Les communautés chrétiennes amères
New Delhi, 9 octobre 2002 (APIC) La législation introduite ce dernier week- end dans l’Etat du Tamil Nadu, au sud du pays, qui interdit les conversions par « la force, la persuasion ou des moyens frauduleux » pourrait entraver les activités d’entraide chrétiennes, estiment les responsables des communautés chrétiennes en Inde.
Le gouvernement de l’Etat du Tamil Nadu a déclaré que cette mesure avait été prise pour empêcher les tentatives de « certains fondamentalistes religieux et de forces subversives qui visent à créer des tensions entre communautés au nom de la conversion religieuse ».
Cette mesure fait suite à la conversion au christianisme de 250 dalits – membres de la classe économique et sociale la plus défavorisée – par des évangélistes de l’Eglise adventiste du septième jour, le 24 août à Madurai, seconde ville du Tamil Nadu.
Plusieurs groupes hindous se sont félicités de cette législation d’urgence promulguée le 5 octobre avec effet immédiat qui prévoit une peine de prison pouvant aller jusqu’à trois ans ainsi qu’une amende.
Le Conseil national des Eglises de l’Inde, qui regroupe 29 Eglises protestantes et orthodoxes, a réagi le mardi 8 octobre en avertissant que la loi porte atteinte aux droits constitutionnels et pourrait engendrer un climat de méfiance entre les communautés religieuses.
« A cause de cette loi, il deviendra difficile pour les Eglises du Tamil Nadu et les organisations non gouvernementales (ONG) religieuses d’oeuvrer pour la justice sociale et économique et même pour les actions humanitaires », a déploré le Conseil des Eglises, qui a demandé au gouvernement de l’Etat d’abroger cette mesure.
Le Conseil chrétien de toute l’Inde, qui regroupe des laïcs chrétiens, dit vouloir porter l’affaire devant les tribunaux. « Les différents gouvernements d’Etats qui ont évoqué le spectre des conversions obtenues par la force ou la persuasion n’ont même pas réussi à trouver un seul cas dans le passé », fait-il remarquer.
Préoccupation catholique
« Nous sommes préoccupés. Cette loi pourrait être mal utilisée et entraver l’exercice authentique de la liberté de conscience qui est un droit fondamental », a pour sa part déclaré l’archevêque catholique romain de New Delhi, Mgr Vincent Concessao, vice-président de la Conférence épiscopale.
Pour K. Rajaratnam, secrétaire exécutif de l’Eglise évangélique luthérienne unie de l’Inde et porte-parole du Conseil national des Eglises pour les questions nationales, cette loi est « anticonstitutionnelle, antidémocratique et contraire à la laïcité ». Environ 70% des 24 millions de chrétiens indiens sont des dalits. Selon K. Rajaratnam, de nombreux dalits se sont convertis de l’hindouisme à d’autres religions pour protester contre la discrimination dont ils sont l’objet de la part d’Hindous des castes supérieures. Les Hindous des classes supérieures ne veulent pas que les dalits soient libérés. Ils veulent conserver intacte leur hégémonie eux.
Autre protestation: celle de l’archevêque de Madras et Mylapore, Mgr James Masilamony Arul Das: « Alors que les chrétiens sont au service de la population sans distinction de caste ni de religion à travers ses instituions scolaires, ses hôpitaux et ses organisations sociales, cette ordonnance est une offense à leur bonne volonté et porte atteinte par la calomnie à la pacifique fraternité au Tamil Nadu ». (apic/eni/misna/pr)
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