1.1.1.3 Lausanne: Pour le pasteur Jean Claude Basset, l’islam peut être «euro-compatible»

1.1.1.3.1 Un avocat du dialogue avec les musulmans au Café théologique

Lausanne, 29 novembre 2002 (APIC) L’islam n’est pas monolithique, et certains de ses courants peuvent cohabiter avec les valeurs européennes. L’islam peut également être « euro-compatible » et s’adapter aux normes européennes de démocratie, de tolérance et de liberté, a constaté le pasteur genevois Jean-Claude Basset, lors du dernier « café théologique » qui a réuni près d’une centaine de personnes au café Milan, à Lausanne.

Alors que les discussions s’enflamment sur l’acceptation ou non d’un pays musulman au sein de l’Union européenne – Valéry Giscard d’Estaing est opposé à l’adhésion de la Turquie à l’UE -, Jean-Claude Basset se fait l’avocat du dialogue avec les musulmans. Il rejette l’idée que tous les musulmans sont absolument intolérants: « Combien de fois les musulmans ont accueilli les juifs persécutés en Europe? », interroge-t-il. Ils se sont souvent montrés plus tolérants que les chrétiens censés suivre le modèle du Christ.

Pasteur, animateur de la plate-forme interreligieuse à Genève, chargé de cours de science des religions et d’islamologie à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Lausanne, Jean-Claude Basset a lui- même côtoyé les musulmans lors de séjours à l’étranger, notamment en Iran. Dans sa conférence donnée le 26 novembre à Lausanne, Jean-Claude Basset n’hésite pas à rassurer: l’islam peut être « euro-compatible ». Il invite les uns et les autres à passer des slogans aux valeurs qui sous-tendent les attitudes islamiques.

L’islam, estime encore l’orateur, peut bien cohabiter avec les valeurs occidentales. Comme les autres religions d’ailleurs, la religion musulmane n’est pas un bloc monolithique. Certes, un islam officiel lié à un Etat, comme celui d’Arabie Saoudite par exemple, ou l’islam militant qui prône le recours à la violence, ne sont pas « euro-compatibles », comme l’est en revanche l’islam mystique ou spirituel, dans sa manière de vivre la foi. Il existe également un islam moderniste qui a adopté les valeurs de la modernité. Fruit de la rencontre avec l’Europe, il est donc mieux vécu en Europe.

L’islam n’est pas statique

D’autre part, relève le pasteur genevois, ce ne sont pas seulement les immigrés arabes qui sont musulmans: on rencontre de plus en plus de musulmans parmi les européens. Cela signifie que certains Occidentaux comprennent déjà que le message islamique et son application n’ont pas cessé d’évoluer. « Je dirais, fait remarquer le spécialiste de l’islam, que c’est un des intérêts de l’histoire des religions que de prendre un peu de distance par rapport à une vision statique. Se garder de dire par exemple, l’islam c’est. Il nous faut essayer de renoncer à une sorte de caricature. »

En compagnie du pasteur, le Tunisien Mostari ben Nasr, diplômé des Universités de Zeitouna (Tunisie) et Lausanne, indique pour sa part que la source principale de l’islam est le Coran. La tradition représente la deuxième source, tandis que la troisième source provient des efforts des savants et des simples musulmans. Il s’agit de l’interprétation personnelle du Coran tant dans un territoire islamique qu’à l’étranger. Se posant la question de savoir si l’Europe elle-même est compatible avec l’islam, Mostari ben Nasr revient sur l’histoire du christianisme et de l’islam. Au 14eme siècle, les 3 religions monothéistes cohabitaient en Espagne. « Des mobiles politico-économiques ont inversé les choses, surtout avec le conflit israélo-palestinien », laisse entendre le Maghrébin. Si la cohabitation n’est pas possible dans certains pays comme l’Arabie Saoudite, elle est bien possible dans certains autres comme l’Algérie ou la Tunisie. Et de relever que l’Europe, elle non plus, n’est pas toujours tolérante: « il faut se demander pourquoi on accuse seulement le monde arabe de ne pas séparer la religion du pouvoir, alors qu’en Grèce, il n’y a pas de séparation de l’Eglise et de l’Etat non plus ».

Le pasteur Jean-Claude Basset, comme le Tunisien Mostari ben Nasr, recommandent d’abandonner une attitude de condamnation afin de pouvoir partager au moins un certain nombre de valeurs communes. « Seul le dialogue de religions peut débloquer la situation. »

Le « café théologique », fruit d’une initiative oecuménique originale

Fruit d’une initiative oecuménique originale, le « café théologique » se déroule désormais tous les derniers mardis du mois dans un restaurant lausannois. Il s’agit, au-delà de l’esprit de clocher confessionnel, d’offrir à toute personne en quête de sens un lieu d’écoute et de partage où l’on ose parler de Dieu. Il est organisé conjointement par les services de formation d’adultes des Eglises catholique et protestante de Lausanne, qui veulent créer un lieu d’échange libre, non confessionnel et non prosélyte. L’occasion sert aussi à affirmer que l’être humain , de par sa composante spirituelle, a un rôle décisif à prendre dans la mise en place d’une société où la vie soit bonne pour tous. (apic/dng/be)

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