Grèce: Une icône réputée «miraculeuse» attire une foule de pèlerins

Un évêque orthodoxe accuse l’Eglise d’encourager l’idolâtrie

Athènes, 10 décembre 2002 (APIC) Alors que des milliers de fidèles se pressent depuis des jours devant la cathédrale d’Athènes pour vénérer une icône présentée comme « miraculeuse », un évêque orthodoxe grec a accusé l’Eglise d’encourager « l’idolâtrie » en présentant des reliques dans le seul but de « remplir ses caisses ».

« Quand un fidèle s’identifie à une icône, c’est de l’idolâtrie (…), il s’agit d’une foi malade », a ainsi affirmé le bouillant évêque de Ioannina (nord-ouest) Mgr Théoklitos, connu pour ses prises de positions libérales, en totale opposition avec celles du chef de l’Eglise, l’ultra-conservateur Mgr Christodoulos.

« Et nous en sommes les responsables, car nous encourageons l’idolâtrie lorsque nous présentons les reliques des saints pour remplir les caisses de l’Eglise », a ajouté le prélat dans un entretien accordé au grand journal « Ta Nea ». Pour l’évêque, « les saints ne sont pas des marchandises ». Il est d’accord pour honorer les reliques religieuses, mais exhorte les fidèles à ne pas mettre un sou dans les troncs des églises.

La polémique s’est envenimée avec la réponse de Mgr Christodoulos qui a accusé Mgr Théoklitos de « protestantiser dangereusement ». « La référence aux caisses des églises provient d’un populisme non dissimulé auquel ont souvent recours les rationalistes, ceux qui ont du mal à interpréter la foi chaleureuse et sincère des hommes », avaient auparavant indiqué les services de Mgr Christodoulos dans un communiqué.

Lundi, plusieurs centaines de fidèles, des femmes surtout, se pressaient en rangs serrés autour du parvis de la cathédrale pour pénétrer dans l’église et se prosterner devant l’icône et un fragment du bois sacré de la Croix du Christ. L’affluence se poursuit sans discontinuer depuis une semaine. « Cette manifestation populaire et dynamique n’est pas une manifestation conservatrice et rétrograde, mais prouve le besoin que le peuple a de trouver refuge dans la foi », avait assuré Mgr Christodoulos lors de l’inauguration de cette exposition.

120’000 visiteurs et presque autant de donateurs

Selon la police, citée par le journal Elefthérotypia, 500 personnes par heure environ passent devant l’icône, c’est-à-dire 12’000 personnes par jour. Au total, 120’000 devraient ainsi défiler pendant les 10 jours de la manifestation. Comme la plupart des fidèles font un don à cette occasion, l’affaire pourrait se transformer en une source de revenus non négligeable.

Avant leur arrivée à Athènes, l’icône et le fragment du Bois sacré de la Croix du Christ provenant de l’église de la Résurrection de Jérusalem, avaient été exposés à l’église Sainte-Sophie de Salonique, la métropole du nord du pays. Près de 1,5 million de pèlerins seraient venus la vénérer, selon le bureau du patriarcat de Jérusalem à Athènes, un chiffre jugé exagéré par les observateurs. Datant du XVIe siècle, l’icône a été restaurée à la fin du XIXe par un moine russe du monastère russe Sainte Madeleine à Jérusalem, qui aurait vu en rêve la Vierge lui demander de peindre une icône à son image. (apic/ag/bb)

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