Suisse : De plus en plus de femmes touchées par la pauvreté (300589)
Zurich, 30mai(APIC) En Suisse, des recherches ont montré que 400’000 personnes connaissent la pauvreté et vivent à la limite du minimum vital. Mais
ce sont de plus en plus les femmes qui sont touchées par la détresse matérielle dans notre pays, a révélé Caritas Suisse au cours d’une conférence
de presse mardi à Zurich. Ce sont avant tout les femmes seules avec enfants
et les femmes âgées célibataires ou divorcées qui vivent le plus souvent
dans une situation financière précaire, révèle Caritas dans son étude « Femmes et pauvreté en Suisse ».
Dans les groupes de revenus les plus bas, on compte en effet deux fois
plus de femmes que d’hommes, affirme Caritas dans cette étude effectuée
dans le cadre de son programme de recherche sur la pauvreté en Suisse et en
collaboration avec la Ligue suisse de femmes catholiques. Caritas, par son
action sociale quotidienne, est consciente de la réalité de cette « nouvelle
pauvreté » depuis de nombreuses années déjà.
A l’initiative de la Ligue suisse de femmes catholiques, la Communauté
de travail pour la recherche et l’assistance sociale scientifique, un institut de recherche indépendant à Rüschlikon, a été chargé d’une étude sur
les conditions de vie de femmes en situation de détresse matérielle. 420
cas individuels de femmes à bas revenus de toute la Suisse ont été étudiés.
Caritas, qui a supervisé ce travail avec la Ligue suisse de femmes catholiques, reconnaît que son enquête n’est pas représentative, mais qu’elle est
très significative sur ce que vivent de nombreuses femmes en situation de
pauvreté dans notre pays. 40 % des femmes interrogées ont charge de famille. Les femmes avec un enfant par exemple ne disposent que de 1’073 francs
mensuels. Cela signifie que leur budget, selon les critères établis par la
Conférence suisse pour la prévoyance publique (CSPP), est déjà dans les
chiffres rouges avant même qu’elles aient dépensé quoi que ce soit en matière d’habillement, d’électricité, de transport, d’assurance, de loisir ou
de formation.
Le scandale des bas salaires
Seule une petite partie des femmes pauvres sollicitent une aide sociale,
bien qu’elles devraient normalement recevoir une assistance. Parmi les causes de la pauvreté de nombreuses femmes, il y a le refus de l’ex-mari d’honorer ses obligations d’entretien. La maladie, la fatigue et la dépression
jouent également un rôle non négligeable dans cette situation. Mais l’étude
montre aussi qu’il y a un rapport étroit entre les bas salaires des femmes
et la pauvreté : une telle situation s’explique par le manque de formation
des femmes, mais également par le fait qu’elles défendent moins leurs
droits. Que des femmes qui travaillent à plein temps ne gagnent que 1700
francs par mois est pour Josef Schmid, co-auteur de l’édude, un véritable
scandale et ne peut en aucune manière être justifié par une mauvaise formation. Quand des femmes âgées célibataires, après des années d’activité professionnelle et au bénéfice d’une relativement bonne formation, doivent se
contenter quasiment du minimum vital, cela frise l’exploitation, poursuit
encore Caritas. Le cercle vicieux du petit crédit et la hausse constante
des loyers sont également des causes de paupérisation.
L’oeuvre d’entraide catholique estime que les causes de la pauvreté des
femmes sont d’ordre structurel : on considère que le salaire de la femme
n’est qu’un salaire d’appoint, et que c’est le salaire du mari qui compte.
Les institutions sont de plus pensées en fonction d’une famille « normale »,
complète, et non des familles monoparentales de plus en plus nombreuses.
Pour Caritas, le marché du travail et les prestations et la législation sociales ne prennent pas en compte la réalité actuelle des familles mono-parentales. La réalité de la pauvreté féminine reste cachée : les femmes
pauvres mènent leur vie sans faire de bruit, et elles s’efforcent de cacher
leur situation à leur entourage. La pauvreté reste « honteuse » dans notre
pays.
Concernant les mesures à prendre, Caritas demande que l’on reconnaisse
la diversité des structures familiales et estime que tous doivent avoir
accès à la sécurité sociale. Il faut également mettre sur pied une infrastructure qui permette aux hommes et aux femmes de combiner le travail
et la famille: d’où la nécessité de créer des places de travail plus flexibles et qui tiennent compte des nécessités de la famille. L’aide spontanée
entre les personnes doit être encouragée et soutenue, l’accès aux aides sociales facilité et les femmes doivent être mieux informées sur les droits
et leurs revendications. Caritas et la Ligue suisse de femmes catholiques
vont maintenant faire circuler cette étude parmi leur membres et en tirer
des conclusions pour leurs activités futures. (apic/be)
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