ONG locales et internationales impliquées

Exploitation sexuelle d’enfants par des humanitaires en Afrique

Genève, 27 février 2002 (APIC) Le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a fait état mardi de « très nombreux » cas d’exploitation sexuelle d’enfants réfugiés au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone. Ces forfaits auraient été perpétrés par du personnel d’ONG ainsi que de l’ONU, y compris du HCR. A la question de savoir si des organisations suisses sont impliquées dans le scandale, le HCR déclare que « pour l’instant toutes les ONG, locales et internationales, sont mises en question. Le rapport implique également des soldats « de la paix ».

Rendant compte d’une enquête menée conjointement avec l’ONG britannique Save the Children, le HCR précise dans un communiqué publié à Genève, que « beaucoup de ces cas auraient été perpétrés par du personnel local d’ONG nationales et internationales, ainsi que de l’ONU dont le HCR ».

Selon la mission d’évaluation, des membres du personnel humanitaire local masculin auraient monnayé des services en échange de rapports sexuels avec des filles de moins de 18 ans.

Les pratiques d’abus sexuels d’enfants semblent particulièrement courantes dans des lieux où d’importants programmes d’aide sont mis en place, notamment dans des camps de réfugiés en Guinée et au Liberia, a relevé la mission. Dans une « note à l’attention des partenaires opérationnels », elle rapporte également des allégations d’exploitation sexuelle par du personnel international chargé du maintien de la paix, des autorités locales et des chefs de communautés. La mission a cependant souligné qu’elle n’avait pas été en mesure de vérifier ces allégations.

40 jours d’enquête

Le HCR précise que la mission, qui a enquêté sur place pendant 40 jours en octobre et novembre derniers, s’est appuyée « en grande partie » sur des témoignages d’enfants. « En tout, plus de 40 agences et organisations et près de 70 personnes sont citées à travers ces témoignages », ajoute le HCR qui relève « le caractère troublant de ces allégations, l’apparente étendue du problème et la nécessité pour un grand nombre d’agences et d’organisations humanitaires d’intervenir le plus rapidement possible ».

A la question de savoir si des organisations suisses sont impliquées dans ce scandale, Kiris Janowsky, porte-parole du HCR, déclare à l’APIC ne pas être en possession de la liste des ONG concernées. « Pour le moment, assure- t-il, toutes les ONG qui travaillent dans la région sont mises en question ». Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de rendre public le comportement de ces « humanitaires »? Kiris Janowsky explique que l’équipe d’évaluation présente sur le terrain a dans un premier temps voulu tirer au clair la situation. « Le rapport devenant de plus en plus édifiant, et face à la gravité des faits, nous avons décidé de le rendre public. La première évaluation s’étant faite à partir de quelques fuites venant de réfugiés, nous avons voulu d’abord enquêter de manière approfondie avant de mettre l’affaire sur la place publique ».

La mission d’évaluation était composée initialement d’un consultant indépendant, d’un consultant du HCR et d’un membre de Save the Children, rejoints par des employés du HCR et de Save the Children des trois pays cités. Elle avait été mandatée à la suite d’informations venues du terrain faisant état de nombreuses violences contre des enfants et d’abus sexuels dans les camps de la région.

Mission sur place

« Le but premier était de s’adresser aux enfants eux-mêmes et de tenter d’obtenir plus d’informations sur l’étendue du problème », soulignent le HCR et Save the Children. Même si la mission d’évaluation n’a pas été en mesure de mener une enquête plus approfondie, « l’existence d’un grave problème d’exploitation sexuelle nécessitant une investigation poussée et la prise de mesures drastiques ne fait pas l’ombre d’un doute », commentent les deux organisations.

Une nouvelle équipe composée d’enquêteurs spéciaux de l’ONU en provenance de New York, de membres de l’inspection générale du HCR et d’un expert extérieur sur les cas d’abus sexuels d’enfants est déjà sur place pour de nouvelles investigations, tout en veillant à ne pas mettre en danger les enfants concernés.

Parallèlement, le HCR a esquissé un plan d’action d’urgence pour renforcer la protection des femmes et des enfants réfugiés. Celui-ci prévoit des mesures telles que le déploiement d’un plus grand nombre de personnels féminins dans les camps, un meilleur accès des réfugiés aux structures juridiques et un mécanisme pour pouvoir porter plainte auprès des hauts responsables du HCR. (apic/ag/pr)

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