Offrir au monde un autre visage de l’islam

Jordanie: La Conférence chrétienne arabe prend la défense des Palestiniens

Amman, 14 mars 2002 (APIC) La Conférence Chrétienne Arabe en Jordanie et en Palestine, qui a rassemblé un millier de participants à Amman, en Jordanie, veut offrir au monde un autre visage de l’islam et promouvoir la coexistence islamo-chrétienne. Le monde arabo-islamique se sent caricaturé par les stéréotypes et les préjugés occidentaux.

Près d’un millier de participants, dirigeants religieux jordaniens et palestiniens, mais aussi spécialistes et chercheurs on assisté à cette conférence mise sur pied pour former une délégation et un éventuel Forum arabo-chrétien. Elle s’est tenue sous la haut patronage du Roi Abdallah de Jordanie. Il s’agit pour les initiateurs de susciter le dialogue avec l’Occident, mais aussi de contrer la propagande négative contre les Arabes et les musulmans, particulièrement de mode après les attentats du 11 septembre 2001.

« L’islam n’est pas violent, et les Arabes ne sont pas de terroristes »

« L’islam n’est pas violent, et les Arabes ne sont pas de terroristes », a lancé à cette occasion le responsable de la justice en Palestine, Taysser Al-Tammimi. La Conférence a également déploré l’exode forcé des chrétiens de Terre Sainte.

« Nous autres, musulmans et chrétiens de Terre Sainte, nous avons vécu dans l’harmonie et dans la paix dès l’aube de l’islam ». La Conférence, qui s’est déroulée le 11 mars à Amman, sur le thème: « Tous ensemble pour la défense d’une nation », a terminé ses travaux à l’un des moments les plus meurtriers depuis le début de l’intifada palestinienne, il y a 17 mois, qui commença après la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem.

Les participants à la conférence d’Amman ont aussi lancé un appel aux Etats-Unis, à la communauté internationale et aux Nations-Unies pour qu’ils interviennent pour mettre un terme à une situation qui ne cesse de se détériorer dans les territoires palestiniens et en Israël.

Dans son discours d’ouverture, le Patriarche latin de Jérusalem, Mgr Michel Sabbah, a souligné que « les chrétiens en Terre Sainte sont une partie indigène de la société arabe où ils vivent et mènent une coexistence pacifique avec leurs frères musulmans ». De son côté, le Cheikh Izzedine Tamimi, conseiller du roi de Jordanie pour les Affaires religieuses, a souligné la longue et fructueuse coexistence des musulmans st des chrétiens en Jordanie – ils sont 170’000 – et rappelé que les droits des chrétiens sont préservés par la Constitution du Royaume.

Exode forcé des chrétiens, 70% des Palestiniens frappés par la pauvreté

Le phénomène inquiétant de l’exode forcé des chrétiens de Terre Sainte a été analysé par le sociologue Bernard Sabella, du Service des Réfugiés palestiniens au Conseil des Eglises du Moyen Orient (CEMO). Dans une interview à l’agence d’information vaticane FIDES, il a révélé que plus de 280 familles chrétiennes avaient émigré depuis le début de l’intifada Al- Aqsa. Chaque année, plus de 600 chrétiens sont obligés de s’en aller. « Ceci est dû aux difficultés économiques et au manque de stabilité politique ».

Bernard Sabella, qui enseigne à l’Université de Bethléem, affirme que la pauvreté a atteint 43,8% des gens à la fin de 2001 en Palestine, selon des données de la Banque Mondiale, mais des sources palestiniennes affirment que la pauvreté touche 70% environ des Palestiniens. « Si l’émigration se poursuit, la Terre Sainte deviendrait un musée sans vie », lance-t-il. Dans l’ensemble des pays arabo-islamiques- notamment en Egypte, Soudan, Syrie, Irak, Jordanie, Palestine, ainsi qu’en Israël – plus de 4 millions de chrétiens ont émigré, ce qui signifie qu’un chrétien sur quatre de ces pays vit désormais à l’étranger. A Jérusalem-Est, il ne reste plus que 7’000 chrétiens – contre quelque 30’000 en 1948 – , sur une population arabe estimée à 230’000 personnes. Les Arabes ne sont plus qu’un quart de la population du grand Jérusalem. Avec une croissance normale, les chrétiens devraient être aujourd’hui 100’000 dans la ville sainte. En Cisjordanie, la population chrétienne a chuté de 35’000 en 1997 à 25’000 en 2002, tandis qu’à Gaza, elle est passée de 2’500 à 2’000.

Pour le sociologue palestinien, les diverses Eglises et ?uvres d’entraide font des efforts incroyables pour aider les familles chrétiennes à survivre et à protéger leur identité. « Les pays arabes devraient aussi prendre une part plus importante en accordant des aides économiques substantielles aux chrétiens arabes qui vivent en terre Sainte », a-t-il conclu.

Faire face à la désinformation en Occident

Les participants ont également la volonté de faire face à la « désinformation en Occident » sur la situation au Proche-Orient. Selon Saleh Hamarneh, expert jordanien, professeur émérite de l’Université de Jordanie, on assiste à une « campagne occidentale contre les Arabes et contre l’islam ». « Toute attaque contre l’islam est une attaque contre notre héritage et contre notre culture commune, chrétiens et musulmans, et nous y opposerons avec détermination ». (apic/fides/jtimes/be)

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