Rome n’hésite plus à parler de persécution anticatholique

Russie: Expulsion d’un quatrième prêtre catholique de la Fédération de Russie

Rome, 10 septembre 2002 (APIC) L’expulsion de Russie du Père Iaroslav Vichnevski – le quatrième prêtre catholique interdit de séjour dans la Fédération de Russie depuis le début de l’année – a suscité le 10 septembre une réaction très ferme du Saint-Siège. Rome n’hésite plus à parler de persécution, alors que des évêques catholiques russes soupçonnent l’existence de «listes noires» de prêtres «non gratae».

«Il s’agit d’un fait tellement grave que déjà certains parlent d’une véritable persécution», a déclaré mardi Joaquin Navarro-Valls, porte parole du Saint-Siège. Dans un communiqué publié le 10 septembre, suite à l’expulsion d’un quatrième prêtre catholique de la Fédération de Russie, le Père Iaroslav Vichnevski, Navarro-Valls relève un fait «encore plus grave»: le Saint-Siège n’a jamais reçu d’explications officielles sur les motifs qui auraient été à la base de ces expulsions.

Le Père Iaroslav Vichnevski a été bloqué à l’aéroport de Khabarovsk, dans l’Extrême-Orient russe, le 9 septembre et obligé de prendre un vol pour le Japon, le 10 septembre au matin. Ce prêtre d’origine polonaise possédait un permis de séjour en Fédération de Russie où il habitait depuis 1992.

Le pape interpelle Poutine

«Le Saint-Siège s’activera au travers des canaux diplomatiques pour résoudre le problème», a encore ajouté Joaquin Navarro-Valls. Durant la première quinzaine du mois d’août, Jean Paul II a reçu une réponse du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, à la lettre envoyée le 8 mai 2002. Le pape demandait des explications suite aux expulsions de l’évêque du diocèse de Saint-Joseph à Irkoutsk, Mgr Jerzy Mazur, le 19 avril, et du Père Stefano Caprio, le 5 avril.

Dans sa réponse, jugée «non satisfaisante» par Mgr Tadeusz Kondrusiewicz, président de la Conférence épiscopale russe et archevêque du diocèse de la Mère de Dieu à Moscou, Vladimir Poutine a simplement fait part de son incapacité à résoudre le problème car Mgr Mazur avait violé les lois russes.

Pour le président russe, des expulsions justifiées

Selon le quotidien de la Conférence épiscopale italienne, Avvenire, en date du 11 août, citant des sources diplomatiques russes, le président Poutine aurait affirmé que «les retraits des visas n’était pas le fruit d’une campagne contre l’Eglise catholique», mais «des mesure normales» telles qu’elles peuvent être adoptées par un état souverain en face de citoyens étrangers. A la fin du mois d’août, un prêtre d’origine slovaque, le Père Stanislav Krajniak s’était vu refuser le renouvellement de son visa.

Dans une interview accordée à l’APIC et publiée ce lundi, Mgr Joseph Werth, évêque de Novosibirsk, en Sibérie occidentale, n’hésitait pas à parler de «nouvelle vague de persécution» contre les catholiques. D’après une «liste noire» circulant dans les milieux du pouvoir russe, une dizaine de prêtres étrangers devraient encore être expulsés d’ici un certain temps.

L’évêque de Novosibirsk, qui appartient à la minorité nationale allemande déportée sous Staline, montre du doigt la hiérarchie orthodoxe russe. Elle serait derrière la répression anticatholique lancée depuis février dernier. Le président Poutine ne serait pas dupe, mais il se plierait momentanément – par pure tactique – aux injonctions venant du patriarcat de Moscou. (apic/imedia/be)

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