Irak: Le Père Benjamin monte au créneau contre la dialectique hypocrite de Bush

« Rien à voir avec l’éthique chrétienne »

Bagdad, 18 octobre 2002 (APIC) Le Père Jean-Marie Benjamin, prêtre français et président du « Comité pour l’Irak », dénonce l’hypocrisie de la dialectique de Washington, qui n’a « rien à voir avec l’éthique chrétienne ». Dans une déclaration faite de Bagdad à l’Agence Misna, le prêtre s’insurge: « Comment peut-on arrêter un président tel que George W. Bush, qui demande au Congrès d’avoir recours à la force contre Saddam Hussein, pour ensuite se faire filmer à la sortie de la messe ».

« Nous voulons faire passer un message au nom des Eglises chrétiennes et des orthodoxes d’Europe et d’Orient mais également des chrétiens arabes: nous voulons témoigner notre solidarité envers le peuple irakien », déclare le Père Jean-Marie Benjamin, contacté par téléphone à Bagdad.

« Aujourd’hui plus que jamais, les frères chrétiens et musulmans doivent être unis pour éviter une guerre contre la population de ce pays. Je dénonce l’hypocrisie de la dialectique de Washington, qui n’a rien à voir avec l’éthique chrétienne ». Le prêtre, auteur d’un film et d’un livre sur l’Irak, estime que Bush amène ainsi de l’eau au moulin de l’extrémisme, qui voit ce conflit comme une guerre sainte » déclare le prêtre, qui oeuvre depuis des années auprès des victimes de la guerre du Golfe, en particulier pour faire connaître les effets irréversibles de l’emploi des bombes à l’uranium enrichi par l’Alliance anglo-américaine en 1991.

L’extrémisme alimenté

« Les Etats Unis ne se rendent pas compte qu’ils risquent de faire exploser la colère des pays musulmans » ajoute le prêtre, « mais pas seulement dans le monde arabe. Je pense également au Pakistan à – où des chrétiens se font massacrer depuis le 11 septembre -, ou à l’Indonésie » – avec notamment le terrible attentat de Bali -. Cette responsabilité n’appartient d’ailleurs pas qu’au peuple des Etats-Unis, précise le Père Benjamin, mais au groupe dirigeant qui agit selon une logique de guerre et de violence ».

Aux côtés du prêtre aujourd’hui à Bagdad figurent également l’ancien évêque latin de Jérusalem, Mgr Ilarion Capucci, l’évêque d’Antioquia et vicaire patriarche de Damas, Mgr Luca Kouri, et le fondateur et président d’ »Emergency », Gino Strada.

Selon le prêtre français, « plus de 200’000 chrétiens arabes ont quitté l’Irak au cours de ces douze dernières années parce que l’on assiste à une montée de l’extrémisme musulman ». Mgr Capucci a insisté sur les terribles souffrances subies par la population « à cause de l’embargo imposé à l’Irak, qui est à l’origine de la mort de millions d’Irakiens, enfants et adultes, à cause du manque de nourriture et de médicaments ». Un constat qui tranche avec celui fait par un envoyé spécial d’une chaîne de TV française, réducteur à souhait. (apic/misna/pr)

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