France: Le document «Eglise, drogue et toxicomanie» est paru en français

Toxicomanie et suicide renvoient au malaise des jeunes

Paris, 1er février 2002 (APIC) Le manuel de pastorale « Eglise, drogue et toxicomanie », édité par le Vatican le 4 décembre, vient de paraître en français. Il a été présenté à la presse le 31 janvier par Mgr Olivier de Berranger, Mgr Philippe Barbarin, et par le Père Tony Anatrella, qui a dirigé les travaux de recherche. Par ailleurs, le Comité épiscopal pour la santé vient de publier un document de cinq pages intitulé « La prévention du suicide des adolescents »

Les deux documents présentés hier renvoient au malaise profond des jeunes. « Eglise, drogue et toxicomanie », édité par le Conseil pontifical pour la pastoral de la santé, fait la part belle à l’enseignement du pape sur le phénomène de la toxicomanie. Il contient plus de 50 prises de position publiques sur ce sujet. Après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait demandé à l’Eglise une contribution significative, un colloque a réuni à Rome plus de 90 experts. Le présent document s’en fait l’écho.

Mgr Barbarin, président du Comité épiscopal pour la santé, souligne l’importance du chapitre « Devenir libre », qui met l’accent sur la liberté blessée des toxicomanes. Liberté que la foi peut guérir. Quant au chapitre « attitudes pastorales au service de la libération de la personne », il propose une pastorale d’accueil et d’écoute, qui éduque au sens du temps, au sens de la prière et de la vie sacramentelle. Bref, qui propose de découvrir « Jésus qui rend leur dignité aux blessés de la vie ». Et de faire valoir que l’Eglise, à la différence des pouvoirs publics, ne focalise pas son attention sur la plus ou moins grande toxicité des divers produits, mais bien sur l’aliénation subie par la personne humaine dès lors qu’elle a besoin de recourir à l’une ou l’autre drogue pour se sentir exister. Tout comme l’OMS, l’Eglise est hostile à tout projet de dépénalisation des drogues douces, voire à tout discours relativiste « susceptible de favoriser la poursuite de la consommation ».

Consommateurs: de 19 à 43% en 10 ans

Tony Anatrella, qui a dirigé les travaux de rédaction du document original, rappelle que la proportion des jeunes de 15 à 19 ans qui ont recours à l’une ou l’autre drogue est passée de 19 à 43% en moins de 10 ans. De même, l’âge moyen où l’on s’initie aux drogues aurait lui-même considérablement baissé. L’échec des campagnes de prévention est donc patent, souligne le psychanalyste. Le discours ambiant, estime-t-il, tend à substituer des normes sanitaires à des normes morales (la drogue altère la vie psychique, spirituelle et morale) et ne prend pas assez en compte le recours aux drogues en tant que réponse à la crise de l’intériorité. Et de déplorer que l’éducation des jeunes ne leur donne pas une charpente intérieure suffisamment solide ou, même, que « la vie intérieure n’est plus éduquée ».

Le document romain lance donc un appel au sens éducatif des adultes et il pointe du doigt une société en panne de projet et traversée par ce que Jean Paul II a appelé « la culture de mort ». Comment s’étonner dès lors des pulsions et attitudes suicidaires des jeunes?

Suicide: 2e cause de mortalité des jeunes

Avec 1000 cas par an, le suicide des jeunes est la deuxième cause de mortalité des 15-20 ans en France. Le nombre de tentatives de suicide, qui est dix fois supérieur aux suicides réels, est lui-même en augmentation constante. Face à cette situation tragique, le Comité épiscopal pour la santé suggère une attitude sous-tendue par quatre mots : comprendre, déceler, inventer, proposer. Comprendre que le suicide des jeunes est différent de celui des adultes. C’est d’abord un appel pour trouver un chemin de vie. Déceler un faisceau de signes de mal-être indiquant un contexte favorable au passage à l’acte, face auquel il ne faut pas hésiter à recourir au corps médical. Inventer une aide au retour de l’estime de soi tant des jeunes que de leurs parents. Ces derniers ne doivent pas être culpabilisés mais respectés dans l’exercice de leur autorité, à fortiori quand celle-ci est blessée. Enfin oser proposer la foi et faire découvrir qu’avec le Christ, l’on n’est plus seul.

Le document de 1997 relatif à la drogue, publié par la même commission, n’était-il pas plus nuancé quant à la « dépénalisation à priori « du cannabis? Mgr de Berranger, président de la Commission sociale des évêques de France, répond qu’il fait confiance à Mgr Ricard, le président de la Conférence des évêques, pour évoquer sans ambiguïté la position de l’Eglise à ce sujet. Le Père Anatrella souligne pour sa part l’ambiguïté des produits de substitution (guérir de la drogue par la drogue) et rappelle qu’il ne faut pas mettre sur le même plan les consommateurs et les producteurs/vendeurs de drogues.

La commission avait également publié un document sur l’alcool, récemment classée par un rapport du Sénat comme une drogue dure. Le Conseil pontifical pour la pastorale de la santé envisage-t-il de publier un document relatif à la nocivité de l’alcool, en somme une drogue « légale »? Le père Anatrella répond que le présent document rappelle la toxicité du tabac et de l’alcool mais qu’un travail spécifique n’est pas envisagé pour l’heure. Et d’estimer que le cannabis non seulement n’est pas anodin mais plus toxique et invalidant que l’alcool…

« Église, drogue et toxicomanie : manuel de pastorale ». Introduction par Mgr Philippe Barbarin. Une co-édition Bayard/Cerf/ Mame. 270 p., 10 euros.

(apic/jcn/bb)

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