Israël-Palestine: Les enfants pris pour cible d’une manière sans précédent
Londres/Lausanne, 30 septembre 2002 (APIC) Plus de 250 enfants palestiniens et 72 enfants israéliens ont été tués en Israël et dans les Territoires occupés au cours des vingt-trois derniers mois, a dénoncé lundi l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International (AI).
Au moment même où AI publiait son rapport, l’armée israélienne abattait lundi un enfant de 13 ans qui a eu le tort de violer le couvre feu imposé par l’armée israélienne sur le camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse, selon la Radio israélienne.
Dans un nouveau rapport intitulé « L’avenir assassiné: les enfants en ligne de mire », AI montre que des enfants palestiniens et israéliens ont été pris pour cibles d’une manière sans précédent depuis le début de la nouvelle intifada.
Alors que le Comité des droits de l’enfant des Nations unies se réunit mercredi 2 octobre 2002 pour examiner le rapport périodique de l’Etat hébreu, AI appelle à un changement d’état d’esprit chez les Israéliens et les Palestiniens afin d’empêcher que d’autres enfants ne soient tués
Tant les Forces de défense d’Israël (FDI) que les groupes armés palestiniens font montre du mépris le plus total pour la vie des enfants et des autres civils. Le respect dû à la vie humaine doit être restauré. Seul un changement d’état d’esprit chez les Israéliens et les Palestiniens peut empêcher d’autres homicides d’enfants.
L’impunité dont bénéficient des membres des FDI et de groupes armés palestiniens responsables de tels homicides a indubitablement contribué à créer une situation dans laquelle le droit à la vie des enfants et des civils de l’autre camp n’a qu’une valeur minime, sinon nulle.
Assez de raisons et d’excuses inacceptables !
Tant le gouvernement israélien que l’Autorité palestinienne doivent agir rapidement et fermement pour faire la lumière sur chaque homicide d’enfant, et veiller à ce que tous les responsables présumés de ces crimes soient traduits en justice, lance AI dans son appel de lundi rendu public à Londres.
La communauté internationale doit entendre l’appel lancé par Amnesty International et par de très nombreuses autres organisations non gouvernementales (ONG), qui demandent l’envoi d’observateurs internationaux dans la région. Le gouvernement de l’Etat hébreu doit cesser de refuser leur déploiement. Amnesty International estime que si des observateurs avaient été présents dans la région depuis octobre 2000, les vies d’enfants israéliens et palestiniens, ainsi que d’autres civils, auraient peut-être été épargnées.
Homicides d’enfants palestiniens
La majorité des enfants palestiniens tués l’ont été dans les Territoires occupés, lorsque des membres des FDI, l’armée israélienne, ont réagi à des manifestations et à des jets de pierres en faisant un usage abusif de la force meurtrière, au mépris du droit international. 80 enfants palestiniens ont été tués par les FDI uniquement au cours des trois premiers mois de l’intifada.
Sami Fathi Abu Jazzar est mort à la veille de son douzième anniversaire, après avoir été atteint à la tête par un coup de feu tandis que des soldats israéliens tiraient à balles réelles sur une foule composée essentiellement d’élèves d’école primaire. Ces coups de feu ont été tirés à la suite d’une manifestation accompagnée de jets de pierres. Six autres enfants ont été blessés par des tirs à balles réelles au cours de ces événements. Des délégués d’Amnesty International se trouvaient parmi la foule au moment des faits, et ont estimé que les vies des soldats n’étaient pas menacées.
Opérations d’assassinats ordonnées par l’Etat hébreu
Au cours de l’année écoulée, des enfants palestiniens ont été tués lorsque les FDI ont ouvert le feu ou procédé à des bombardements sur des quartiers d’habitation en l’absence d’échanges de tirs, et alors que la vie d’aucun soldat des FDI n’était en danger. D’autres ont été tués dans le cadre d’opérations d’assassinats ordonnées par l’Etat hébreu au cours desquelles les FDI ont détruit des maisons palestiniennes sans avertissement, ou victimes d’obus à fléchettes ou d’engins piégés utilisés par l’armée israélienne dans des zones densément peuplées.
