Sénégal: Les intellectuels chrétiens du Sénégal absents de la conférence de Durban
Dakar, 3 sept (APIC) Si les intellectuels chrétiens du Sénégal sont absents, faute de moyens, de la Conférence de l’ONU sur le racisme à Durban, ils participent au débat dans leur propre pays. Ils rappellent ainsi la demande de pardon à l’Afrique du pape Jean Paul II pour l’esclavage et la traite des Noirs ayant marqué une partie de l’histoire du continent entre les XV et XIXe siècles.
En février 1992, lors d’une visite pastorale au Sénégal, le Saint Père a demandé pardon à l’Afrique pour la traite négrière. Un pardon présenté aux Africains non pas parce qu’il est « originaire d’un pays européen qui a pratiqué l’esclavage, mais parce que la religion qu’il incarne a une responsabilité dans la traite des Noirs », souligne Théodore Ndiaye, président de l’association « Présence Chrétienne », un regroupement de cadres et d’intellectuels chrétiens du Sénégal.
Théodore Ndiaye est également membre du Conseil pontifical pour les laïcs à Rome et préésident de Caritas-Sénégal. L’organisation « Présence Chrétienne » n’a pu faire le déplacement de Durban par manque de moyens. Elle est toutefois solidaire de l’attitude des organisations chrétiennes africaines, mieux organisées, qui participent à la conférence. Ces organisations se feront entendre, de concert avec les associations de la société civile qui demandent l’annulation de la dette et des réparations pécuniaires.
« Ces dernières ne devraient pas être de l’argent que les gens toucheraient pour se le mettre en poche ou dont des responsables se serviraient ou mettraient sur des comptes en banque », a-t-il indiqué. Il propose que « cette réparation ne soit pas sous forme d’argent, mais plutôt une aide qu’il convient d’accorder à l’Afrique pour lui permettre de sortir des difficultés actuelles ».
L’Eglise concernée par le débat sur le racisme
Le débat sur le racisme intéresse l’Eglise et les chrétiens à travers un certain nombre de faits, relève Théodore Ndiaye, dans une interview publiéepar le quotidien sénégalais, « L’Aurore ». Outre la pardon du pape, au nom de la communauté chrétienne et de « tous les hommes qui se sentent solidaires de sa démarche », il y a celui exprimé par les évêques d’Afrique. C’était en mars 2000, lors d’un Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et de Madagascar (Sceam) à Dakar.
La trentaine de prélats présents se sont rendus à Gorée (*). Ils ont fait ce pèlerinage et, à la suite du pape, ont fait une déclaration de demande de pardon pour ce « crime contre l’humanité ». Selon le président de « Présence Chrétienne », le crime qu’est la traite des Noirs a d’ailleurs a été évoqué par l’Eglise depuis très longtemps, au XVe siècle. « C’est le pape Pie II qui, envoyant des missionnaires en Afrique, leur disait de parler de ce crime terrible qu’il appelait « celus magnum », c’est-à-dire ce crime terrible contre l’humanité, qui se commettait contre les pays où ils allaient en mission », rappellent Théodore Ndiaye.
Exigence de réparation
« Nous sommes en droit de dire, nous chrétiens laïcs, que nous ne sommes pas hors de ce débat et nous demandons, à la suite du pape et d’une façon très nette, l’annulation de la dette et réparation », a-t-il poursuivi. Il a estimé que les formes de réparation peuvent être multiples, « mais il est tout à fait juste et normal que, pour la défense de la dignité humaine, pour la justice et pour la solidarité, que nous chrétiens puissions, à la suite de tous ces combattants africains, demander annulation de la dette et réparation. C’est justice et c’est vérité ». (apic/ibc/be)
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