Le regard protestant sur l’actualité depuis 1945
Paris, 16 octobre 2002 (APIC) Lancé en 1945, l’hebdomadaire protestant français « Reforme » a fêté la semaine dernière son 3’000e numéro. Organisé sous forme d’association, le journal tient à préserver, pour l’avenir, son actuelle indépendance vis-à-vis des Eglises et des groupes de presse.
Malgré un tirage modeste de 7’500 exemplaires, « Réforme » est considéré en France comme le journal protestant de référence. « Le protestantisme français, pour son témoignage dans la société, ne pourrait se passer d’un canal comme celui que lui offre le journal Réforme », souligne Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France.
Plusieurs personnalités rendent hommage à l’hebdomadaire dans les colonnes de son 3’000e numéro. « Que ce soit pour les crises majeures que le monde traverse, comme le conflit israélo-palestinien, les limites de la mondialisation ou les enjeux de l’élargissement de l’Union européenne, « Réforme » nous rappelle les grands défis de notre siècle qui doivent nous faire sortir de notre frilosité et de nos égoïsmes », écrit l’ancien Premier ministre Michel Rocard.
En collaboration avec des journaux régionaux protestants – entre autres « La Voix protestante » en Ile-de-France, « Réforme » a choisi de traiter le thème de l’autorité pour ce numéro anniversaire. « En France, lors des dernières élections, le débat a beaucoup porté sur l’insécurité. En choisissant le thème de l’autorité, l’équipe de Réforme a voulu reprendre cela en l’approfondissant », explique, Laurent Gagnebin, directeur de « Réforme », dans un entretien accordé à l’Agence oecuménique ENI.
Comme beaucoup de titres de la presse française, « Réforme » a été créé à la Libération par des protestants proches de la Résistance parmi lesquels le pasteur Albert Finet, gaulliste, nourri de la pensée du théologien Karl Barth. « Sa spécificité est d’être un hebdomadaire d’informations générales et non pas uniquement religieux. Il permet de porter un regard protestant sur l’actualité », analyse de son côté le sociologue Jean-Paul Willaime, président du conseil d’administration de « Réforme ».
Equilibre économique fragile
Malgré une réputation de qualité et plus d’un million de protestants en France, « Réforme » est vendu uniquement sur abonnement. Il n’a jamais pu dépasser, en tirage, les 10’000 exemplaires. L’équilibre économique du journal, sans lien financier avec des Eglises ou des groupes de presse, demeure par conséquent fragile. Confrontée à une dilution de l’identité religieuse, la presse confessionnelle, y compris catholique, très prospère dans les années soixante, cherche actuellement un deuxième souffle.
Quelques échanges informels ont eu lieu, l’an dernier, avec le groupe catholique Bayard-Presse, sans aboutir à un rapprochement. « Notre volonté est de maintenir un hebdomadaire indépendant », commente Jean-Paul Willaime. Pour lui, il est important, pour la démocratie, que la presse d’opinion continue d’exister. « Les différents groupes religieux ont à manifester leur présence dans l’espace public ». (apic/eni/pr)
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