L’année à venir proclamée « Année du Rosaire »
Rome, 16 octobre 2002 (APIC) Le pape Jean Paul II rappelle l’efficacité de la prière du Rosaire, dans une Lettre Apostolique publiée le 16 octobre 2002, jour anniversaire de son élection, le 16 octobre 1978, sur le siège de Pierre. Dans « Rosarium Virginis Mariae », le pape rappelle la signification propre du Rosaire, qui n’est pas une « pratique aride et ennuyeuse », insiste sur l’importance de s’adresser à la Vierge pour parvenir au Christ, et donne des conseils sur la manière de dire le chapelet. Dans le cadre de sa lettre, le pape Jean Paul II proclame l’année à venir, « Année du Rosaire ».
Divisé en trois parties, le document d’une soixantaine de pages se veut une sorte de ’mode d’emploi’ de la prière du Rosaire. « Dans sa simplicité et sa profondeur, il reste, même dans le troisième millénaire commençant, une prière d’une grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté », souligne Jean Paul II dès le début de sa Lettre Apostolique.
Pour lui, qui confie l’avoir utilisée tout au long de son pontificat, la prière du Rosaire « se situe bien dans la ligne spirituelle d’un christianisme qui, après deux mille ans, n’a rien perdu de la fraîcheur des origines ».
« Moi-même, je n’ai négligé aucune occasion pour exhorter à la récitation fréquente du Rosaire, explique Jean Paul II en introduction à sa Lettre Apostolique. Depuis mes plus jeunes années, cette prière a eu une place importante dans ma vie spirituelle. Le Rosaire m’a accompagné dans les temps de joie et dans les temps d’épreuve, ajoute-t-il. Je lui ai confié de nombreuses préoccupations et en lui j’ai toujours trouvé le réconfort ». En effet, rappelle-t-il, « nous pouvons rassembler dans le Rosaire tous les événements de notre vie individuelle ou familiale, de la vie de notre pays, de l’Eglise, de l’humanité, c’est-à-dire nos événements personnels ou ceux de notre prochain, et en particulier de ceux qui nous sont les plus proches ».
Urgence
A travers ce document, Jean Paul II souligne ainsi « l’urgence de faire face à une certaine crise de cette prière qui, dans le contexte historique et théologique actuel, risque d’être à tort amoindrie dans sa valeur et ainsi rarement proposée aux nouvelles générations ». Précisant que certains « craignent peut-être qu’elle puisse apparaître peu oecuménique en raison de son caractère nettement marial », il insiste sur le fait qu’ »en réalité, elle se situe dans la plus pure perspective d’un culte à la Mère de Dieu ».
Dans la première partie de sa lettre, le pape aborde le sens même de la prière du Rosaire. Même si celle-ci s’adresse directement à Marie, explique- t-il, elle permet de trouver en elle « un modèle indépassable de contemplation du Christ ». « Si la liturgie est l’action salvifique par excellence, précise Jean Paul II, le Rosaire, en tant que méditation sur le Christ avec Marie, est une contemplation salutaire ». Par ailleurs, ajoute-t- il, « il ne s’agit pas seulement d’apprendre ce que nous a enseigné le Christ, mais d’apprendre à le connaître lui. Et quel maître, en ce domaine, serait plus expert que Marie ? ».
Ensuite, le pape en vient à souligner que le Rosaire est à la fois « méditation » et « supplication ». « L’histoire du Rosaire montre comment cette prière a été utilisée, spécialement par les dominicains, dans un moment difficile pour l’Eglise à cause de la diffusion de l’hérésie, rappelle-t- il. Aujourd’hui, nous nous trouvons face à de nouveaux défis. Pourquoi ne pas reprendre en main le chapelet avec la même foi que nos prédécesseurs? Le Rosaire conserve toute sa force, ajoute-t-il, et reste un moyen indispensable dans le bagage pastoral de tout bon évangélisateur ».
L’aspect pratique du Rosaire
En deuxième partie, Jean Paul II annonce son désir de rajouter à la prière actuelle du Rosaire cinq nouveaux « mystères », dits « de lumières » – ou « mystères lumineux » -, s’ajoutant aux « mystères » joyeux, douloureux et glorieux déjà existants. Il s’agit, explique-t-il, de « donner une consistance nettement plus christologique au Rosaire », tout en laissant cet ajout « à la libre appréciation des personnes ». Ces nouveaux « mystère » permettent de prendre en compte la vie publique du Christ, avec le baptême au Jourdain, les noces de Cana, l’annonce du royaume de Dieu avec l’invitation à la conversion, la transfiguration et enfin, l’institution l’Eucharistie. « Cet ajout a pour but de placer cette prière dans la spiritualité chrétienne avec une attention renouvelée », explique-t-il dans sa Lettre Apostolique, précisant que même si ces cycles de méditation proposés par le Rosaire ne sont pas exhaustifs, « ils rappellent l’essentiel, donnant à l’esprit le goût d’une connaissance du Christ qui puise continuellement à la source pure du texte évangélique ».
La troisième et dernière partie de la Lettre Apostolique traite de l’aspect pratique de la prière du Rosaire. La méthode caractéristique de cette prière – dix « Ave Maria » sont répétés à chaque mystère -, favorise « l’assimilation des mystères du Christ », peut-on lire dans le document. « Si l’on s’en tient à cette répétition d’une manière superficielle, précise-t- on toutefois, on pourrait être tenté de ne voir dans le Rosaire qu’une pratique aride et ennuyeuse ». C’est pourquoi Jean Paul II met en garde contre « des modalités parfois plus attractives » dans les autres religions, faisant en particulier allusion à certaines spiritualités orientales. « Même si elles ont des éléments positifs et parfois compatibles avec l’expérience chrétienne, elles cachent souvent un soubassement idéologique inacceptable, explique le pape.
Points de repères
Ainsi, rappelle-t-il, « en tant que méthode, le Rosaire doit être prié en relation avec sa finalité propre et il ne peut pas devenir une fin en soi ». Déplorant en particulier le risque que le chapelet en tant qu’objet ne devienne lui-même « une amulette ou un objet magique », Jean Paul II insiste pour que « la répétition se nourrisse du désir d’être toujours plus pleinement conformé au Christ ». « C’est là le vrai programme de la vie chrétienne ».
Le pape donne ensuite quelques points de repères, soulignant notamment l’importance, au cours d’une prière du Rosaire, de la présence de la parole de Dieu, d’un moment de silence, ou encore de prières « destinées à obtenir les fruits spécifiques de la méditation des mystères ». Concernant la répartition dans le temps du Rosaire, Jean Paul II propose un « programme » hebdomadaire pour ceux qui n’ont pas le temps de réciter cette prière intégralement chaque jour. Le lundi et le samedi seraient ainsi consacrés aux « mystères joyeux », le mardi et le vendredi aux « mystères douloureux », le jeudi aux « mystères lumineux » et le dimanche aux « mystères glorieux ».
En conclusion, le pape revient sur l’importance de la prière du Rosaire à laquelle l’Eglise « a toujours reconnu une efficacité particulière ». Il insiste en particulier pour qu’elle soit récitée dans les familles. « On peut objecter que le Rosaire apparaît comme une prière peu adaptée au goût des adolescents et des jeunes d’aujourd’hui », explique-t-il, précisant que « l’objection vient peut-être d’une façon de le réciter souvent peu appliquée ». Il invite alors les parents à des « aménagements possibles » de cette prière, « étant sauve sa structure fondamentale ». « Pourquoi ne pas l’essayer ? », conclut-il. (apic/imedia/pr)
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