Pas de liberté religieuse dans la « grande mosquée »
Rome/Riyad, 3 janvier 2002 (APIC) A l’aube de la nouvelle année, en Arabie Saoudite, 13 chrétiens sont toujours derrière les barreaux de la prison de Sharafiah. Ces travailleurs immigrés enfermés pour leur foi n’ont pas été libérés à Noël, contrairement aux promesses du gouvernement de Riyad, déplore jeudi l’agence d’information vaticane Fides.
Les détenus, accusés d’avoir diffusé de la propagande religieuse chrétienne, ont été arrêtés par la police religieuse saoudienne entre juillet et septembre derniers à Djeddah. Les noms des détenus sont Prabhu Isaac (Inde); Eskinder Menghis, Kebrom Haile, Joseph Girmaye (Erythrée); Gabayu Tefer, Tinsaie Gizachew, Bahru Mengistu, Beferdu Fikri, Mesfin Berhanu, Gene Haileab, Worku (Ethiopie); Afobunor Okey Buliamin (Nigeria); Dennie R. Moerno Lacalle (Philippines).
Sept d’entre eux sont des hommes mariés avec enfants. Ces travailleurs immigrés sont tous employés dans des entreprises saoudiennes. Ils ont été découverts par la police religieuse alors qu’ils se réunissaient dans leurs habitations privées pour des rencontres de prières. Selon l’organisation de défense des chrétiens persécutés « Middle East Concern », après l’amnistie générale concédée en décembre 2001 par le roi pour la fin du Ramadan, les autorités de Riyad avaient promis de libérer les chrétiens à l’occasion de Noël, puis de les expulser du pays.
Traités comme des criminels
Christian Solidarity Worldwide (CSW), association de défense des chrétiens dans le monde, affirme que les conditions carcérales à Djeddah sont inhumaines et les conditions d’hygiène déplorables. Les visites des membres de la famille sont interdites, et les visites consulaires sont très difficiles à obtenir. Stuart Windsor, directeur national de CSW, se dit « déconcerté par la manière dont ces hommes sont traités. Ils ne sont coupables de rien d’autre que d’avoir pratiqué leur foi chrétienne en privé. Mais ils ont été jetés en prison et traités comme des criminels ».
Les interventions des ambassades étrangères en faveur de leurs ressortissants n’ont pas fait plier les autorités saoudiennes, qui se savent protégées par les puissances occidentales. Le 10 décembre dernier, le roi Fahd a promulgué une amnistie pour quelque 12’000 prisonniers, soit près de la moitié de la population carcérale du pays. Mais les prisonniers chrétiens accusés de « crimes religieux » n’ont pas bénéficié de ces largesses.
Interdiction de la pratique publique des cultes non musulmans
En Arabie Saoudite, toute manifestation religieuse publique autre que la foi musulmane est prohibée. La pratique religieuse en privé est en théorie permise, mais une police religieuse spécialisée veille et peut arrêter des suspects. Connue sous le nom d’Al Mutawaeen ou de Hayat al Amr bil Maaruf wan Nahi an al Munkar (Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice, CPVPV), elle a pour mission de veiller au strict respect des règles de conduite établies. Cet organisme, en théorie semi- autonome, ?uvre dans la pratique en étroite collaboration avec la police et les gouverneurs des différentes localités.
Selon les observateurs, il est piquant de constater qu’il n’y a pas de liberté religieuse dans la « grande mosquée » – c’est ainsi que l’Arabie Saoudite définit son territoire – alors que ce pays est considéré comme l’un des plus fidèles alliés du « monde libre » en lutte contre l’intégrisme religieux. (apic/ai/fides/be)
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