Mouvement de protestations de la population

Sénégal: Les casinos populaires et les machines à sous prolifèrent à Dakar

Dakar, 30 avril 2002 (APIC) Les salles de jeux, casinos populaires ou machines prolifèrent désormais à Dakar, suscitant une vague d’indignation tant dans les milieux religieux, qu’au sein de la population. Le mouvement de protestation contre le développement fulgurant, en si peu de temps, de ces lieux de débauche, sans aucune base légale, a amené lundi le gouvernement à ordonner leur fermeture immédiate.

Ce sont les journaux sénégalais « Nouvel Horizon », hebdomadaire et « Sud quotidien » qui ont tiré sur la sonnette d’alarme, en évoquant, à grand trait, ce phénomène. Ils ont accusé une mafia corse, de connivence avec des personnalités influentes du régime, d’être les responsables de ces casinos qui envahissent, depuis quelques semaines seulement, les rues de Dakar et des quartiers populaires de la capitale.

L’Etat a avoué son ignorance sur les conditions d’implantation et d’ouverture de ces « lieux de déperdition, de racolage d’individus de toutes origines, de racket, de violence, de prostitution et facteur aggravant d’une criminalité déjà rampante ». Leur installation et exploitation se sont faites au mépris des textes en vigueur, a souligné le ministère de l’Intérieur, dans un communiqué. « Ni la présidence de la république, ni la primature (les services du Premier ministre) n’ont été saisies de requêtes » sur leur mise en service, a ajouté le texte, tout en ordonnant leur « fermeture immédiate ».

L’autorisation d’ouvrir des salles de jeux et des machines à sous au Sénégal n’est accordée qu’au terme d’une longue procédure d’enquête qui peut durer entre sept et huit ans. En cas d’autorisation d’ouverture, leur accès est interdit aux nationaux.

Les associations et mouvements religieux sénégalais se sont déclarés inquiets de leur prolifération. Ces responsables religieux ont dénoncé le laisser-aller et le laxisme ayant conduit à une floraison de cette « industrie » dans la capitale. « Cela accentue la dépravation des moeurs et appauvrit davantage les masses », a déclaré le chercheur et islamologue sénégalais, Khadim Mbacké, soulignant leurs conséquences sur les enfants mineurs qui sont nombreux à les fréquenter.

Actions « maléfiques »

Le prêtre catholique Jean-Marie Ndour, directeur de la catéchèse de Dakar, a lui aussi rappelé l’enseignement de l’Eglise qui veut que l’homme doit gagner sa vie à la sueur de son front. Tout ce qui est superstition, tel qu’attendre sa chance, rêver sa chance, s’en remettre au hasard « ne réalise pas l’homme ». Les promoteurs de ces jeux font quelque chose de très grave, car ils s’enrichissent en utilisant d’autres personnes, a-t-il poursuivi.

Un autre prêtre de la cathédrale de Dakar, l’abbé Patrice Colly a estimé que même si l’Eglise ne dispose pas de législation ecclésiastique ou de moyens de sanctions pratiques contre les jeux de hasard, elle les considère comme « des actions maléfiques » dont il faut s’en détourner.

Pour Massamba Diop, imam de mosquée à Dakar, qu’il s’agisse de loterie, de PMU (Pari Mutuel Urbain), ou de machines à sous, l’islam bannit tous les jeux de hasard. Il faut régler le problème des jeux de hasard de façon globale. « On ne peut pas autoriser le PMU et interdire les salles de jeux », a-t-il ajouté, en parlant de la légalisation des jeux de loterie et du PMU pour cause de rentabilité financière pour l’Etat. (apic/ibc/pr)

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