Au service d’une société qui a soif de prière

Fribourg: La seule communauté masculine carme de Suisse est implantée à Fribourg

Fribourg, 11 juillet 2002 (APIC) La seule communauté masculine carme de Suisse est à Fribourg. Depuis bien longtemps, plus aucune communautés de Carmes déchaux ne s’étaient implantées dans le pays. Les carmes de Fribourg expliquent qu’ils sont au service d’une société qui a soif de prière.

La toute récente communauté carme de Fribourg compte six religieux de moins de 40 ans sur les sept qui la composent. Elle rayonne depuis 1978, date de sa venue, auprès des jeunes de Fribourg et des environs. « Notre société a soif de prière et de vie silencieuse », affirme le nouveau prieur, le Père Jean Emmanuel de Ena, 35 ans.

Depuis plus de 300 ans, plus aucune communauté masculine de Carmes déchaux n’était implantée en Suisse. En 1978, quelques étudiants carmes venus de Belgique s’inscrivent en faculté de théologie à Fribourg et résident dans une maison sise au Chemin de Montrevers. En 1991, cette communauté devient le couvent Saint-Jean-de-la-Croix, relié à la province d’Avignon-Aquitaine. En 2000, la construction d’une église conventuelle de 50 places, en plus des sièges réservés à la communauté, permet aux carmes de Fribourg d’accueillir plus largement des jeunes et des adultes de la région. « A la messe de dimanche, il n’est pas rare que des participants doivent rester debout au fond de l’église », assure le Père de Ena, de retour de Rome depuis mai dernier.

Aragonais de père et français de mère, Jean Emmanuel de Ena avait poursuivi, entre 1992 et 1998, ses études de théologie à Fribourg avant de devenir assistant et doctorant. Il s’était consacré à cette époque à l’animation de groupes de jeunes, et notamment à l’aumônerie d’une petite communauté laïque appelée la « Frat ». Puis le jeune religieux se rend à Rome où il termine sa thèse de doctorat tout en travaillant à la Maison généralice des Carmes comme secrétaire de langue française. La chapitre provincial tenu début avril le désigne comme prieur du couvent implanté au Chemin de Montrevers. Il remplace le Fribourgeois Denis Chardonnens, nommé professeur au Theresianum à Rome, une faculté de théologie tenue par les Carmes.

« L’oraison et la vie simple attirent les jeunes »

Depuis 1978, la communauté connaît un franc succès notamment auprès des jeunes. Beaucoup d’entre eux se laissent interpeller par les offres d’oraison, d’accompagnement spirituel et d’animation offertes par les Carmes à Fribourg. « Notre spécialité, c’est l’oraison. Et cette forme de prière attire les jeunes », souligne Jean Emmanuel de Ena. D’une trentaine de membres dans deux couvents en 82, la province est passée aujourd’hui à une centaine répartis dans 6 couvents. Selon le nouveau prieur, les postulants sont attirés par la forme de vie simple, discrète et sobre qui caractérise la vie carmélitaine et qui contraste avec le matérialisme ambiant. « Nos choix de vie correspondent aux attentes de beaucoup de jeunes », affirme-t-il.

La communauté offre actuellement un vaste choix d’animations spirituelles: rencontre mensuelle de la Fraternité laïque; groupe d’approfondissement de la spiritualité du Carmel; groupe de jeunes pour la prière, l’enseignement et la fête; école d’oraison; groupe de lecture et de partage sur la Vierge Marie. Au niveau des célébrations, l’offre s’est étendu avec la construction de l’église, rendue possible il y a deux ans grâce au soutien financier de l’Association des Amis des Carmes, présidée par le conseiller communal Jean Bourgknecht. Ainsi, la communauté anime chaque jour quatre prières et célèbre, du lundi au samedi, la messe à 12h20, et la messe du dimanche à 10h.

La prochaine étape dans le développement de la communauté, selon le nouveau prieur, vise un rayonnement plus large que les milieux universitaires et ecclésiaux. Les Carmes projettent de monter une exposition de photos et d’en éditer un livre. (bb)

Encadré:

Les ermites du Mont-Carmel chassés en Europe au 13e siècle

Saint Berthold, mort en 1195, et d’autres pèlerins venus en Terre sainte s’installent au 12e siècle en ermites dans des grottes sur le Mont Carmel près de Haïfa, dans l’actuel Israël, près de la source du prophète Elie. Ils adoptent pour règle de vie: « Méditez jour et nuit la loi du Seigneur et veillez dans la prière ». La spiritualité carmélite prend forme en 1209 avec sa première règle, donnée par le patriarche Albert de Jérusalem, qui impose « la pauvreté la plus grande, la solitude et le régime végétarien ».

A la fin du 13e siècle, chassés par la conquête musulmane, les « Frères de Notre-Dame du Mont-Carmel » se répandent dans toute l’Europe. Ils se donnent pour mission d’être « témoins de la présence de Dieu au milieu du monde ». Une branche féminine est fondée en 1452 par Jean Soreth.

L’Ordre du Carmel vit son âge d’or au 16e siècle en Espagne. Thérèse d’Avila et Jean de la Croix réforment l’esprit de l’Ordre en remettant au centre des communautés carmélites la pauvreté et la vie contemplative. Les religieux ainsi réformés prennent alors le nom de « Carmes déchaux », et portent les sandales de la pauvreté.

Les religieuses carmélites sont actuellement 13’000 à travers le monde, selon l’encyclopédie catholique « Theo ». Les Carmes déchaux sont environ 3’500 et les Carmes dits « chaussés », qui n’ont pas suivi la réforme, près de 2’500.

En Suisse, en plus du couvent masculin de Fribourg, des religieuses carmélites sont installées au Pâquier dans le canton de Fribourg, à Develier dans le Jura et à Locarno au Tessin. (apic/theo/com/bb)

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