« L’Etat investit plus dans le système carcéral que dans l’éducation »
New York, 30 août 2002 (APIC) La justice américaine a la main lourde avec la minorité noire des Etats-Unis: en 20 ans, il y a 5 fois plus de Noirs derrière les barreaux. Le rythme des incarcérations pour des délits qui ne sont pas des crimes violents suit le boom de la construction des prisons. Il y a désormais plus de Noirs en prison chez l’Oncle Sam que de Noirs dans l’éducation supérieure.
« Si nous révélions qu’il y aurait davantage de Blancs de la classe moyenne dans les prisons américaines que dans les institutions d’études supérieures, le président des Etats-Unis serait amené à déclarer l’état d’urgence », relève Vincent Schiraldi, président du « Justice Policy Institute », un institut de recherche de Washington. Ce groupe de réflexion propose des alternatives à l’emprisonnement. Les personnes emprisonnées sont généralement des jeunes issus des milieux pauvres.
En l’an 2000, 791’600 noirs étaient incarcérés dans les prisons américaines, contre 603’032 inscrits dans les Universités et les écoles supérieures. 46 % des prisonniers aux Etats-Unis sont noirs, 36% sont blancs C’est ce que révèle une étude faite par « Justice Policy Institute », dont les résultats ont été publiés le 29 août par le quotidien britannique « The Guardian ».
Relevant le parallèle entre le boom des constructions de prisons aux Etats-Unis, le renforcement de la législation répressive et l’augmentation du nombre d’individus incarcérés pour crimes non violents, l’étude montre qu’en 20 ans, le nombre de Noirs incarcérés a plus que quintuplé. En 1980, 143’000 Noirs se trouvaient incarcérés, tandis que 463’700 étaient aux études supérieures. Au cours de l’année 2000, on est passé à 791’600 Noirs dans les prisons, pour seulement 603’032 inscrits dans les Universités et les écoles supérieures.
Augmentation des dépenses de prisons aux dépens de l’éducation
Durant les vingt dernières années, les dépenses pour les prisons ont augmenté dans le budget national. Elles sont passées de 2,1% à 6,3%, tandis que pour la même période, les dépenses pour l’enseignement supérieur ont baissé de 8% à 4.3%, selon l’étude du « Justice Policy Institute ».
Le nombre total de personnes incarcérées durant la même période a augmenté, passant de 502’000 à 2,1 millions. Pendant ce temps le nombre de personnes inscrites dans les écoles supérieures a augmenté, passant de 12,1 millions à 14,8 millions.
« Il est triste que nos Etats trouvent plus facile de consacrer davantage d’argent aux prisons et à l’incarcération des hommes et des femmes en augmentant de ce fait la spirale de la pauvreté et de la misère, au lieu d’investir dans notre système éducatif afin de créer une spirale positive », a déclaré Hilary Shelton de l’Association nationale pour le Progrès des Personnes de Couleur.
Tood Clear, professeur au centre universitaire de la justice criminelle John Jay de New York, estime que cette étude montre qu’il y a eu une politique d’investissement public beaucoup plus accentuée dans le domaine de la répression plutôt que dans celui de l’éducation des populations concernées. « Elle nous dit que les chances pour un jeune noir d’aller en prison sont aujourd’hui plus grandes que celles d’a d’aller à l’Université, ce qui n’a pas toujours été le cas », ajoute t-il.
Une politique de plus en plus répressive
En considérant les données fournies cette semaine par le gouvernement américain, 46% des prisonniers sont Noirs, 36% sont Blancs, tandis qu’un américain sur 32 est sous contrôle du système correctionnel, que ce soit en prison, en liberté surveillée ou conditionnelle.
« Lorsque les Américains mettent sur pied une politique concernant les prisons, c’est habituellement dans les dix minutes qui suivent un crime véritablement horrible; il nous revient alors, dans les moments de calme relatif, de rappeler au peuple que cette politique a ce prix-là », commente Vincent Schiraldi, président du « Justice Policy Institute ».
L’introduction dans plus Etats américains du système du « three strikes and you’re out », selon lequel vous pouvez être emprisonné à vie pour le troisième délit, a grossi les rangs de la population carcérale américaine. Sous la première administration Bush, les chances d’aller en prison pour un délit de drogue ont ainsi augmenté de 15% à plus de 50%. (apic/guardian/cm/be)
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