La nouvelle donne d’une rencontre interreligieuse

D’Assise à Assise II

Rome, 18 janvier 2002 (APIC) Le 24 janvier prochain, près de 300 personnalités religieuses de 14 religions différentes participeront à la seconde grande rencontre interreligieuse convoquée par Jean Paul II à Assise, après celle du 27 octobre 1986. La liste officielle – mais non encore close – des participants à la rencontre a été publiée le 18 janvier 2002 par le Saint-Siège. Alors qu’à l’époque du premier rendez-vous la guerre nucléaire menaçait le monde, aujourd’hui, l’enjeu de la rencontre d’Assise II est marqué par les événements du 11 septembre dernier et par la situation en Terre Sainte. Chrétiens, musulmans et juifs condamneront ensemble toute instrumentalisation de la religion.

Cet appel devrait également avoir des répercussions dans le monde entier, plus particulièrement dans les autres pays où sévit le terrorisme ou d’autres formes de conflit. Ainsi, on remarque la présence de représentants catholiques et musulmans d’Algérie, de catholiques d’Espagne, de musulmans du Pakistan et d’hindous d’Inde, de musulmans d’Iran, de Jérusalem, de Bosnie ou encore d’Arabie Saoudite.

Le pape avait annoncé son intention d’inviter les représentants des religions du monde à Assise le 24 janvier prochain, au cours de l’Angélus du 18 novembre, afin de prier « pour dépasser les oppositions et promouvoir une paix authentique ». A l’inquiétude d’un conflit mondial entre civilisations, Jean Paul II avait répondu en invitant à la rencontre de ces mêmes civilisations, soulignant particulièrement l’importance de la présence des chrétiens, des juifs et des musulmans.

Alors que 10 mois avaient séparés l’annonce de la rencontre d’Assise I, à peine plus de deux mois sont laissés aux organisateurs pour lancer les invitations et préparer le terrain pour le 24 janvier. On affirme au Vatican que ce court laps de temps confirme l’urgence d’une telle rencontre.

Arche spirituelle

Assise est devenue pour Jean Paul II « l’arche spirituelle où se réfugie l’humanité entière », avait un jour relevé le cardinal Etchegaray. En 1993, le pape s’y était rendu pour aller prier pour la paix alors que la guerre des Balkans s’intensifiait. Il avait alors réuni tous les représentants religieux d’Ex-Yougoslavie.

Concernant les doutes et les peurs qu’avait suscité la convocation d’une telle rencontre en 1986, aujourd’hui la situation semble avoir changé. Une rencontre interreligieuse à Assise paraît désormais reconnue par une majorité de catholiques comme une étape historique dans le dialogue avec les autres religions. Les fidèles de Mgr Lefebvre – ayant créé un schisme en 1988, notamment à cause des positions considérées comme étant « trop avancées » du pape en matière de dialogue oecuménique et interreligieux – considèrent toutefois cette nouvelle rencontre comme une autre atteinte aux tentatives de rapprochement avec Rome.

Même si Assise I avait été l’objet d’une organisation laissant parfois à désirer, les organisateurs de la prochaine rencontre ont décidé d’analyser les erreurs passées afin de les éviter le 24 janvier.

Un engagement clair

Interrogé par I’APIC sur les risques de syncrétisme, le cardinal François- Xavier Nguyen Van Thuan, président du Conseil pontifical Justice et Paix et, à ce titre, organisateur principal de la prochaine rencontre, a affirmé que « tous ceux qui se sont inscrits à la rencontre ont conscience qu’ils s’engagent au dialogue et à la collaboration oecuménique et interreligieuse au service de la paix ». « Tout a été fait dans l’organisation pour éviter un risque de fusion ou de mélange des croyances qui seront représentées », a-t- il ajouté.

Concrètement, les organisateurs ont prévu que chaque délégation, au moment de la prière pour la paix, se retire dans des salles attitrées à chacune d’entre elles, au sein du couvent des franciscains. Tout signe religieux comme les crucifix seront préalablement retirés. Chaque représentant religieux pourra ainsi prier selon son rite, dans des salles neutres et distinctes. Jean Paul II présidera la prière des chrétiens dans la basilique Saint-François. « Il s’agira d’être ensemble pour prier et non pas de prier ensemble », a précisé le cardinal Van Thuan.

Condamnation publique de la violence

Les religions se retrouveront en revanche ensemble pour condamner publiquement le terrorisme. Une dizaine de leaders religieux ont écrit une courte déclaration allant dans ce sens, qu’ils liront chacun leur tour dans leurs langues respectives. Jean Paul II lira le dernier. « Jamais plus de violence ! Jamais plus la guerre ! Jamais plus le terrorisme ! Au nom de Dieu que chaque religion porte sur la terre justice et paix, pardon et vie, amour ! », devrait-il déclarer.

Cet acte prendra d’autant plus d’importance que les musulmans inscrits viennent de nombreux pays où les relations interreligieuses sont souvent difficiles. La présence d’évêques catholiques d’Espagne – où sévit l’ETA -, de l’Angola, du Burundi, du Rwanda, du Nigeria, du Soudan, des Philippines, du Sri Lanka, de Colombie, du Pakistan, de l’Indonésie, du Nigéria, d’hindous d’Inde ou encore de juifs de Terre Sainte sera également remarquée. Ce geste en faveur de la paix et contre le terrorisme devrait être le moment le plus attendu de la journée. Il sera suivi par un geste de paix que les participants se donneront, concluant ainsi une rencontre forte en symboles. (apic/imed/pr)

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