, affirme le Comité, et toute atteinte à ces libertés, publiques ou privées, équivaut à une trahison du message du Liban. »

Le Comité de dialogue islamo-chrétien estime encore que la récente visite effectuée par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir dans la Montagne du Chouf, dans une région où vivent druzes et chrétiens, ainsi qu’à Jezzine et à Aley, a eu des conséquences qui traduisent la volonté de tout le peuple libanais de réaliser l’unité nationale. « Cette visite prépare le terrain à une étape de réconciliation plus vaste et plus profonde, qui affirmerait l’attachement au message de coexistence qui constitue l’une des particularités de ce pays ».

Les SR, placés sous l’autorité du chef de l’Etat, ont arrêté du 5 au 8 août – à l’insu du gouvernement – près de 200 activistes chrétiens hostiles à la tutelle syrienne sur leur pays. Après la libération de lundi, encore 17 opposants, appartenant pour la plupart au mouvement interdit des Forces libanaises (FL) et deux journalistes, restent toujours détenus. (apic/orj/be)

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