Irak: Le nouvel évêque de Bagdad qualifie les sanctions «d’arme de destruction massive»

Déjà un million de morts dans l’indifférence médiatique

Bagdad, 13 janvier 2003 (APIC) Le nouvel évêque auxiliaire de Bagdad qualifie les sanctions imposées à l’Irak « d’arme de destruction massive ». Mgr Andraos Abouna est un évêque chaldéen catholique ordonné par le pape Jean Paul II le 6 janvier à Rome en compagnie de onze autres candidats. Le prélat a déclaré dans une interview à l’hebdomadaire américain « The National Catholic Reporter » que les sanctions de l’ONU durcies sous la pression américaine avaient déjà fait un million de morts.

Mgr Andraos Abouna, un évêque âgé de 59 ans, originaire de la ville de Zakho, tout au nord de l’Irak, estime que ces sanctions ne sont rien d’autre qu’une autre forme de la guerre, une sorte d’arme de destruction massive des populations. « Il n’est pas juste de tuer des gens de cette manière », a-t-il lancé. Le nouvel évêque chaldéen a exprimé sa gratitude pour les appels constants du pape Jean Paul II en faveur d’une solution pacifique du conflit irakien.

Le prélat irakien s’est dit forcé de constater que les hommes politiques ne se soucient guère de ce que disent les responsables religieux: « Les politiciens ont leurs propres intérêts, souvent des raisons économiques », déplore-t-il. Durant les bombardements alliés sur Bagdad, lors de la 1ère Guerre du Golfe, le prêtre chaldéen se trouvait dans la capitale irakienne, non loin d’un abri de la protection civile pris pour cible par les avions américains. La destruction de l’abri PC d’al-Amiriya, près de son église paroissiale, le 13 février 1991, a coûté la vie à près de 800 civils, en majorité des femmes et des enfants. Le Père Andraos Abouna, qui a étudié et travaillé dans le domaine pastoral aux Etats-Unis, notamment à San Francisco et Detroit, ne comprend toujours pas pourquoi les Américains ont frappé un abri antiaérien visible de tous.

Le pape aurait l’intention d’envoyer le cardinal Etchegaray à Bagdad: démenti

Selon la presse italienne, le pape aurait l’intention d’envoyer à Bagdad et à Washington de hauts responsables de l’Eglise, dont le cardinal Roger Etchegaray et l’ancien observateur du Saint-Siège à l’ONU, l’archevêque Renato Martino, dans le but d’éviter la guerre. Le quotidien romain « Il Messaggero » spéculait lundi sur une telle éventualité au cas où la situation deviendrait plus critique au Moyen-Orient. Les deux prélats, interrogés lundi par l’APIC, ont démenti avoir été nommés pour une telle mission, mais ils se mettraient à disposition si leur pape en faisait effectivement la demande.

Pour sa part, Mgr Shlemon Warduni, évêque auxiliaire de Babylone des chaldéens, à Bagdad, a déclaré sur les ondes de Radio Vatican que les raisons réelles de l’attaque contre l’Irak sont le désir de l’Occident de s’emparer du pétrole irakien. La guerre, a-t-il souligné, aura un effet dévastateur sur le pays, spécialement parce que la population est déjà très affaiblie par plus d’une décennie de sanctions de l’ONU.

« Nous ne comprenons pas cette guerre. Elle menace nos enfants, nos personnes âgées, nous malades et nos jeunes, qui ne savent rien de leur avenir depuis 12 ans », souligne-t-il. Une guerre contre l’Irak, selon des estimations de l’ONU publiées en décembre dernier, pourrait faire un demi million de morts civils et plusieurs millions de réfugiés. (apic/kna/cic/imedia/cns/be)

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