Palerme: 2’000 participants au Forum interreligieux de la communauté San Egidio

Message du pape: « Favoriser le dialogue, éviter le syncrétisme »

Palerme, 2 septembre 2002 (APIC) Dans son message pour le 16ème Forum interreligieux de la communauté San Egidio, le pape demande que « l’esprit d’Assise favorise le dialogue et la compréhension mutuelle », mais sans tomber » dans le syncrétisme ou le relativisme ». 2’000 participants de nombreuses religions se sont retrouvés pour cette rencontre annuelle qui se déroule à Palerme du 1er au 3 septembre.

Le Forum rassemble une cinquantaine d’intervenants dont des représentants de nombreuses religions, des intellectuels, des philosophes et des responsables politiques, a pour thème cette année « religions et cultures, entre conflit et dialogue ». C’est le 1er septembre au soir, lors de l’ouverture de ce Forum international que le message de Jean Paul II a été lu aux intervenants et aux 2’000 participants.

Remerciant la communauté de San Egidio pour « le courage et l’audace avec lesquels elle a repris l’esprit d’Assise », le pape a précisé que ces rencontres organisées chaque années dans un pays différent, ont « fait sentir la force de cet esprit ». « Nous sommes appelés à le soutenir et à le diffuser, en parcourant les chemins de la justice et en comptant sur l’aide de Dieu ». Expliquant que « aujourd’hui, vivre de cet esprit est encore plus nécessaire », Jean Paul II a justifié l’organisation de la rencontre qui a eu lieu en janvier dernier à Assise et a ajouté que de Palerme s’élève cette fois, « un nouvel appel pour que tous, responsables, s’engagent pour la justice et une authentique solidarité ». Le message de Jean Paul II était adressé au cardinal français Roger Etchegaray, ancien président du Conseil Justice et Paix, qui participe aux travaux comme une quinzaine d’autres cardinaux.

Dialoguer pour vaincre la peur

Lors de l’inauguration, le fondateur de la communauté, Andrea Riccardi, s’est interrogé sur la possibilité qui existe aujourd’hui d’entreprendre un dialogue et de vaincre les peurs. « Il y a des motifs pour dire que l’heure est venue de se refermer sur soi et de ne pas dialoguer, l’heure du fer et non celle de la main tendue », a-t-il affirmé. Mais pour lui, c’est justement dans cette période que le dialogue devient le plus nécessaire et que les responsables religieux doivent prendre conscience que « les religions ont un rôle décisif pour établir un lien de fraternité entre les peuples ».

Insistant sur un travail nécessaire d’autocritique des religions elles- mêmes, il a souligné que « beaucoup d’hommes cherchent dans les religions des motifs pour élever des murs protecteurs et pour couper des ponts jugés dangereux ». Se disant convaincu qu’il n’existe pas de « déterminisme propre à certaines cultures religieuses qui les conduit nécessairement à l’affrontement avec d’autres religions ou civilisations », Andrea Riccardi a précisé que le vrai problème qui se posait aujourd’hui est celui « des grandes pauvretés des masses et de la paupérisation de l’environnement » et que la volonté des participants est « une dissolution à la base des racines de la violence ».

Durant les trois jours de rencontre, les participants consacrent de longues heures au discussions, non seulement dans des carrefours thématiques, mais aussi, et de manière plus intime, dans les couloirs et les salons de splendides palais palermitains. Si la plupart de ces représentants des grandes religions sont considérés comme « des modérés » chez eux, tous insistent sur l’importance de cette initiative pour initier des conversations et des amitiés, pour apprendre à mieux se connaître et jeter des ponts entre les différentes cultures.

Des exemples éloquents

Lors d’un carrefour organisé lundi 2 septembre sur « Israéliens et Palestiniens, un dialogue pour le futur », les participants dont un ministre d’Etat israélien, Dan Meridor, la déléguée générale de la Palestine en France, Leila Shahid – ont ainsi exposé leurs positions « non pas dans l’opposition, mais dans un vrai dialogue, ce qui est une évolution notable », comme l’a souligné à l’APIC le Père Elias Chacour, lui même intervenant et responsable du collège Mar Elias en Galilée.

Dans un autre carrefour organisé en même temps, des intervenants se sont interrogés sur le caractère inévitable d’un conflit de civilisation après le 11 septembre. Mgr Diarmuid Martin, responsable de la délégation du Saint- Siège au siège de l’ONU de Genève, a ainsi réaffirmé les craintes du Saint- Siège face à une mauvaise interprétation de la lutte nécessaire contre le terrorisme. Pour lui, tout les états sont d’accord pour mener cette lutte, mais il convient avant tout, surtout en ce moment, de bien considérer les racines de cette violence qui sont avant tout le décalage entre le Nord et le Sud et l’accroissement de la pauvreté. « La grande arme de la guerre contre le terrorisme, a-t-il ainsi affirmé, devra avoir pour point de départ la confiance et le respect vis-à-vis des autres peuples et la volonté de les assister pour qu’ils puissent réaliser leur propre destin ».

Dans un autre lieu de carrefour sur « une âme pour l’Europe: chrétiens en confrontation », le Père Vsevolod Chaplin, vice-président du département des relations extérieures du patriarcat orthodoxe de Moscou, est intervenu – sa présence étant déjà un point jugé positif dans le cadre des discussions – pour insister sur la nécessaire liberté des peuples en matière religieuse. Pour lui, il existe une « communion mystique chez les peuples orthodoxes entre foi et nation » et la globalisation qui est « devenue une voie à sens unique entre le Nord et le Sud, entre l’Ouest et l’Est » se fait « dans l’intérêt et sous le contrôle d’une minorité ». (apic/imedia/sh)

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