Bethléem: Attaque de l’armée israélienne contre la basilique de la Nativité
Bethléem, 8 avril 2002 (APIC) L’attaque de l’armée israélienne, lundi 8 avril à 3h du matin, contre la basilique de la Nativité, à Bethléem, a suscité l’indignation des franciscains, qui parlent de « barbarie inouïe » contre un lieu saint. Ils lancent un appel à la communauté internationale et mettent en garde contre les conséquences à long terme de tels actes.
Le raid, qui a commencé vers 3 heures du matin (heure locale), a duré une heure et vingt minutes et a provoqué un incendie dans le complexe de la basilique, l’un des lieux saints les plus importants de la chrétienté. Un Palestinien de 23 ans, Khaled Syam, qui tentait d’éteindre l’incendie dans un bâtiment jouxtant l’église de Sainte-Catherine a été abattu par un soldat israélien.
La communauté franciscaine est indignée, assure le Père David Jaeger, porte-parole de la Custodie des lieux saints catholiques de Terre Sainte. Le religieux de nationalité israélienne et d’origine juive, a déclaré qu’il s’agissait d’une violation de toute norme d’humanité et de civilisation. Il parle de « perfidie du gouvernement israélien » qui avait pourtant assuré qu’il ne serait pas porté atteinte aux lieux saints. « C’est une violation des garanties publiques et diplomatiques explicitement et constamment données par Israël », a-t-il lancé.
Démenti des franciscains: pas de tirs en provenance du complexe de la basilique
Contrairement aux informations en provenance des sources officielles israéliennes et relayées par les médias de l’Etat hébreu, il ne s’agissait pas d’une riposte israélienne à des tirs provenant du complexe de la basilique. « Personne n’a ouvert le feu depuis l’intérieur, il s’agit véritablement d’une attaque israélienne », à déclaré lundi à l’agence d’information missionnaire MISNA le Père Giovanni Battistelli, custode de Terre Sainte à Jérusalem.
Le Père Battistelli a révélé que lundi matin, des responsables religieux qui tentaient de se rendre à Bethléem ont été bloqués par l’armée israélienne. « Ils ont mis comme condition que nous évacuions les religieux du couvent de la Nativité, mais nous avons évidemment refusé, car ils pourraient ainsi attaquer librement », poursuit le Père Battistelli, qui relève que tout le dimanche, les responsables militaires israéliens ont fait pression pour que les franciscains s’en aillent. Les religieux craignent un bain de sang s’ils quittent leur couvent de Bethléem.
Attaque « exécrable » contre un lieu sacré
Les franciscains, qui parlent d’attaque « exécrable » contre un lieu sacré, lancent un appel à la mobilisation de l’opinion publique mondiale. L’attaque israélienne a fait un mort dans les rangs palestiniens, un homme qui tentait d’éteindre l’incendie, selon un communiqué de l’Ordre des Frères mineurs franciscains (OFM). Les franciscains, qui réfutent les allégations israéliennes qui affirment qu’ils sont pris en otages par les Palestiniens, craignent une attaque des unités spéciales de l’armée israélienne qui ont mis en place du matériel dans la cour de la basilique et ont pénétré dans le couvent franciscain. « Ceci confirmerait la tentative de faire passer l’attaque de la Nativité pour une opération de ’libération d’otages’ », lit-on encore dans le communiqué. Une telle opération, craignent les franciscains, peut déboucher sur un massacre, alors que les Palestiniens réfugiés à l’intérieur n’ont pas fait de mal aux occupants du couvent.
Samedi, les soldats israéliens ont ouvert le feu sur le Père Ibrahim Faltas, custode de la basilique de la Nativité. « Quelques centimètres de plus et ils m’auraient tué. Ils m’ont tiré dessus alors que j’ouvrais la fenêtre de la chambre, au couvent ». L’armée israélienne occupe également depuis quelques jours l’Université catholique de Bethléem, qu’elle a transformée en quartier général, selon le vice-recteur, le Père Vincent Malham. Les soldats ont tiré depuis les bâtiments de l’Université, qui avait déjà subi de gros dommages lorsque des missiles filoguidés israéliens avaient visé délibérément cette institution universitaire soutenue par le Vatican.
Dimanche, le couvent des Filles de Sainte Anne à Jénine a essuyé des tirs vers 11h alors que les fidèles assistaient à la messe dans la petite église attenante. Les s?urs – deux Italiennes et une Palestinienne – sont indemnes, ainsi que le curé de Jénine, le Père Alfonso Salah. Les dégâts matériels, par contre, sont importants. (apic/fides/misna/be)
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