Neuf enfants tués le 22 juillet 2002; pour Ariel Sharon: « une opération très réussie »
Le grand nombre d’enfants tués et blessés et les circonstances dans lesquelles ces homicides ont eu lieu indiquent que les FDI n’ont pris quasiment aucune précaution pour épargner les enfants. Dina Matar, un bébé de deux mois, et Ayman Matar, dix-huit mois, figuraient parmi neuf enfants tués le 22 juillet 2002 lorsqu’un chasseur F-16 des FDI a largué une bombe d’une tonne sur une partie densément peuplée de la ville de Gaza. Cette bombe a fait 17 morts. L’objectif de cette opération était l’élimination d’un responsable du Hamas (Mouvement de la résistance islamique), qui a effectivement été tué.
Le lendemain, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a déclaré que cette attaque était « une des opérations les plus réussies » de l’armée israélienne. Un certain nombre d’enfants palestiniens sont également morts faute d’avoir pu être conduits à l’hôpital ou y arriver à temps, parce qu’ils avaient été retenus à des postes de contrôle des FDI. Au moins trois enfants ont été tués par des colons israéliens. Dans la plupart des cas, les FDI n’interviennent pas pour protéger les Palestiniens contre les colons israéliens, qui commettent des meurtres en toute impunité.
Homicides d’enfants israéliens
Des enfants israéliens ont été tués par des groupes armés palestiniens tant dans les Territoires occupés qu’en Israël. Le premier enfant israélien victime d’un homicide au cours de l’actuelle intifada est mort en janvier 2001 près de Ramallah, dans les Territoires occupés. Environ 70% de ces enfants tués ont été victimes d’attentats-suicides palestiniens, tandis que d’autres ont été tués par des coups de feu et d’autres attentats à la bombe perpétrés contre des voitures ou des bus publics ou des attentats contre colons qui vivent dans les territoires palestiniens occupés.
Depuis 18 mois, les attaques contre les civils israéliens ont connu une nette augmentation et le nombre d’enfants s’est accru parmi les victimes. Uniquement au cours des sept premiers mois de l’année 2002, 36 enfants israéliens ont été tués par des groupes armés palestiniens – 19 en Israël et 17 dans les Territoires occupés.
Le 1er juin 2001, un Palestinien a actionné la bombe qu’il transportait au milieu d’un groupe de jeunes gens qui attendaient devant l’entrée de la discothèque du Dolphinarium, à Tel-Aviv. Douze des 21 personnes tuées étaient âgées de moins de 18 ans. Parmi elles figuraient une adolescente de quatorze ans, Maria Tagilchev, devant l’école de laquelle avait explosé une voiture piégée deux jours auparavant, et Yevgenia Keren Dorfman, quinze ans, qui a subi de graves lésions cérébrales et est morte dix-huit jours plus tard. Les brigades Ezzedine el Qassam, branche armée du groupe islamiste palestinien Hamas, ont revendiqué cet attentat et juré de se livrer à de nouvelles attaques.
Douze personnes ont été tuées et plus de 50 autres blessées par un attentat suicide le 2 mars 2002. L’auteur a fait exploser sa bombe à côté d’un groupe de femmes qui attendaient avec leurs enfants que leurs maris sortent de la synagogue voisine. Parmi les personnes tuées figuraient deux soeurs, Liran et Shiraz Nehmad, âgées respectivement de 2 et 6 ans, ainsi que leurs quatre cousins Lidor et Oriah Ilan, âgés de douze ans et de dix- huit mois, et Shaul et Avraham Eliahu Nehmad, qui avaient respectivement quinze et dix-sept ans. (apic/ai/jpost/be)
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