« Il est « urgent d’apporter une solution au conflit israélo-palestinien »
Rome, 11 décembre 2001 (APIC) Le « droit de se défendre contre le terrorisme » doit « répondre à des règles morales et juridiques » et il est « urgent » d’apporter une solution au conflit israélo-palestinien, affirme Jean Paul II dans son message pour la 35ème journée mondiale de la paix prévue le 1er janvier 2002. Publié le 11 décembre 2001 – et signé le 8 décembre – en sept langues, ce message intitulé « il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon » s’adresse aux croyants, aux non-croyants, aux chefs politiques et aux terroristes eux-mêmes.
« Cette année, la Journée mondiale de la paix est célébrée sur l’arrière plan des événements dramatiques du 11 septembre dernier », commence Jean Paul II dans son message. « Depuis lors, dans le monde entier l’humanité a pris conscience, avec une intensité nouvelle, de la vulnérabilité de chacun et elle a commencé à envisager l’avenir avec un sentiment jusqu’alors inconnu de peur profonde », ajoute-t-il.
Constatant que ces dernières années le terrorisme « s’est transformé en un réseau sophistiqué de connivences politiques, techniques et économiques » au niveau mondial, Jean Paul II analyse tout d’abord « ce phénomène ». « Nous seulement il est à l’origine de crimes intolérables, mais il constitue en lui-même, en tant que recours à la terreur (.), un véritable crime contre l’humanité », affirme-t-il.
De ce fait, constate le pape, « il existe un droit de se défendre contre le terrorisme ». Mais ce droit, explique-t-il, « doit répondre à des règles morales et juridiques tant dans le choix des objectifs que dans celui des moyens ». Il précise en particulier que « l’identification des coupables doit être dûment prouvée, car la responsabilité pénale est toujours personnelle et on ne peut donc l’étendre aux nations, aux ethnies et aux religions auxquelles appartiennent les terroristes ». « La prétention qu’a le terrorisme d’agir au nom des pauvres est une flagrante imposture », ajoute Jean Paul II en rappelant l’importance « d’affirmer clairement que l’on ne peut jamais prendre prétexte des injustices qui existent dans le monde pour justifier les attentats terroristes ».
Le terrorisme exploite non seulement l’homme, mais Dieu
« On ne tue pas au nom de Dieu! », lance ensuite Jean Paul II pour qui « aucun responsable religieux ne peut user d’indulgence à l’égard du terrorisme et moins encore le préconiser ». « A y regarder de près, le terrorisme exploite non seulement l’homme, mais Dieu lui-même, dont il finit par faire une idole qu’il utilise à ses propres fins », explique-t-il.
Mais pour le pape, l’Eglise est « convaincue que le mal n’a pas le dernier mot dans les vicissitudes humaines ». « Avec la grâce de Dieu, le monde, où le pouvoir du mal semble une fois encore l’emporter, sera réellement transformé en un monde où les aspirations les plus nobles du coeur humain pourront être satisfaites, un monde où prévaudra la vraie paix », explique-t- il.
Rappelant que lui-même a connu les « indicibles souffrances causées par les totalitarismes nazi et communiste », Jean Paul II invite alors les victimes de la violence au pardon. « La journée mondiale de la paix offre cette année à toute l’humanité, mais tout particulièrement aux chefs des nations, l’occasion de réfléchir aux exigences de la justice et à l’appel au pardon face aux graves problèmes qui continuent d’affliger le monde, aux premiers rangs desquels il y a le nouveau degré de violence introduit par le terrorisme organisé », affirme le message.
« Mais que signifie concrètement pardonner? Et pourquoi pardonner? », demande ensuite le pape. « C’est seulement dans la mesure où l’on proclame une éthique et une culture du pardon que l’on peut aussi espérer en une politique du pardon, qui s’exprime dans des comportements sociaux et des institutions juridiques dans lesquels la justice elle-même puisse prendre un visage plus humain », répond-il.
La paix n’est possible qu’à travers le pardon
« La paix est la condition du développement, mais une paix véritable n’est possible qu’à travers le pardon », déclare Jean Paul II. « La communauté internationale elle-même a besoin de s’ouvrir au pardon pour renouer les liens rompus, pour dépasser les situations stériles de condamnations réciproques, pour vaincre la tentation d’exclure les autres en leur refusant toute possibilité d’appel », affirme-t-il.
Le pape fait alors allusion aux « situations tragiques de conflits qui, depuis trop longtemps, entretiennent des haines profondes et destructrices, avec la spirale sans fin de tragédies personnelles et collectives qui s’ensuit ». Il cite en particulier « ce qui se passe en Terre Sainte ». « Il est urgent d’apporter une solution au conflit arabo-israélien », lance-t-il. Jean Paul II demande alors l’instauration « d’une ère nouvelle de respect mutuel et d’accord constructif ».
Pour cela, il invite particulièrement les responsables religieux à exercer leur « responsabilité spécifique ». « Les religions doivent se mettre d’urgence au service de la paix entre les peuples », affirme le pape, en invitant à cette occasion les responsables religieux juifs, chrétiens et musulmans « à prendre l’initiative par une condamnation publique du terrorisme, refusant à ceux qui s’y engagent toute forme de légitimation religieuse ou morale ».
Le sentiment religieux, antidote contre la violence et les conflits
Jean Paul II rappelle alors la prochaine rencontre interreligieuse prévue à Assise le 24 janvier 2002 à son initiative. Cette rencontre pourrait être l’occasion pour les représentants des principales religions dans le monde de condamner ensemble tout forme de terrorisme. Mais l’objectif principal, souligne le pape dans son message pour la paix, sera de « montrer que le sentiment religieux authentique est une source inépuisable de respect mutuel et d’harmonie entre les peuples » et qu’en lui « réside le principal antidote contre la violence et les conflits ».
« Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon », affirme enfin Jean-Paul II dans son message. « Je ne me lasserai pas de répéter cet avertissement à ceux qui, pour un motif ou un autre, nourrissent en eux la haine, des désirs de vengeance et des instincts destructeurs », conclut-il. (apic/imed/bb)
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