Les » pistoleiros » font encore le « travail » des gros propriétaires
Rio, 17 janvier 2003 (APIC) Nouvelle violence au Brésil contre un leader indigéniste. Marcos Veron, 70 ans, a été battu à mort et jeté sur le bord de la route. Il était l’un des plus importants dirigeants de l’ethnie Guaraní-Kaiowá du Brésil.
Lundi matin, rapporte l’Agence Misna, un groupe de « pistoleiros », chiens de garde de gros propriétaires fonciers, a fait irruption dans le camp indigène des Guaraní-Kaiowá, en lutte depuis 50 ans pour la démarcation des territoires Taqara, à Juti (Mato Grosso do Sul), qui leur ont été soustraits par des éleveurs de bétail.
Plusieurs Indiens ont été blessés mais l’agression a été fatale pour Marcos Veron. Depuis quelques mois, la communauté de Veron vit en bordure d’autoroute. Ses membres ont tenté de récupérer une partie de leurs terres ancestrales mais ils ont été chassés par la police armée et par les soldats.
Il y a exactement deux ans, Veron avait fait une tournée en Europe pour promouvoir les « Déshérités », le dossier publié par « Survival International » sur la condition des indigènes au Brésil. « Les éleveurs nous tirent dessus, brûlent nos maisons et tuent nos enfants. Ils sont en train d’essayer de nous anéantir.c’est pourquoi nous devons faire le tour du monde, pour réclamer nos droits », avait dénoncé le leader indigène.
La perte de pratiquement toutes leurs terres a mis en crise la société Guaraní-Kaiowá: actuellement, elle connaît le taux de suicide le plus élevé du monde. Durant la brève réoccupation de leurs terres ancestrales, Veron avait déclaré: « Ceci est ma vie, ceci est mon âme. Si vous m’enlevez cette terre, vous me ferez mourir ».
Incroyable taux de suicides des jeunes
« Les paroles de Marcos se sont prophétiquement et tragiquement avérées » a déclaré le directeur de Survival, Stephen Corry, « la terrible situation dans laquelle vivent les Guaraní-Kaiowá et de nombreuses autres tribus du Brésil, privées de leurs terres, est le problème le plus urgent que devra affronter le nouveau président du pays ».
Entre 1986 et 1999, 304 Guaraní se sont suicidés. En 1995, on a enregistré un suicide par semaine. La majorité des personnes sujettes au suicide sont des jeunes et des enfants: depuis 1992, 26 enfants de moins de 14 ans se sont empoisonnés, pendus ou tués d’un coup de fusil. La plus jeune n’avait que 9 ans.
Bien qu’étant l’un des groupes indigènes les plus nombreux du Brésil (30’000 personnes), le groupe Guarani a perdu 95% de ses terres en 200 ans. C’est parce qu’ils sont sans terre que les membres de cette communauté se suicident et souffrent de malnutrition dans l’indifférence générale.
Depuis plus de 30 ans, Survival International oeuvre pour sauvegarder les droits des peuples tribaux menacés un peu partout dans le monde et pour les aider à résoudre les problèmes causés par l’invasion des étrangers qui veulent s’approprier leurs terres et leurs ressources.
Aucune réaction n’a pour l’instant été enregistrée du côté de la présidence du Brésil à ce nouveau meurtre. (apic/misna/pr)
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