Zimbabwe: Le président Robert Mugabe attaque publiquement l’archevêque de Bulawayo
Harare, 24 février 2002 (APIC) Le président zimbabwéen Robert Mugabe s’est élevé contre Monseigneur Piu Ncube, archevêque de Bulawayo, seconde ville du pays. Le chef de l’Etat l’a accusé de ne pas vouloir coopérer avec le gouvernement dans la gestion de l’hôpital de Lupane. Il a également menacé de mise à ban le principal syndicat du pays, accusé de soutenir l’opposition. Après l’Union européenne, le gouvernement Bush adopte des sanctions contre Harare.
Les sévères propos envers le prélat ont été prononcés par Mugabe lors d’un meeting pré-électoral tenu dans la province de Matabeland, dans laquelle ce dernier ne jouit d’ailleurs que d’un faible soutien. Ils concernent une structure sanitaire se trouvant à près de 150 kilomètres de Bulawayo, dépendante du diocèse et ne pouvant actuellement compter que sur un médecin allemand et sur le personnel infirmier local.
Le président a affirmé que Mgr Ncube « ferait mieux de déclarer quelle est son affiliation politique au lieu de frustrer les plans du gouvernement ». L’archevêque de Bulawayo fait depuis quelques temps l’objet de pesantes observations dans la presse proche du ZANU-PF, le parti du président, qui ne lui pardonne pas ses prises de position contre la corruption et les abus de pouvoir dont le gouvernement se rend coupable. D’autre part, Mgr Ncube est connu pour son engagement en faveur de la défense des pauvres et de la justice sociale.
Mugabe a attribué aux déclarations de l’archevêque le fait que le ZANU-PF, à l’occasion des élections parlementaires de 2000, ait perdu les quelques sièges qu’il occupait dans le Matabeland. « Nous ne voulons pas créer de problèmes avec les hommes de Dieu – a dit le chef de l’Etat – mais je pense que l’archevêque de Ncube a exagéré. S’il continue sur ses prises de position – a-t-il conclu – nous le défierons en tant que politiciens ».
Washington adopte des sanctions contre Mugabe
Après l’Union européenne, c’est au tour de Washington d’imposer des sanctions contre le Zimbabwe. « Le président Robert Mugabe, ses plus proches collaborateurs et leurs familles » ont en effet été mis au ban aux Etats Unis, a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Ari Fleischer. « Au regard de la situation actuelle, les Etats Unis imposent des sanctions ciblées aux membres du gouvernement du Zimbabwe parce que le climat favorable a des procédures électorales transparentes, en vue des présidentielles, a été détérioré » a ajouté Fleischer.
Le Syndicat National des Travailleurs risque la mise an ban
Les représentants des Eglises ne sont pas les seuls dans le collimateur du président Mugabe. Le Syndicat National des Travailleurs du Zimbabwe (ZCTU) risque une mise au ban. C’est ce qu’a déclaré le chef de l’Etat durant un récent meeting électoral tenu à Zvimba, à 70 kilomètres de Harare. Mugabe a accusé le ZCTU d’avoir abandonné son propre rôle d’organisation de défense des travailleurs et d’avoir ouvertement épousé la cause du Mouvement pour le Changement Démocratique (MDC), le plus important parti d’opposition dans le pays.
Il y a quelques jours, Wellington Chibhebhe, secrétaire général du ZCTU, avait exprimé une ferme condamnation des violences politiques qui ont explosé dans le pays. En se montrant très inquiet par le laxisme des agents de police chargé du maintien de l’ordre public, le leader syndical a demandé aux responsable de la préfecture de police d’agir avec fermeté contre les auteurs des violences. Enfin, l’été dernier le syndicat s’était durement opposé à la politique économique du gouvernement. (apic/mna/bb)
webmaster@kath.ch
Portail catholique suisse