« L’Eglise victime du principe de la performance »
Wittenberg, 20 septembre (APIC) Des voix critiques se sont faites entendre au sein de la Fédération luthérienne mondiale (FLM): l’Eglise est victime du principe de la performance et en vient à oublier de parler de ce qui est le fondement même de l’espérance chrétienne, l’Evangile.
Cette remise en question a été adressée par l’évêque Knuth lors de la dernière réunion annuelle du Conseil de la FLM réuni à Wittenberg, là même où le mouvement de la réforme luthérienne a commencé. La FLM tiendra sa prochaine Assemblée en juillet 2003, à Winnipeg, au Canada et se réunira sur le thème « Pour guérir le monde ». Elle sera l’invitée de l’Eglise évangélique luthérienne du Canada (ELCIC).
Lors de sa dernière réunion avant Winnipeg, le Conseil avait tenu à siéger à Wittenberg, dans l’est de l’Allemagne. « Beaucoup de gens étaient émus de se retrouver dans le lieu », a déclaré le président de la FLM, Christian Krause, à l’issue d’une rencontre de huit jours au lieu qui a vu naître la Réforme, il y a 500 ans. L’évêque Christian Krause a invité les participants à garder la mémoire de la ville de Wittenberg non seulement pour la beauté de ses édifices et de ses monuments, mais aussi pour son importance sur le plan ecclésiastique.
A Wittenberg, trois nouvelles Eglises, situées en Indonésie, en Zambie et au Rwanda, ont été admises, faisant ainsi passer le nombre d’Eglises membres de la Fédération à 136 présentes dans 75 pays.
L’an prochain à Jérusalem ?
Le Conseil s’était trouvé dans l’impossibilité de se réunir, comme prévu, à Jérusalem pour des raisons de sécurité. Il s’est réuni dans la ville où, en 1517, le théologien Martin Luther afficha ses 95 thèses, déclenchant ainsi la rupture des protestants avec Rome.
Au cours de sa réunion, le Conseil a adopté des résolutions exhortant les Etats-Unis à passer par les Nations Unies pour traiter avec l’Irak et, dans le même temps, il a appelé Bagdad à se conformer pleinement aux résolutions des Nations Unies au sujet de l’inspection de ses armements.
Le Comité chargé d’organiser l’Assemblée de la FLM l’année prochaine à Winnipeg a annoncé que l’évêque allemande Margot Kässmann en serait le principal orateur. L’assemblée constitue l’organe de décision suprême de la FLM, forte, au niveau mondial, de 62 millions de membres. L’évêque Margot Kässmann, âgée de 44 ans, préside l’Eglise évangélique luthérienne du Hanovre, comptant 3,3 millions de membres, la plus grande Eglise protestante en Allemagne. Elue évêque en 1999, Margot Kässmann était, dans ce pays, la deuxième femme à accéder à ce niveau de responsabilité.
Jusqu’à début septembre, l’évêque Kässmann siégeait au Comité central du Conseil oecuménique des Eglises (COE). Elle a démissionné en signe de protestation après l’adoption de propositions visant à faciliter la participation des Eglises orthodoxes au COE et portant sur des changements importants concernant le culte et la prise de décision.
Quid de l’Evangile ?
Lors d’un culte célébré dans la « Stadtkirche », église historique de Wittenberg, le pasteur Hans Christian Knuth, évêque président de l’Eglise évangélique luthérienne unie en Allemagne, a exhorté les Eglises à soutenir ce qui est le fondement de la foi chrétienne. « Nous sommes devenus les victimes, au sein de l’Eglise, du principe de la performance et nous ne savons plus parler de ce qui est le fondement, la raison même de notre espérance », a déclaré, lors du culte, l’évêque Knuth aux représentants de la FLM. Dans sa prédication, l’évêque Knuth a affirmé: « Ce qui est théologiquement scandaleux à propos de notre politique dans l’Eglise, ce n’est pas que nous parlions autant sur le plan politique, mais que nous le fassions en termes si légalistes que nous n’évoquons plus l’Evangile de l’espérance, mais seulement les manquements de l’Eglise ». (apic/eni/be)
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